Les rares jours où les hauteurs entourant Port-au-Prince se taisent, les gens le notent.
« Si vous n’entendez pas de tirs quelque part, les gangs sont probablement à court de munitions », a déclaré une source policière de la capitale haïtienne à CNN. « Mais quand il y a beaucoup de fusillades, c’est qu’ils ont certainement reçu une nouvelle cargaison ».
Depuis plus de deux mois, Port-au-Prince est coupé du monde, son port maritime international et son aéroport ont été fermés à la suite d’une explosion d’attaques de gangs à la fin du mois de février. Toutes les routes principales sont bloquées par les barrages des gangs. Pour la plupart des habitants, il n’y a pas d’issue, ni de moyen d’acheminer la nourriture et les médicaments dont ils ont désespérément besoin.
La nation caribéenne est encerclée par un autre périmètre fermé, créé cette fois par les voisins d’Haïti. La République dominicaine a scellé la frontière et l’espace aérien communs à l’île. Les Bahamas ont mis en place un blocus naval pour empêcher les Haïtiens de fuir la crise par bateau ; le Royaume-Uni a envoyé un navire de guerre pour repousser toute personne cherchant refuge dans les îles Turks et Caicos, un territoire britannique d’outre-mer ; et l’État américain de Floride a renforcé ses patrouilles maritimes et aériennes.
Pourtant, les armes, les balles et la drogue continuent d’affluer, traversant les eaux internationales et l’espace aérien pour atteindre le pays en difficulté – la plupart de ces armes proviennent des États-Unis.
« Haïti ne produit pas d’armes ni de munitions, mais les membres des gangs ne semblent pas avoir de mal à y accéder », explique Pierre Esperance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits de l’homme d’Haïti.
Depuis le début de l’année, des milliers de personnes ont été tuées dans des violences liées aux gangs et des centaines ont été kidnappées, dont au moins 21 enfants, selon les chiffres de l’ONU. Selon la police et les experts des droits de l’homme, l’arrêt de l’acheminement des armes vers Haïti aurait un impact immédiat sur l’effusion de sang.
« Nous devons couper les lignes d’approvisionnement en armes des gangs. C’est absolument la chose la plus importante aujourd’hui », a déclaré la source policière à CNN. « Car lorsqu’ils n’ont plus de balles, leurs mitrailleuses ne sont plus que des gourdins.
Alors qu’une force multinationale de soutien à la sécurité (MSS) dirigée par le Kenya s’apprête à se déployer en Haïti, priver les gangs de munitions devrait être une priorité absolue pour les États-Unis, selon William O’Neill, l’expert désigné par le Haut-Commissaire des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti.
source: Haiti: Port-au-Prince is cut off from the world, but guns and drugs keep flowing | CNN