Haïti, dont le président controversé Jovenel Moïse a été assassiné le mercredi 7 juillet 2021, est en proie à une instabilité politique chronique depuis la fin de la dictature de Jean-Claude Duvalier, le 7 février 1986.

Voici les principaux événements qui ont marqué le pays depuis lors, laissant aux Haïtiens l’impression qu’ils ont simplement changé de bourreaux pour aboutir aujourd’hui, le 7 février 2024, au cynique Ariel Henry, sans aucune légitimité eli la pi rèd pirè kon ke makak.

La chute de Duvalier En 1986, le dictateur Jean-Claude Duvalier est renversé par une révolte populaire et l’armée prend le pouvoir.

« Baby Doc » était devenu président à vie à l’âge de 19 ans en avril 1971 après la mort de son père François Duvalier, qui était arrivé au pouvoir en 1957 lors d’élections truquées, établissant rapidement un régime dictatorial en s’appuyant sur les « tontons macoutes », sa milice personnelle.

Après 25 ans d’exil en France, Jean-Claude Duvalier revient en Haïti en 2011, un an après un séisme dévastateur. Il meurt en 2014 d’une crise cardiaque, n’ayant pas été jugé bien que la justice haïtienne ait ouvert quelques mois plus tôt une enquête contre lui pour crimes contre l’humanité.

Les mandats inachevés d’Aristide Le 30 septembre 1991, le prêtre salésien Jean-Bertrand Aristide, élu président en 1990, est renversé par un coup d’État militaire et part en exil.

Quatre ans plus tard, il est rétabli au pouvoir par une intervention militaire américaine et termine son mandat en 1996, après avoir dissous les Forces armées d’Haïti (FADH), dont l’histoire a été marquée par des coups d’État. René Préval lui succède.

De nouveau chef de l’État depuis 2001, Aristide est à nouveau contraint de quitter le pouvoir en 2004, cette fois sous la pression des États-Unis, de la France et du Canada, en raison d’une insurrection armée planifiée et d’une révolte populaire. Il part en exil en Afrique du Sud. Les 200 ans de l’indépendance d’Haïti, comme espéré, n’ont pas été commémorés de manière grandiose.

Pendant deux ans, le pays est sous le contrôle de l’Organisation des Nations unies (ONU), qui déploie 9 500 casques bleus et policiers internationaux.

En 2006, René Préval est réélu président. À ce jour, il demeure le seul dirigeant haïtien à avoir achevé les deux mandats autorisés par la Constitution. Pendant son mandat, il a néanmoins eu le temps de démanteler toutes les grandes institutions publiques, telles que Telecom, une erreur impardonnable.

Un an et demi de crise électorale. Michel Martelly, une ancienne figure du carnaval connue pour son déficit de moralité, a été élu président en 2011 à la suite d’élections frauduleuses. Son mandat a été marqué par l’officialisation des gangs, selon un rapport des experts de l’ONU, et il a supervisé deux élections contestées avec Ariel Henry, tantôt ministre des Affaires Sociales, tantôt ministre de l’Intérieur.

Le 7 février 2016, son mandat prend fin sans successeur après l’annulation du premier tour des élections présidentielles en octobre 2015 en raison de disputes et de fraudes massives.

Ensuite, le Parlement désigne le président du Sénat, Jocelerme Privert, comme président provisoire.

Après une longue crise électorale, en janvier 2017, l’élection de « l’homme d’affaires » Jovenel Moïse est confirmée lors d’un nouveau vote en novembre 2016.

Moïse, un président contesté, est assassiné

Depuis son investiture en février 2017, Moïse fait face au rejet de l’opposition, dont faisait partie André Michel, aujourd’hui un allié d’Ariel Henry, qui ne reconnaît pas sa victoire.

En 2018, l’augmentation des prix des carburants provoque trois jours d’émeutes.

En mai 2019, la Cour des comptes accuse le président de « détournement de fonds » avant son entrée en fonction.

La protestation s’intensifie fin août en raison de la pénurie de carburant.

Entre août et décembre, près de 70% des écoles sont fermées en raison de manifestations qui font des dizaines de morts, de barricades et d’une recrudescence de l’action des bandes armées, selon l’Unicef et l’Unesco.

Après l’expiration en janvier 2020 du mandat des députés sans nouvelles élections, le président continue de gouverner par décret.

Les manifestations contre l’insécurité augmentent, tandis que les enlèvements pour demande de rançon se multiplient.

Le 7 février 2021, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire décrète la fin immédiate du mandat présidentiel. Mais Moïse soutient qu’il lui reste un an au pouvoir en vertu de l’annulation des élections de 2015.

Le même jour, les autorités annoncent l’échec d’un plan visant à renverser le président, qui affirme avoir échappé à une tentative d’assassinat.

En mars, l’exécutif déclare l’état d’urgence pour restaurer l’autorité de l’État dans les zones contrôlées par des gangs.

Le pays devrait organiser un référendum constitutionnel en septembre après plusieurs reports dus à la pandémie de coronavirus.

Le 7 juillet, Moïse est assassiné chez lui par un commando armé composé d’étrangers, selon le Premier ministre sortant, Claude Joseph, dont le successeur a été désigné deux jours auparavant.

Après l’assassinat de Jovenel Moïse, c’est l’hécatombe. Haïti devient une prison à ciel ouvert avec une impunité totale accordée aux gangs qui commettent des meurtres, pillent, violent et volent sous le regard complice des membres influents du régime Tèt Kale. À la fin de janvier, le pays connaît de nouvelles manifestations contre le Premier ministre de facto, Ariel Henry, qui a remplacé au pied levé Claude Joseph. M. Henry, exactement un an plus tôt, lors de l’installation de son Haut Conseil du Territoire (HCT), avait déclaré son engagement à quitter le pouvoir le 7 février 2024.

Ce mardi soir 6 février 2024, les Haïtiens font face à leur destin, confrontés à une situation d’extrême gravité dans leur pays.

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