2 décembre 2025
Mission d’évaluation kenyane : La police haïtienne souffre d’un faible moral et doit être recyclée
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Mission d’évaluation kenyane : La police haïtienne souffre d’un faible moral et doit être recyclée

Par Patrick Prézeau Stephenson 

La Police Nationale d’Haïti (PNH) a connu une baisse significative de ses effectifs ces dernières années, suscitant des inquiétudes quant à la capacité du pays à maintenir l’ordre public. Selon des statistiques récentes, le nombre de policiers en Haïti a diminué pour atteindre environ 13 200 en 2023, contre 14 861 l’année précédente. Un membre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a suggéré que le nombre actuel pourrait être aussi bas que 10 000 officiers, avec 40% potentiellement corrompus. Cette baisse est due à plusieurs facteurs, y compris la migration, qui joue un rôle critique dans la crise sécuritaire actuelle [1,2].

Aperçu Statistique

La diminution des effectifs de la PNH est évidente à partir des statistiques suivantes :

  • 2020 : 14 997 officiers
  • 2021 : 15 497 officiers
  • 2022 : 14 861 officiers
  • 2023 : 13 196 officiers

Cette réduction reflète une tendance inquiétante, où les effectifs ont diminué de près de 2 300 officiers au cours des trois dernières années.

Raisons de la Baisse

1.    Migration :

·        Les États-Unis, sous l’administration Biden, ont introduit des programmes d’immigration attractifs, incitant de nombreux Haïtiens, y compris des policiers, à chercher des opportunités à l’étranger. La promesse de stabilité, de meilleures conditions de vie et de sécurité a attiré de nombreux officiers loin de leurs postes.

·        Cette fuite des cerveaux et de puissance de feu a laissé la PNH en sous-effectif, avec moins d’officiers expérimentés disponibles pour former et encadrer les nouvelles recrues.

2.    Conditions de Travail :

·        Les conditions de travail difficiles et souvent dangereuses en Haïti ont également contribué à cette baisse. Les policiers font face à des risques significatifs au quotidien, avec des ressources et un soutien limités.

·        Le manque d’équipement adéquat, les salaires insuffisants et la menace constante de violence de la part de gangs bien armés ont démoralisé la force, entraînant des démissions et des départs à la retraite anticipés.

3.    Décès et Révocations :

·        La violence persistante a entraîné la mort de nombreux policiers. De plus, les révocations pour faute professionnelle ou corruption ont encore réduit le nombre de personnels en service actif.

·        Le taux d’attrition est élevé, et la PNH peine à remplacer les officiers aussi rapidement qu’ils sont perdus.

4.    Défis de Formation et de Recrutement :

·        Les efforts de recrutement ont été entravés par la mauvaise perception publique de la police et l’insécurité généralisée dans le pays. Les recrues potentielles sont souvent découragées par les risques associés à l’emploi.

·        Les programmes de formation ont souffert du manque de formateurs expérimentés et des ressources limitées disponibles pour une éducation policière complète.

Impact sur la Sécurité

La diminution des effectifs de la PNH a eu de graves répercussions sur la sécurité en Haïti :

  • Escalade de la Violence : Les gangs ont capitalisé sur la présence policière réduite, étendant leur contrôle sur de vastes zones et augmentant leurs activités. L’incapacité de la PNH à combattre efficacement ces groupes a entraîné une recrudescence de la violence et de la criminalité.
  • Crise des Droits de l’Homme : L’affaiblissement de la force de police a exacerbé la situation des droits de l’homme en Haïti. Les gangs utilisent la violence sexuelle comme outil de terreur, et même les enfants sont victimes de meurtres, de kidnappings et de viols. Le manque d’application adéquate de la loi a laissé de nombreux Haïtiens vulnérables et sans protection.
  • Sécurité Publique : La diminution de la force policière a conduit à une baisse générale de la sécurité publique. Les citoyens prennent de plus en plus la justice en main, comme on l’a vu avec le mouvement Bwa Kale, compliquant encore davantage le paysage sécuritaire.

