Résumé du Rapport Annuel de l’Observatoire Haïtien des Crimes contre l’Humanité (OHCCH) – Année 2023

L’année 2023 a été marquée par des événements tragiques en Haïti, caractérisée par des violences sans précédent. Les autorités de l’État en faillite ont fait preuve d’une indifférence persistante face à ces atrocités, laissant le pays dans un état de désintégration totale jusqu’à l’arrivée éventuelle de leurs forces multinationales pour donner le coup de grâce à tout rêve d’habiter un jour un pays indépendant.

Le phénomène des kidnappings, des massacres, et des crimes contre l’humanité a atteint des proportions alarmantes. Les organisations de défense des droits humains ont documenté neuf massacres entre 2022 et 2023, avec des actes horribles perpétrés par les criminels, souvent diffusés sur les réseaux sociaux. La persistance de l’impunité a conduit à une opération de représailles appelée « Bwa Kale », où des bandits ont été lynchés, illustrant le désespoir de la population face à l’absence totale de réaction officielle.

L’année a été marquée par une déliquescence des institutions de l’État, avec des bandits étendant leur emprise sur de vastes territoires. Les forces de l’ordre se sont montrées impuissantes face aux individus armés, laissant la population vulnérable à des déplacements massifs et à des exodes.

Le rapport souligne l’absence totale de réaction officielle face aux crimes commis, allant jusqu’à la banalisation de la violence. Des entreprises privées ont été attaquées, des bâtiments gouvernementaux détruits, et le trafic régulier a été perturbé sans aucune intervention significative des autorités.

En outre, des agents de l’État ont été impliqués dans des exécutions sommaires, reflétant l’absence d’une politique judiciaire ferme. Des crimes contre l’humanité ont été perpétrés impunément, avec des atteintes aux droits humains documentées par des organisations telles que le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).

Le rapport met également en relief la nécessité urgente de mettre fin à l’impunité en Haïti pour permettre l’émergence d’une société de droit. L’Observatoire Haïtien des Crimes contre l’Humanité exhorte à des actions concertées pour surmonter ce péché originel et restaurer la justice dans le pays.

L’Observatoire Haïtien des Crimes : Un État Défaillant, une Nation en Péril

OBSERVATOIRE HAITIEN DES CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ (OHCCH)

RÉSUMÉ DES VIOLENCES DE L’ANNÉE 2023 EN HAITI

2023 HAITI, LA FIN DE L’ETAT…

L’année 2023 a été une année de rudes épreuves en Haïti. Nous avons vécu des moments sanglants, nous avons assisté à des scènes horribles, des massacres de masse, des assassinats, des actes d’horreurs commis par les bandits en toute impunité.

En Haïti en 2023, nous avons continué de constater l’irresponsabilité des Autorités de l’État qui, par leur indifférence ignorent totalement les faits qui se sont produits. On dirait que notre pays n’a pas de dirigeants et que toutes les horreurs survenues, qui ont marqué l’opinion publique, endeuillées les familles et les institutions, font partie d’un cauchemar collectif, dont seuls nos soi-disant dirigeants n’ont pas été touchés.

La même attitude d’indifférence de l’État et des pouvoirs publics, constatée et documentée, lors du massacre de La Saline le 13 novembre 2018 a continué en 2023. Heureusement que des organismes de défense des droits humains ont, à chaque fois, documenté les différents massacres, pogroms, attaques sur des citoyennes et des citoyens, sur des véhicules de transport public etc…

L’année 2023 a été une année fatale en Haïti. Notre pays s’est effondré à un point tel que l’État a disparu, les forces de l’ordre en déliquescence et en déroute devant les bandits qui incendient les commissariats, font fuir les policiers après qu’ils en aient tué un bon nombre, comme ce fut le cas à Liancourt le mercredi 25 janvier 2023.

