En 1915, Haïti subissait une période de grande instabilité politique. Après l’assassinat du président Vilbrun Guillaume Sam, lynché par une foule en colère pour avoir fait exécuter des prisonniers politiques, les États-Unis décidèrent d’intervenir militairement sous couvert de maintenir l’ordre. L’intervention américaine s’inscrivait dans la doctrine Monroe, une politique qui visait à écarter toute influence européenne dans l’hémisphère occidental tout en consolidant les intérêts économiques et stratégiques américains.
Néanmoins, les répercussions de cette confiscation ne sont pas seulement économiques. Cette affaire témoigne du rapport de force inégal entre Haïti et les puissances étrangères, thème qui continue de résonner dans les relations diplomatiques actuelles, quoi qu’en dise et fasse Mme Dominique Dupuy, bonne élève à l’école des « frimeurs » initiés par les Tèt Kale, les dilapidateurs des fonds Petro Caribe.
Spoliation ou protection des avoirs haïtiens ?
Les autorités américaines justifièrent ce transfert comme une mesure de protection des actifs haïtiens contre la mauvaise gestion économique et la corruption interne. Pourtant, ce geste est perçu, tant par les contemporains que par les historiens modernes, comme un acte de spoliation des ressources économiques d’un État souverain. L’historien Hans Schmidt, dans son ouvrage The United States Occupation of Haiti, 1915-1934, évoque cette opération comme un exemple flagrant de l’impérialisme américain, lequel s’est traduit non seulement par une présence militaire, mais aussi par un contrôle direct des finances haïtiennes pendant près de deux décennies (Schmidt, 1971). Ce pillage d’État a symbolisé pour Haïti une dépossession à la fois matérielle et symbolique de son indépendance économique.
Ce transfert de fonds, qui aurait dû être une mesure temporaire de sauvegarde selon les États-Unis, n’a jamais été restitué à Haïti. Cet épisode témoigne de l’asymétrie flagrante des relations entre Haïti et les États-Unis, et illustre les impacts à long terme de cette occupation, qui perdura jusqu’en 1934. L’influence américaine s’étendit aux domaines économique, politique, et militaire, redéfinissant les structures institutionnelles du pays.
Répercussions contemporaines et questionnement sur la restitution
Aujourd’hui, la question de la restitution de cet or haïtien reste largement absente des débats internationaux, mais elle mérite d’être soulevée, surtout dans un contexte global où la restitution des biens culturels et économiques spoliés devient un enjeu diplomatique majeur pour de nombreux pays anciennement colonisés. La question prend d’autant plus de pertinence à l’heure où la ministre de facto des Affaires Etrangères d’Haïti, Dominique Dupuy, devrait éventuellement effectuer un déplacement à New York dans le cadre de la préparation de la visite du Premier ministre Garry Conille, en lieu et place du président du Conseil Présidentiel de la Transition, Edgar Leblanc.
Madame la Ministre Dominique Dupuy, dans la lignée de la diplomatie adoptée sous l’ère Lamothe-Tèt Kale, saura-t-elle aborder avec discernement la question délicate de la restitution de l’or haïtien lors de sa mission à New York ?
Sa visite dans la capitale financière mondiale pourrait-elle constituer une opportunité stratégique pour solliciter de Citibank l’accès aux archives et infrastructures financières afin de vérifier le stockage potentiel de cet or, et d’envisager l’ouverture de négociations pour sa restitution ? Dans un contexte international marqué par des revendications croissantes pour la restitution des biens spoliés, Haïti, nation historiquement marquée par l’exploitation étrangère, ne serait-elle pas en droit de réclamer la récupération de cette somme, symbolisant une partie substantielle de sa richesse nationale à l’époque ?
La souveraineté haïtienne à l’épreuve des influences étrangères persistantes sur le territoire
L’occupation persistante du territoire haïtien par des forces étrangères, qu’elles soient économiques ou militaires, perpétue les questions fondamentales concernant l’intégrité et la pleine souveraineté de la nation. Au fil des décennies, Haïti a vu son autonomie progressivement réduite et érodée par des interventions extérieures répétées, menaçant sa capacité à agir de manière indépendante. La Constitution haïtienne, – dans ce qu’il en reste aujourd’hui – en tant que garante de l’ordre républicain – stipule explicitement que seules les forces nationales – la Police nationale et l’Armée haïtienne – ont le droit exclusif de porter des armes sur le territoire national. Cependant, les ingérences étrangères dans les affaires de l’Etat à plusieurs reprises ont mis à mal cette disposition constitutionnelle, portant ainsi atteinte à la pleine souveraineté du pays.
Dans ce contexte particulier, l’initiative prise par Dominique Dupuy, ministre de facto des Affaires étrangères, d’obtenir de l’Angleterre l’acte de naissance original d’Haïti en tant que nation indépendante, reflète une démarche stratégique visant à réaffirmer le statut de la République d’Haïti sur la scène internationale. Cette démarche devrait être un message fort de la détermination d’Haïti à rétablir et à renforcer sa souveraineté face aux puissances étrangères. Néanmoins, la capacité de Mme Dupuy à mener à bien des actions d’une telle envergure dans un contexte de transition politique reste sujette à caution. Le gouvernement haïtien inconstitutionnel, affaibli par une dépendance économique constante vis-à-vis des puissances extérieures, pourrait-il réellement s’engager dans des négociations sérieuses et obtenir des résultats concrets sur la restitution de ses biens, y compris les lingots d’or d’Haïti dans les coffres de la Ctybank à New York, ainsi que sur la préservation de sa souveraineté basée sur l’original d’un Acte d’Indépendance retrouvé ?
cba