Besoin de Soutien International

Une récente mission d’évaluation kenyane a conclu que les policiers haïtiens sont démotivés et ont besoin d’une nouvelle formation. Pour relever ces défis, un soutien international est urgentement nécessaire. Les domaines clés d’intervention comprennent :

  • Recyclage de la Force de Police : Les partenaires internationaux peuvent aider au recrutement et à la formation de nouveaux officiers, fournir l’équipement et les ressources nécessaires, et améliorer les conditions de travail pour retenir le personnel actuel.
  • Soutien à la Gestion de la Migration : Des efforts de collaboration pour gérer efficacement la migration, en s’assurant que le personnel essentiel, comme les policiers, est incité à rester dans le pays.
  • Renforcement de la Capacité Institutionnelle : Améliorer la gouvernance et les mécanismes de surveillance pour assurer la responsabilité au sein de la PNH.

Analyse et Développements Récents

Alors que la mission MMAS lutte pour sécuriser des fonds et accéder à des équipements de communication de base, les gangs haïtiens continuent de renforcer leur pouvoir et poseront des défis immédiats à toute mission éventuelle. Les alliances de gangs autrefois rivales en Haïti, G9 et G-Pèp, se sont unies dans leur opposition à la mission de sécurité, formant un groupe appelé Vivre Ensemble. Les gangs de cette alliance ont lancé une série d’attaques coordonnées contre les institutions de l’État ces dernières semaines, déplaçant des civils, saisissant des postes de police et consolidant leur contrôle sur des parties stratégiques de Port-au-Prince.

5 Segonn, l’un des gangs les plus puissants d’Haïti, a récemment exhibé de nouvelles armes de haute puissance dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, suscitant des inquiétudes quant à la possibilité que des armes fuient des stocks militaires en Amérique latine vers les groupes criminels haïtiens. Johnson Andre, alias « Izo », le chef de 5 Segonn, figure sur la liste des sanctions des Nations Unies et est soupçonné d’avoir des liens avec des organisations de trafic de drogue.

En avril, le président colombien Gustavo Petro a annoncé que des inspections dans deux bases militaires avaient révélé la disparition de grandes quantités d’armes, de balles et même de missiles. Il a suggéré qu’elles étaient probablement utilisées par des groupes criminels en Colombie, ainsi qu’en Haïti, bien qu’un lien entre les armes disparues et les gangs haïtiens reste à établir de manière définitive [3].

Conclusion

La diminution des effectifs de la Police Nationale d’Haïti est un problème multifacette influencé de manière significative par la migration et des défis internes. Pour restaurer la sécurité et la stabilité, une approche globale impliquant un soutien international robuste et une gestion efficace des flux migratoires est essentielle. Cependant, la récente analyse d’InSight Crime soulève de sérieuses questions quant à l’efficacité et à la préparation de la mission kenyane pour gérer l’environnement sécuritaire complexe d’Haïti. La coopération accrue des gangs, l’accès à des armes de haute puissance et la nouvelle richesse provenant du trafic de drogue ont considérablement renforcé la puissance tactique des gangs. La communauté internationale doit repenser sa stratégie et s’assurer que tout soutien fourni est adéquatement adapté aux défis uniques auxquels Haïti est confronté, plutôt que de répéter les erreurs du passé. La situation exige des efforts urgents, nuancés et soutenus pour véritablement faire la différence et créer un environnement plus sûr pour les citoyens haïtiens.

Références

[1] Number of police officers in Haiti 2023 | Statista

[2] Entrevue de Leslie Voltaire YouTube -FRANCE 24, 21 mai 2024

Transition en Haïti : « On ne peut pas échouer« , assure Leslie Voltaire

[3] Haiti’s Disorganized Organized Crime Strategy (insightcrime.org)

Contact Médias Patrick Prézeau Stephenson: Éditeur manifeste1804@gmail.com

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