L’Accord du 39 août, communément appelé l’Accord de Montana, fruit d’une collaboration entre divers partis politiques et organisations de la société civile en Haïti, se retrouve aujourd’hui dans une position délicate, n’étant plus que l’ombre de ce qu’il fut. Cette entente, censée être la bouée de sauvetage pour un pays en crise, est maintenant confrontée à des défis internes et externes qui menacent son existence même.
Des débuts pleins d’espoirs :
Le lancement de l’Accord de Montana avait suscité d’énormes attentes au sein de la population haïtienne. La volonté de certains acteurs de la société civile et de la classe politique de trouver une solution haïtienne à la crise avait été applaudie, offrant une lueur d’espoir dans un contexte politique complexe.
Cependant, l’Accord a rapidement perdu de sa splendeur. Les critiques internes et externes ont commencé à émerger, remettant en question la légitimité et l’efficacité du processus. La décision de certains acteurs de la communauté internationale de maintenir leur soutien à Ariel Henry, désigné comme dirigeant du pays, a également semé le doute quant à la crédibilité de l’Accord.
Défis Internes et dissensions :
L’Accord de Montana, autrefois un front uni, est aujourd’hui affaibli par le départ de plusieurs structures fondatrices et miné par des dissensions internes. Les divergences d’opinions sur la direction à prendre et les désaccords sur la mise en œuvre des mesures prévues ont sapé la solidité initiale de cette alliance politique.
Une reconstruction nécessaire ou une dissolution Inévitable :
Face à ces défis, les membres de l’Accord de Montana doivent trancher : se réinventer ou se dissoudre.
La simple survivance en tant qu’entité fragmentée ne serait pas bénéfique à la situation déjà fragile du pays. La revitalisation de l’Accord nécessiterait des mesures audacieuses et des ajustements stratégiques.
Différentes pistes peuvent être explorées pour une revitalisation de cette initiative.
Élargissement de la Base
L’Accord, perçu (à tort ou à raison) comme un rassemblement d’intellectuels majoritairement de gauche, doit s’ouvrir à d’autres secteurs de la société haïtienne, y compris des représentants de la jeunesse, des femmes et d’autres groupes politiques et sociaux sous-représentés, afin de refléter une vision plus inclusive.
Renforcement des liens internes
La résolution des dissensions internes nécessite un dialogue ouvert et constructif entre les différentes parties prenantes. Des mécanismes de médiation neutres pourraient être mis en place pour favoriser la compréhension mutuelle.
Redéfinition des objectifs
Une clarification des objectifs et des priorités de l’Accord de Montana, avec un accent renouvelé sur les besoins urgents du peuple haïtien, pourrait redonner un élan significatif à cette alliance.
Engagement communautaire
La mobilisation populaire ne doit plus être rangée dans les placards.
Impliquer activement la population dans le processus politique, en favorisant une participation accrue à travers des consultations populaires et des mécanismes participatifs, peut renforcer la légitimité de l’Accord.
Implication de la diaspora et dialogue avec la communauté Internationale
Établir un dialogue franc avec la communauté internationale pour discuter des préoccupations et des aspirations du peuple haïtien peut contribuer à créer un consensus global sur le chemin à suivre.
La diaspora haïtienne étant mieux placée pour conduire ce dialogue, l’Accord doit étendre ses actions parmi les communautés haïtiennes de l’étranger.
L’Accord de Montana se trouve à la croisée des chemins, confronté à des choix décisifs pour son avenir. La revitalisation exige une réflexion profonde et une action concertée, tout en gardant à l’esprit l’objectif ultime : servir les intérêts du peuple haïtien et ouvrir la voie à une stabilité politique durable.
Dieudonné Rosindard