En date du 7 février 2024, peu de temps après les douze coups de minuit, alors que son auto-mandat touchait à sa fin, Dr Ariel Henry, l’ex-Premier ministre légitime de facto d’Haïti, prononçait des mots lourds de sens : « les élections auront lieu en Haïti quand les conditions de sécurité le permettent ».
Cependant, ces paroles, éminemment politiques et pour la consommation de l’international, son principal tuteur, éclipsent une réalité criante : le même gouvernement, sous sa direction, dépensait plus de 190 millions de gourdes pour des festivités carnavalesques, dans un contexte que l’on sait des plus précaires.
Cette dichotomie soulève des interrogations légitimes quant à la véritable intention derrière les déclarations d’Henry. Est-ce une tentative de réassurance envers la communauté internationale sur la volonté du gouvernement de garantir la sécurité avant les élections? Ou bien, cela cache-t-il une stratégie plus opaque visant à détourner l’attention des problèmes fondamentaux du pays?
La décision d’organiser un mardi-gras mal masqué dans un contexte où la sécurité est loin d’être garantie suscite également des questionnements profonds. Certains pourraient s’interroger sur une éventuelle connivence entre le gouvernement et les gangs, offrant ainsi un répit temporaire aux habitants, tout en créant une illusion de normalité. D’autres pourraient y voir une tentative de dissimuler la réalité alarmante de l’insécurité à Haïti, où le rapport de Binuh fait état de milliers de morts par balles en seulement quelques mois.
Les chiffres alarmants du rapport de Binuh, révélant plus de 2 000 personnes tuées par balles entre octobre et décembre, semblent contredire la décision de célébrer le carnaval. Alors que les « territoires perdus » de Port-au-Prince ne cessent de s’étendre, comment justifier l’organisation d’événements festifs?
Ainsi, la question fondamentale demeure : quel est le véritable dessein d’Ariel Henry pour Haïti? Ses actions témoignent d’une dissonance entre ses paroles et ses actes, laissant planer le doute sur ses intentions réelles et la capacité de son gouvernement de doublure à répondre aux grands défis auxquels le pays est confronté depuis son intronisation par un tweet.
cba
