15 octobre 2024
Conille annonce mardi un référendum en février, puis avertit mercredi du risque pour les élections de 2025 sans appui étranger
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Conille annonce mardi un référendum en février, puis avertit mercredi du risque pour les élections de 2025 sans appui étranger

Les « territoires perdus », nous en aurons avec nous pour longtemps !

Combien de pays libres et indépendants des Caraïbes ont-ils réellement besoin d’une intervention étrangère pour organiser leurs élections ? N’ont-ils pas plutôt recours à leurs propres forces légales et constitutionnelles pour rétablir la paix dans le pays ?

Le Premier ministre de facto Dr Garry Conille a déclaré mercredi qu’Haïti est loin de venir à bout des gangs armés qui contrôlent la majeure partie de la capitale, alors que le délai fixé par les Nations Unies pour une aide internationale longtemps retardée approche. Prenant la parole en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, Conille a lancé un appel pressant à l’aide internationale.

« Nous sommes loin de gagner cette bataille, et la réalité est simple : nous n’y parviendrons pas sans votre aide », a déclaré Conille. Il a souligné l’urgence de la situation, notant que la population haïtienne observe avec une « prudence optimiste » mais attend des résultats concrets. La lutte du pays est notamment illustrée par une attaque de gangs contre le principal port de la capitale, un centre crucial pour l’importation de biens et de fonds.

Lors d’une rencontre avec la communauté haïtienne à Brooklyn, mardi soir, le Premier ministre Garry Conille a annoncé la tenue d’un référendum constitutionnel, interdit par la Constitution de 1987, pour février 2025, sans toutefois préciser de date exacte. Salué pour son initiative, il a évoqué la possibilité d’élections générales en novembre 2025. En réponse aux préoccupations liées à l’inconstitutionnalité du référendum, Conille a reconnu la nécessité de parvenir à un « consensus » pour faire avancer les réformes et ramener le pays sur le chemin de la légalité, soulignant le dilemme actuel : respecter strictement le cadre juridique existant ou trouver un accord pour progresser.

L’instabilité affecte gravement les services et les infrastructures essentiels. Un responsable maritime a confié à Reuters que des navires ont été pris pour cible, les empêchant d’accoster et de décharger des marchandises au port. Par ailleurs, des enlèvements ont été signalés, y compris l’enlèvement de deux membres d’équipage philippins d’un cargo. Plus tôt dans l’année, les principaux ports maritimes et l’aéroport international d’Haïti ont été fermés pendant près de trois mois à cause d’une escalade de la violence.

Conille s’est dit inquiet des maigres progrès réalisés dans un contexte de défis croissants. « Sans un soutien international urgent », a-t-il averti, « nous risquons de perdre les petits succès que nous avons pu obtenir à un prix très élevé. »

Le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a réagi en annonçant des sanctions contre deux individus : l’ancien député Prophane Victor et le chef de gang Luckson Elan, pour leur rôle dans les violations des droits de l’homme. Blinken a également dévoilé une aide de 160 millions de dollars pour Haïti et a appelé à un soutien accru pour la mission internationale de sécurité soutenue par l’ONU.

Bien qu’une dizaine de pays se soient engagés à envoyer plus de 3 100 soldats pour soutenir la mission, seuls environ 400 ont été déployés à ce jour. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit voter le 30 septembre pour décider de renouveler ou non le mandat de la mission, qui expire début octobre. Le fonds de fiducie de la mission de l’ONU et le plan humanitaire restent gravement sous-financés, malgré des promesses de centaines de millions de dollars.

Musalia Mudavadi, un responsable kényan dont le pays dirige la mission, a mis en lumière les contraintes financières. « Les fonds actuels ne sont pas suffisants pour soutenir le déploiement, encore moins pour les milliers de soldats qui ont été promis », a-t-il déclaré, exhortant les pays à agir rapidement pour honorer leurs engagements.

L’escalade de la violence a provoqué une augmentation rapide des déplacements internes, le nombre de personnes déplacées ayant doublé au cours des six derniers mois pour dépasser les 700 000, selon les estimations de l’ONU. Environ la moitié de la population haïtienne souffre d’insécurité alimentaire.

Le gouvernement haïtien est également sous pression pour organiser ses premières élections depuis 2016. Le précédent Premier ministre a maintes fois reporté les élections, estimant qu’un scrutin libre et équitable ne pouvait se dérouler dans les conditions d’insécurité actuelles. Alors que les États-Unis, principaux bailleurs de fonds de la mission, poussent pour des élections dès l’année prochaine, le gouvernement de Conille se prépare à tenir un référendum sur la Constitution en février et des élections en novembre 2025. Haïti a déjà alloué la moitié des 140 millions de dollars estimés nécessaires pour ces événements.

Malgré l’insécurité persistante, Conille reste « assez confiant » quant à la possibilité de mener à bien les scrutins prévus. Toutefois, il a averti que cela ne serait pas possible si les engagements permettant le déploiement complet de la mission ne sont pas respectés.

New York | Conille fixe la date du référendum avant la mise en place d’un organe électoral complet et assermenté – Rezo Nòdwès (rezonodwes.com)

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