6 décembre 2024
Haïti, pays de contradictions : Un conseil électoral amputé et adulé, un conseil présidentiel encombré et décrié
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Haïti, pays de contradictions : Un conseil électoral amputé et adulé, un conseil présidentiel encombré et décrié

Haïti, miroir des contradictions institutionnelles : un Conseil électoral incomplet et une transition sous tension

Haïti, véritable terrain de paradoxes de la vie publique, évolue aujourd’hui sur une scène politique complaisante où l’improvisation institutionnelle est la règle. En effet, le Conseil Electoral Provisoire (CEP), version Conille-Voltaire, amputé de deux membres, fonctionne avec une « stabilité » qui contraste avec les turbulences qui entourent le Conseil de Transition Présidentielle (CPT), surchargé de trois membres que certains dont Garry Conille lui-même et ses collaborateurs souhaitent écarter. Cette dualité, où un conseil « fonctionnel » est incomplet alors qu’un autre complet est sous pression, est le signe d’une dynamique institutionnelle assez forte et dévoile des tensions internes sur la direction que souhaite prendre l’Etat haïtien.

En dépit de sa composition incomplète et composée de membres loin d’être à la hauteur de leur mission, le CEP continue de jouir de la confiance des autorités, au point que le président du CPT et le Premier ministre Garry Conille ont samedi exprimé et renouvelé leur volonté de confier à cette structure manke moso une tâche d’une envergure sans précédent : l’organisation d’un référendum en vue de réformer la constitution actuelle. Or, une telle initiative n’a aucune base légale dans l’actuelle constitution haïtienne, et même dans les démocraties où les institutions sont solides, la révision constitutionnelle se fonde toujours sur des mécanismes strictement encadrés, visant à protéger l’État de toute manipulation politique. Dans le cas d’Haïti, il est surprenant de voir une telle mission confiée à une instance éternellement provisoire, chargée essentiellement d’organiser des élections mais nullement mandatée pour redéfinir la loi fondamentale du pays.

Nous sommes dans une zone grise où le désir de changement se heurte à la fragilité structurelle des institutions. Cela vaut la peine de se demander si cette configuration représente un affaiblissement calculé de l’État ou si elle est le résultat de l’improvisation récurrente qui caractérise la gouvernance d’un Etat en crise.

En confiant à un CEP incomplet une mission qui dépasse ses attributions, les autorités introduisent non seulement une confusion fonctionnelle, mais aussi un risque de fragmentation du socle constitutionnel. Dans un contexte de crise, ce recours à des institutions provisoires pour des décisions permanentes s’avère périlleux, illustrant une vision de l’État peu encline à respecter les règles établies.

Revenons aux trois conseillers supplémentaires au sein du CPT. Leur départ, qualifiés par certains de « présumés braqueurs de banque », pourrait-il précipiter l’effondrement de cette structure, tel un château de cartes ? Cette éviction permettrait-elle à Garry Conille de consolider son pouvoir, en ne recevant des directives que d’un seul cercle restreint ? Ces questions méritent une réflexion approfondie sur les dynamiques internes du pouvoir en Haïti et les implications d’une telle réorganisation sur la stabilité politique du pays.

Conclusion

Haïti, dans ses dynamiques institutionnelles, incarne des contradictions qui défient la logique de gouvernance : un Conseil Électoral Provisoire (CEP) amputé mais fonctionnel et respecté, face à un Conseil Présidentiel de la Transition (CPT) saturé de membres, dont la présence est controversée. Ce contraste éclaire les failles d’un système où l’efficacité ne dépend ni du cadre légal, ni de la complétude d’une institution, mais plutôt des aléas politiques et des intérêts divergents des dirigeants. L’hypothèse de restructurer le CPT en évacuant trois de ses membres controversés et en rappelant Leslie Voltaire à l’ordre, fè’l dou kon siwo, fait naître l’interrogation d’une éventuelle consolidation du pouvoir autour d’un cercle réduit, offrant ainsi à Garry Conille la possibilité de gouverner sans les dissensions internes d’un conseil surchargé mais à l’aise avec son CEP yon tab ak pye kase, pour faire aboutir sa Constitution qui pourrissait sous la poussière dans un tiroir quelconque.

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