L’escalade entre Elon Musk et l’Union européenne a pris une tournure spectaculaire après l’amende de 120 millions d’euros infligée à X pour violations du Digital Services Act (DSA). Le dirigeant de la plateforme, soutenu par plusieurs figures de l’administration Trump, affirme qu’il s’agit d’une attaque contre la liberté d’expression. Bruxelles, de son côté, insiste : le dossier ne concerne ni la censure ni le contenu politique, mais des pratiques trompeuses et un manque de transparence.
Une sanction liée à des manquements techniques, non à la modération
Selon la Commission européenne, les violations constatées sont précises :
– un système de badges payants jugé trompeur et source de confusion pour l’authentification,
– un répertoire publicitaire non conforme,
– des obstacles imposés aux chercheurs cherchant à accéder aux données de la plateforme.
Ces manquements relèvent de la transparence commerciale, à l’instar des sanctions déjà imposées à Meta, Amazon ou TikTok. Bruxelles insiste : il n’est pas question ici de modération de contenus politiques, contrairement à ce que prétendent Musk et ses alliés.
La contre-offensive politique du camp Trump
Aux États-Unis, le dossier est rapidement devenu une arme politique.
JD Vance, vice-président américain, a dénoncé une prétendue « censure européenne », tandis que le secrétaire d’État Marco Rubio a présenté l’amende comme « une attaque contre les entreprises américaines ». Ces prises de position, bien que basées sur une interprétation erronée du dossier, ont offert à Musk une caisse de résonance géopolitique.
Musk franchit une ligne rouge : appeler à la dissolution de l’UE
Samedi, l’entrepreneur a déclaré que « l’UE devrait être abolie », accusant Bruxelles d’être un « monstre bureaucratique » étouffant l’innovation. Il a soutenu l’idée de référendums sur l’appartenance des États membres à l’Union et a même relayé un mème comparant l’UE au régime nazi.
Ces déclarations marquent un changement de ton radical, remettant en cause non plus une régulation mais l’existence même de l’intégration européenne.
Un bras de fer stratégique pour l’avenir du numérique
L’Union européenne s’est imposée depuis le RGPD comme le régulateur numérique le plus strict au monde, défendant une philosophie selon laquelle les plateformes doivent s’adapter aux droits fondamentaux. Musk, à l’inverse, revendique une liberté de conception quasi absolue, y compris au risque de créer de la confusion ou des zones grises.
L’amende intervient dans un contexte déjà fragile pour X : perte de revenus publicitaires, incertitudes internes, et multiplication des litiges juridiques. Le DSA prévoit en outre des sanctions plus lourdes en cas de récidive, allant jusqu’à l’interdiction d’opérer dans l’UE.

