4 octobre 2025
La nécessité d’un fonds de la diaspora pour la reconstruction d’Haïti
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La nécessité d’un fonds de la diaspora pour la reconstruction d’Haïti

La reconstruction d’Haïti doit être pensée par les Haïtiens et pour les Haïtiens. D’où la nécessité de créer un fonds national de la diaspora haïtienne, regroupant les ressources économiques, intellectuelles et sociales de nos compatriotes vivant aux États-Unis, au Canada, en France, au Chili, au Brésil, et ailleurs. Ce fonds viserait à remettre Haïti sur la voie du redressement économique et sécuritaire, dans une perspective d’autonomie nationale et de développement durable.

Nous ne pouvons plus rester spectateurs du déclin national. Comme le rappelle Émile Durkheim, « la société est plus que la somme des individus ». Elle repose sur la solidarité sociale, cette force invisible qui relie les citoyens entre eux autour d’un projet collectif. C’est pourquoi chaque Haïtien, qu’il soit au pays ou à l’étranger, doit comprendre que son action — même modeste — participe à la cohésion nationale et à la reconstruction morale du pays.

De même, selon Pierre Bourdieu, le capital social — c’est-à-dire l’ensemble des relations et des réseaux de confiance entre les membres d’une communauté — est une ressource fondamentale pour le développement. La diaspora haïtienne dispose de ce capital : une vaste réserve de compétences, de savoirs et de connexions internationales qui pourraient être mobilisées à travers ce fonds. Investir dans ce projet reviendrait donc à transformer ce capital social en capital économique et symbolique, au service du pays.

En outre, la théorie du développement endogène, défendue notamment par Amartya Sen, insiste sur l’importance de la participation locale et de l’autonomie des peuples dans leur propre développement. Dans cette logique, le changement ne peut venir que de l’intérieur, de la volonté et de la créativité des Haïtiens eux-mêmes.

Ainsi, le développement d’Haïti doit s’appuyer sur ses propres forces : sur sa diaspora, sur ses entrepreneurs, sur ses intellectuels et sur sa jeunesse. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons rompre avec la dépendance chronique envers l’aide internationale.

Nous lançons donc un appel à la mobilisation de tous les blogueurs, penseurs, artistes, entrepreneurs et citoyens haïtiens. Ensemble, mettons sur pied ce fonds de solidarité de la diaspora, symbole d’une reconstruction sociale fondée sur la responsabilité, la dignité et la coopération.

Enfin, dans une perspective constructiviste (Berger et Luckmann, La construction sociale de la réalité, 1966), rappelons que la réalité politique et économique d’un pays n’est pas immuable : elle est le produit des actions et des représentations des individus. Si la situation actuelle est le résultat d’une construction historique de dépendance et de désespoir, il nous appartient de la déconstruire et d’en bâtir une nouvelle, fondée sur la confiance, la solidarité et la liberté.

Alceus Dilson, Communicologue, Juriste 

E-mail : alceusdominique@gmail.com

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