 2023, une année de non-droit en Haïti où les déplacés internes sont comptés par dizaines de milliers. Les déplacés internes en exode sont désormais des familles de quartiers précaires tout comme des familles de quartiers aisés de référence où les gangs ont opéré au vu et au su de ceux qui nous tiennent lieu d’autorité. On connaît le cas du gang « Kraze Baryè » de Vitelhomme INNOCENT qui, dans la passivité totale des pouvoirs publics incapables ou complices, a élargi son territoire de Tabarre jusqu’à Fort Jacques en passant par Torcel, Pernier, les Palmes et Belvil où il a été heureusement, pour cette dernière place, tenu en échec par les riverains. Le cas du gang de Ti Makak a défrayé la chronique pour la terreur qu’il a semée à Thomassin 32 et au-delà de Tara’s réputé pour être un quartier de maisons cossues que la plupart des propriétaires ont dû abandonner.

L’année 2023, pour reprendre l’expression de la Ministre de la Culture et de la Communication ainsi que de la Justice et de la Sécurité Publique, Emmelie PROPHÈTE MILCÉ, a été une année de « territoires perdus » sous l’emprise des gangs qui, chaque fois, occupaient plus de terrain. On a passé toute l’année sans que le trafic régulier ait été rétabli à la sortie Sud de la Capitale haïtienne. Aucune opération d’envergure, absence et défaut  d’actions entreprenantes et vigoureuses des forces de l’ordre pour rétablir la libre circulation des personnes et des biens sur nos principales routes. Au contraire, d’autres territoires sont tombés aux mains des bandits à Canaan, à Source Matelas, à Croix-des Bouquets et au-delà de Morne-à-Cabrits. Les bandits ont mené des raids sur plusieurs quartiers dont Morne Brûlé non loin de Fort Jacques, Carrefour-Feuilles et Desprez, provoquant maints exodes et déplacements des populations. À partir du mois de novembre 2023, les bandits ont à nouveau agrandi leur territoire, quand ils ont installé leur base à Mariani, théâtre, depuis, de maintes scènes de violences contre la population, contre des policiers et des biens de la Police Nationale d’Haïti.

L’année 2023 a été l’année qui a consacré la fin de l’État en Haïti. L’inexistence de l’État à travers ses institutions a enhardi les bandits qui ont utilisé des bulldozers contre des édifices logeant des Commissariats de Police dans les Départements de l’Ouest et de l’Artibonite. Outre ces édifices publics, les bandits se sont attaqués à des entreprises privées comme la Minoterie et la Cimenterie à Laffiteau, avec des incursions par bateau sur le Port Laffitteau. Le pays a vécu  des situations inimaginables quand les bandits ont bloqué l’accès au Terminal pétrolier de Varreux avec des conséquences graves sur la disponibilité des produits pétroliers. Pendant de longs mois, en 2023, les stations-services sont restées fermées, pour la plupart, on dirait des musées du gaz. C’était la désolation. Et à proximité, et partout sur nos routes, au vu et au su de tout le monde, malgré un communiqué fictif interdisant la vente des produits pétroliers dans les gallons, il s’est développé un lucratif marché noir du carburant au prix onéreux, bien entendu.

 2023, L’ANNÉE OÙ HAÏTI A PERDU SON ÂME…

En 2023, notre pays a perdu son âme. Nous avons assisté à une banalisation du mal qui ferait frissonner Hannah Arendt, théoricienne du concept, elle-même. L’impunité régnante qui a produit une série de massacres en 2022 a donné des ailes aux bandits et aux criminels qui ont continué leurs forfaits pour la plus belle en l’année 2023. Les bandits kidnappent, tuent et font des crimes sur des individus, sur des groupes restreints ou des massacres de masse, des crimes contre l’humanité un peu partout dans le pays. Les organisations de défense des droits humains comme le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) ont documenté mois par mois, au jour le jour les crimes qui ont révolté la conscience nationale. Pas moins de neuf (9) massacres ont été répertoriés par le RNDDH entre 2022 et 2023. Les cas les plus abominables se sont produits au Village artistique de Noailles tout près de la Croix-des-Bouquets, à Savane Pistache, à Source Matelas, à Cité Soleil et au Bel Air. Les victimes se comptent par centaines et par milliers. Les criminels ne se sont pas contentés de tuer des gens impunément. Ils mutilaient les cadavres, les brûlaient tout en filmant leurs actes dont ils distribuaient les vidéos sur les réseaux sociaux. Les bandits ont tellement fait de provocations qui dévoilaient leur monstruosité que, vers la fin du mois d’avril 2023, a commencé en réaction, une opération dite « Bwa Kale » au cours de laquelle, plus d’une centaine de bandits, selon un rapport du RNDDH, ont été lynchés suivant le modèle même des malfrats. D’aucuns ont parlé d’effet miroir pour expliquer la fureur de la population quant au traitement fait aux membres des gangs capturés…

