par Claudy Marc Auguste
Martinique
Je ne sais pas si le Premier Ministre a déjà joué aux échecs mais il doit vite opter pour la stratégie qu’offre ce jeu de pure stratégie : il doit sacrifier un point pour sauver son pouvoir.
Il a gagné la première manche. Le BSAP, Guy le blanchisseur de fonds liés à la drogue et au kidnapping, Moïse Jean-Charles et Claude Moïse sont K.O ; ce qui ne plait pas au « peuple » manipulé une fois de plus. Mais, il doit vite montrer sa bonne foi pour ne pas perdre le peu de confiance qui lui reste d’une frange de la population. Ariel Henry doit reconnaître que ses alliés, la PNH et les grands bénéficiaires du pouvoir ne pourront pas gagner la prochaine manche. Il doit sacrifier un pion. Un gros pion.
Aux échecs, sacrifier un pion signifie accepter temporairement de perdre un pion pour obtenir un avantage stratégique plus important à moyen ou long terme. Cette technique délicate demande vision et calcul. En politique également, le « sacrifice de pion » peut s’avérer une stratégie payante, à condition d’en maîtriser les risques et d’en peser les bénéfices.
Un sacrifice de pion politique consiste à faire des concessions tactiques sur un enjeu précis, en acceptant un revers à court terme. Ariel doit se dire aujourd’hui que la révolution mal planifiée ne fait pas de lui un vrai gagnant vu que la perte des BSAPiens est durement acceptée.
L’objectif de cette démarche que je lui dicte est d’ouvrir la porte à des gains futurs plus substantiels, comme amorcer des négociations, gagner du capital politique ou tester le terrain sur des dossiers clés. C’est par exemple ce que fit François Mitterrand en 1981 en renonçant à nationaliser certaines entreprises, dans le but de rassembler une majorité.
Un autre usage consiste à lancer des ballons d’essai risqués, sur des enjeux sociétaux clivants par exemple. En provoquant débats et remous, on cherche à définir les lignes de fracture idéologiques, à obliger ses adversaires à clarifier leurs positions et à révéler d’éventuelles contradictions. C’est ce que tenta Donald Trump durant sa campagne de 2016 en abordant des thèmes tabous.
Ariel Henry accuse à tort ou à raison des gangs qu’il ne veut ou ne peut pas combattre doit donner un signal en éliminant un de ces caïds : Izo pour libérer le sud ; Jeff Canaan et Meyer pour libérer le grand nord.
Ce faisant, il donnera un signal que le peuple peut compter sur lui.
Le plus vite qu’il agira, le plus vite il minera les projets d’une opposition armée qui commence à avoir le soutien des mafieux comme Youry Latortue , Nahome Marcellus pour ne citer que ceux-là.
Il éviter cependant de tomber comme Trump qui a vu ses paris risqués lui aliéner des soutiens. Il ne pourra pas continuellement miser sur le clivage à outrance sans proposer d’alternative claire et positive à l’insécurité. Aristide a montré la voie en éliminant, de mauvais cœur des bandits qui lui étaient fidèles mais devenus encombrants.
Ariel Henry, c’est le moment plus que jamais de maîtriser à la fois l’art du calcul rationnel et celui de la communication politique.
Nous attendons le sacrifice de ce pion rapidement ou votre tête.
Claudy Marc Auguste
Depuis la Martinique
8 février 2024