Comment parler de développement quand en Haiti, l’État de droit est une illusion et que les dirigeants en place sont désignés de manière discutable, sans passer par des processus démocratiques ?

Ce que « Haiti is open for business » était à Laurent Lamothe durant le mandat de Tè Kale 1, la fable ou un rêve je klè « Haïti est en voie de développement » l’est pour Garry Conille : une déclaration déconnectée de la réalité du terrain. Le Premier ministre haïtien, le Dr Gary Conille, a déclaré sans sourciller, lors d’une récente interview sur BBC Hard Talk, qu’Haïti est un « pays en voie de développement ». Cette affirmation, digne d’un exercice de rhétorique sophistiqué, mérite un regard critique approfondi.
Haïti, indépendance acquise en 1804, aurait pu devenir un modèle de développement si les circonstances historiques avaient été plus clémentes. En effet, si Dessalines avait eu la chance de concrétiser ses projets après 1804, la trajectoire du pays aurait pu être radicalement différente. Cependant, après son assassinat en 1806, le pays a été plongé dans une instabilité chronique. La situation s’est encore dégradée avec l’occupation américaine en 1915, une période marquée par la perte de souveraineté et une dépendance croissante envers les puissances étrangères, principalement les États-Unis, le Canada et la France.
Sans vouloir donner de leçon à Garry Conille, un expert émérite ayant travaillé dans diverses agences onusiennes, après avoir été humilié par le chanteur misogyne Sweet Micky en 2012, le chef du régime corrompu et criminel PHTK-Tèt Kale, il est important de rappeler que le concept de pays en voie de développement repose sur l’existence d’un État de droit. Cette notion demeure malheureusement étrangère à la réalité haïtienne actuelle. Dr. Conille, lui-même ni élu ni constitutionnellement légitime, semble méconnaître que le respect des normes établies et la légitimité des dirigeants sont des piliers essentiels du développement. Cette ironie est flagrante: comment parler de développement quand l’État de droit est une illusion et que les dirigeants en place sont désignés de manière discutable, sans passer par des élections démocratiques ?
M. Conille a passé environ douze ans à l’étranger, loin des turbulences de son pays natal que les duvaliéristes et néo-duvaliéristes ont mis en coupes réglées. Sa déclaration est imprégnée d’un patriotisme de façade, plus symbolique que réel. Lors des manifestations violentes contre les administrations Tèt Kale 2 et 3,, qui ont occasionné de nombreux blessés et des victimes par balle, sa voix était remarquablement absente. Pourtant, il prend la parole avec une audace remarquable pour affirmer le développement d’Haïti, comme si le simple fait de le déclarer suffisait à en faire une réalité .
La situation à Gonaïves, cité de l’indépendance, illustre bien l’écart entre la rhétorique et la réalité. Cette ville, dépourvue de services de base comme l’électricité, l’eau est le reflet d’un pays figé dans le passé. Les habitants dépendent des panneaux solaires et des puits artésiens pour un semblant de modernité, une image bien éloignée du développement promis par Dr. Conille.
De plus, les rumeurs selon lesquelles Garry Conille serait proche de l’ancien président controversé Michel Martelly alimentent les inquiétudes quant aux motivations réelles des prochaines élections. La crainte que ces élections soient manipulées pour faciliter le retour de Martelly n’est pas sans fondement. Comment envisager le développement dans de telles conditions ?
Dr. Coney, en affirmant qu’Haïti est un pays en voie de développement, semble se livrer à un jeu de rhétorique, négligeant le poids et les implications de ses propos. Plutôt que de se perdre dans des déclarations superficielles, il serait plus judicieux de s’attaquer aux défis fondamentaux du pays : l’instauration de l’État de droit, la légitimité démocratique, et l’amélioration des conditions de vie des citoyens.
En conclusion, la déclaration de Dr. Gary Coney apparaît non seulement prématurée, mais également déconnectée de la réalité quotidienne des Haïtiens. Le développement ne se proclame pas ; il se construit progressivement, par des actions concrètes et un engagement authentique envers le bien-être de la population. Espérons que Dr. Coney en prendra conscience et ajustera ses discours en conséquence paseke gen anpil mounn nan peyi kap reflechi ak tèt yo.
cba
