Une réunion cruciale au Conseil de Sécurité : Débat sur l’avenir de la MMAS en Haïti
Cette dernière rencontre permet de constater les tensions entre une communauté internationale partagée entre interventionnisme et scepticisme, et un pays plongé dans une crise multidimensionnelle. L’avenir du MMAS et de la stratégie internationale en Haïti reste incertain, alors que la situation sur le terrain se dégrade rapidement.
Le 20 novembre 2024, le Conseil de sécurité des Nations Unies a tenu une réunion exceptionnelle pour examiner la proposition du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) en Haïti, visant à transformer la Mission Multinationale de Soutien (MMAS), sous commandement kényan, en une Mission de maintien de la paix dirigée par les Casques bleus. Cette initiative suscite de vifs débats, notamment en raison de l’opposition ferme de la Chine et de la Russie.
La MMAS rencontre actuellement de grandes difficultés à contenir l’escalade de la violence en Haïti. En raison d’un manque criant d’équipements, de personnel et de financements, les forces kényanes sont régulièrement contraintes de reculer face à des gangs lourdement armés et bien organisés, qui dominent la majeure partie de Port-au-Prince. Selon Miroslav Jenca, Secrétaire général adjoint de l’ONU, ces groupes armés bénéficient du soutien financier d’élites politiques et économiques locales, aggravant ainsi le chaos.
Si un consensus existe sur la gravité de la situation, Pékin et Moscou s’opposent catégoriquement à l’envoi d’une Mission de maintien de la paix. Ils estiment qu’il serait irréaliste de déployer les Casques bleus dans un contexte où les gangs exercent un contrôle quasi absolu sur la capitale. Par ailleurs, ils contestent la légitimité du CPT à formuler une telle requête, une position partagée par le journaliste Dan Cohen, auteur du documentaire Haïti : Intervention versus Révolution. Celui-ci rappelle que Leslie Voltaire, président par intérim, et son gouvernement « n’ont aucune autorité légale ou légitimité ».
Malgré ces divergences, la proposition américaine de convertir la MMAS en Mission de maintien de la paix bénéficie d’un large soutien. Des pays comme la France, la République dominicaine et les membres de la CARICOM, représentés par la Grenade, insistent sur la nécessité d’une intervention internationale pour stabiliser Haïti et protéger la région des effets néfastes du crime organisé transnational.
Le Panama, confronté à une augmentation significative du nombre de réfugiés haïtiens traversant son territoire depuis la Colombie, et la Jamaïque, alarmée par l’extension des réseaux criminels, ont également exprimé leur appui à une intervention accrue. La République dominicaine, quant à elle, a averti que la crise haïtienne constitue une menace directe pour sa stabilité.
Les détracteurs d’une nouvelle intervention des Casques bleus rappellent les échecs retentissants des précédentes missions en Haïti, souvent entachées de scandales et d’une efficacité limitée. Cependant, les partisans de cette approche estiment qu’une Mission de maintien de la paix garantirait un financement adéquat et un soutien sécuritaire nécessaire à l’organisation des élections prévues en novembre 2025, tout en répondant aux urgences humanitaires.
Le Dr Jean William Pape, une figure éminente de la santé publique en Haïti, a lancé un avertissement solennel : si rien n’est fait rapidement, le pays risque de sombrer dans ce qu’il qualifie de « génocide massif ».
source: https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/la-mmas-mission-multinationale-d-appui-a-la-securite-en-haiti-est-un-echec-1538800.html