Corruption au Kenya : 3 milliards de Ksh gaspillés quotidiennement selon la KAM
La corruption au Kenya continue de saper les efforts de développement économique, avec une perte quotidienne estimée à 3 milliards de Ksh selon la Kenya Association of Manufacturers (KAM). Cette somme faramineuse, provenant des taxes des citoyens, pourrait être utilisée pour stimuler la production industrielle, créer des emplois et renforcer les initiatives de promotion des produits locaux.
Lors d’une récente consultation sur les réformes fiscales proposées par le ministère du Trésor, des organisations clés, notamment la Law Society of Kenya (LSK), Safaricom, American Towers Kenya et l’Alcohol Brewers Association of Kenya (ABAK), ont dénoncé l’impact des nouvelles taxes envisagées sur les citoyens ordinaires (mwananchi). Ces groupes plaident pour une approche réfléchie et équilibrée avant toute mise en œuvre.
Une gestion publique déficiente
Bharat Shah, expert en commerce et représentant de la KAM, a souligné l’ampleur des pertes liées à la mauvaise gestion et à la corruption, déclarant :
« Le Trésor parle de 2 milliards de Ksh, mais en réalité, c’est 3 milliards que nous perdons chaque jour en raison de gaspillage des ressources publiques. »
Ces fonds, qui pourraient être injectés dans des infrastructures essentielles et des secteurs clés, comme le manufacturier, disparaissent dans des circuits opaques. Ce manque de transparence compromet gravement les ambitions industrielles du pays, notamment à un moment où le coût des matières premières atteint des niveaux préoccupants.
Une fiscalité jugée excessive
Outre la corruption, les acteurs du secteur manufacturier ont tiré la sonnette d’alarme sur les lourdes charges fiscales et le coût exorbitant des matériaux industriels, qui freinent l’industrialisation. Shah a averti que :
« Avec des taxes aussi élevées, les industries risquent de fermer. Cela mettrait en péril l’économie et aggraverait le chômage. »
De son côté, Cynthia Koech, experte fiscale chez Safaricom, a critiqué certaines dispositions fiscales qu’elle juge inappropriées :
« Certaines dépenses que nous engageons ne devraient pas être classées comme fiscalement admissibles. »
Des appels à l’action
Face à ces défis, les acteurs économiques appellent à une réforme en profondeur du système fiscal et à un engagement plus ferme contre la corruption. La priorité, selon eux, devrait être donnée à une utilisation responsable des ressources publiques, à la réduction des coûts de production et à la création d’un environnement propice au développement des industries locales.
Si ces recommandations restent lettre morte, le Kenya pourrait non seulement voir ses ambitions de croissance économique compromises, mais également risquer une aggravation des inégalités sociales, causée par un système fiscal de plus en plus contraignant pour les citoyens et les entreprises. Une action concertée et stratégique est indispensable pour transformer les pertes en opportunités.