Haïti – CEP : Patrick Saint-Hilaire remet la présidence à Jacques Desrosiers
« Non perdidi diem » — Je n’ai pas perdu ma journée, déclare le président sortant dans son discours de passation.
PÉTION-VILLE, 13 octobre 2025 (Rezo Nòdwès ) – Le président sortant du Conseil Électoral Provisoire (CEP), Patrick Saint-Hilaire, a remis lundi ses pouvoirs à son collègue Jacques Desrosiers, élu à la tête d’un nouveau bureau lors de la séance du 19 septembre dernier.
Dans son allocution de passation, M. Saint-Hilaire, qui demeure membre du Conseil, a insisté sur la continuité institutionnelle et sur la nécessité d’organiser des élections crédibles « dans un pays affligé par tant de crises ». Il a rappelé que la dignité des conseillers constituait « le premier pas vers la crédibilité du scrutin ».
Faisant référence à la Résolution 2793 (2025) du Conseil de sécurité des Nations unies, il a mis en garde contre toute aggravation de la crise nationale, soulignant que « la situation en Haïti continue de menacer la paix et la sécurité internationales ».
Le responsable sortant a également dressé le bilan de son année de mandat, évoquant la relance du cadre légal électoral, la création d’une Chaire électorale à l’Université d’État d’Haïti et la réactivation du Courrier Électoral.
« Je quitte mes fonctions la conscience tranquille d’avoir servi dans la dignité et l’humilité », a conclu Patrick Saint-Hilaire, réaffirmant sa disponibilité à collaborer avec le nouveau bureau.
Conseil Électoral Provisoire de la République d’Haïti
Passation de pouvoirs entre Patrick Saint-Hilaire et Jacques Desrosiers
Allocution de circonstance de M. Patrick Saint-Hilaire
Pétion-Ville, 13 octobre 2025
(Seule la version prononcée fait foi)
Monsieur Jacques Desrosiers, Président entrant du Conseil Électoral Provisoire ;
Mesdames, Messieurs les Conseillères et Conseillers ;
Monsieur le Directeur exécutif ;
Mesdames, Messieurs les représentants de nos partenaires internationaux ;
Distingués invités, en vos rangs, grades, titres et qualités ;
Mesdames, Messieurs les Directeurs et membres du personnel de l’institution électorale ;
Mesdames, Messieurs les représentants de la presse parlée, écrite, télévisée et en ligne ;
Chers collaborateurs, chers amis,
Je suis ravi, en ce jour de grâce du lundi 13 octobre 2025, d’arriver au terme de ma période de gestion du Conseil Électoral Provisoire, suite à ma démission mûrement réfléchie de mes fonctions de président et à l’élection d’un nouveau bureau, intervenue dans la soirée du 19 septembre écoulé.
Je n’ai pas démissionné devant les difficultés entourant le processus électoral dans ce contexte particulier et hautement sensible. Je reste membre du Conseil, fermement attaché aux valeurs et principes indispensables à l’organisation d’élections crédibles dans notre pays affligé par tant de crises.
D’emblée, je dirai que le sens de la dignité de chaque membre du Conseil constitue le premier pas vers la crédibilité des élections.
Je fais mienne, en ce moment solennel, cette expression latine : « Non perdidi diem » (je n’ai pas perdu ma journée). J’ai exercé mes fonctions de président du Conseil, du 19 octobre 2024 à ce matin, avec détermination, transparence et sens du devoir. J’ai agi avec humilité et conviction, dans le respect de ce qui est éthiquement correct et cohérent avec le bien commun.
I. Une transition symbolique de continuité institutionnelle
Ce moment de transition n’est pas simplement protocolaire. Il symbolise la continuité institutionnelle et l’attachement sans équivoque à la mission confiée : garantir la crédibilité du processus électoral, afin que s’ouvre pour Haïti une ère de vérité, de stabilité, de sécurité, de justice, de paix et de développement durable — et, si une note personnelle est permise, une ère pour la femme et la jeunesse.
« Pèp nou an pa kapab ankò. Se bon jan eleksyon ki pou soti peyi nou nan mizè, vyolans, enjistis ak lawont sa a. »
Toutes les forces vives doivent s’unir dans un sursaut de lucidité et de responsabilité pour la réussite des prochaines élections, déterminantes pour l’avenir de notre pays.
II. Bilan institutionnel de l’année écoulée
Durant ces douze mois, nous avons œuvré dans un contexte politique et sécuritaire difficile, sans que cela n’empêche la mise en œuvre d’actions concrètes et durables.
Parmi les réalisations majeures du Conseil Électoral Provisoire sous la direction du Bureau sortant :
- Assainissement administratif et financier du CEP avec des mécanismes de gestion plus rigoureux et transparents ;
- Relance des travaux préparatoires au processus électoral : révision du cadre légal, recrutement des membres déconcentrés, paiement des arriérés, mise en place logistique, évaluation des centres de vote, plan opérationnel et missions techniques ;
- Dialogue institutionnel avec les parties prenantes dans un esprit d’équité et d’inclusivité ;
- Création de la Chaire électorale en partenariat avec l’Université d’État d’Haïti — une première nationale ;
- Relance du bulletin institutionnel “Courrier Électoral”, outil d’information et de transparence ;
- Valorisation du personnel électoral dans un environnement plus structuré et serein.
Ces avancées, bien que modestes, ont posé des fondations solides pour la tenue d’élections crédibles.
III. Appel à la responsabilité du nouveau bureau
Aujourd’hui, je passe les pouvoirs à M. Jacques Desrosiers, président du nouveau bureau.
Je formule le vœu que le CEP, sous sa direction, poursuive avec lucidité, impartialité et patriotisme la mission qui lui est confiée.
Je rappelle, à la lumière du préambule de la Résolution 2793 (2025) du Conseil de sécurité des Nations Unies (30 septembre 2025), que « la situation en Haïti continue de menacer la paix et la sécurité internationales et la stabilité dans la région ».
Le pays est en deuil, plongé dans la pauvreté et le désespoir. N’ajoutons pas de crises à la crise, ni de souffrance à la souffrance.
IV. Engagement moral et éthique
Je réaffirme ma disponibilité à collaborer en tant que membre du Conseil pour renforcer la confiance entre les acteurs et consolider les relations institutionnelles.
À chaque pas, à chaque décision, souvenons-nous de notre responsabilité :
- En tant qu’ordonnateur et gestionnaire public, agir avec prudence et probité ;
- En tant que serviteurs de la République, privilégier le sens de l’État.
La question électorale est un enjeu vital. Il ne peut y avoir de redressement national sans élections crédibles et acceptées dans un environnement politique et sécuritaire propice.
V. Gratitude et conclusion
Je renouvelle ma reconnaissance envers :
- Mes collègues du Conseil ;
- Le Directeur exécutif, les cadres et employés du CEP ;
- Les membres de mon cabinet ;
- Les partenaires nationaux et internationaux pour leur confiance et leur appui.
Je remercie particulièrement la Conférence Épiscopale d’Haïti, instance m’ayant désigné, pour sa contribution constante au développement intégral de la nation.
« Map di yon mèsi espesyal a pèsonèl sipò KEP-la. Nou konprann bezwen yo ak demann yo. Se ti kat la ak asirans maladi nap mande. »
Je quitte la présidence du Conseil avec la conscience tranquille d’avoir servi dans la dignité et l’humilité. À tous ceux qui m’ont accompagné, je témoigne ma fidélité aux valeurs qui ont guidé mon mandat.
Vive la République d’Haïti !
Je vous remercie.
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