Et tout cela s’est passé sans aucune réaction officielle des pouvoirs publics. L’État a déserté l’espace haïtien en 2023. Rien de ce qui s’est passé n’a fait l’objet d’un communiqué, d’une décision ou d’une convocation de l’autorité compétente pour l’adoption de mesures qui apportent des réponses aux situations. L’année 2023 a été en Haïti, une année fatale, une année de non droit. Crimes, massacres, assassinats, dépossessions sans conséquence. Exode de la population qui laissait ses résidences aux membres des gangs qui faisaient des incursions violentes dans les quartiers, semant la mort, la terreur, la désolation en incendiant maisons, véhicules, biens tant privés que publics. L’État ne s’est manifesté en aucune façon pour assumer son rôle de protection des vies et des biens et pour garantir la propriété privée comme il s’y est engagé dans la Constitution haïtienne en son article 36.

Nous avons assisté également en 2023 à des expressions inquiétantes de l’autorité, quand des agents de l’État, dotés de la puissance publique, se sont approprié le droit de tuer, d’exécuter sommairement des prévenus dont ils avaient la pleine maîtrise. Aucun membre de nos institutions ne peut se substituer à la loi et aux instances préposées pour l’exécution des procédures judiciaires, en violant les procédures et normes établies en matière pénale et criminelle. Les multiples interventions du Commissaire Jean Ernest MUSCADIN dans la juridiction de Miragoâne et au-delà ont défrayé la chronique. Le support dont dispose ce Commissaire du Gouvernement dans l’opinion publique est l’expression du laisser-faire et de l’inexistence de l’État qui n’a pas une politique judiciaire ferme et orthodoxe. Cette absence de politique publique pour pénaliser les crimes et les délits porte les citoyennes et les citoyens à applaudir toute action contre le banditisme et les bandits, sans tenir compte des aspects de violations des droits humains qui entachent certaines interventions, certains dossiers qui peuvent avoir donné lieu à une justice expéditive suivant les émotions du moment d’un agent du pouvoir judiciaire qui s’est donné le pouvoir de vie et de mort sur les prévenus…

En 2023, en Haïti, un ensemble de crimes survenus méritent d’être regardés sous la loupe de crimes contre l’humanité. Cependant, la tradition d’impunité les a fait passer comme des faits banals. Aucune arrestation, aucune poursuite des auteurs de ces crimes de masse qui les répètent à volonté dans une absence totale de volonté politique pour freiner l’élan des bandits mis face à leurs responsabilités devant les tribunaux pour répondre de leurs actes. L’Observatoire Haïtien des Crimes Contre l’Humanité (OHCCH) félicite le RNDDH qui fait partie de ses membres et les autres organismes de défense des droits de l’Homme qui ont documenté toutes les violations, toutes les atrocités, tous les massacres et crimes contre l’humanité perpétrés au cours de l’année 2023. Comme il est connu que « les défaites du droit sont provisoires », en temps et lieux, ces documents serviront pour que les responsables de ces violations, tueries, massacres et crimes contre l’humanité répondent de leurs actes devant la justice restaurée dans toute sa puissance.

En 2023, un ensemble de crimes des années précédentes n’ont pas été élucidés pour que justice soit rendue. Nous mentionnons entre de nombreux autres, celui du Bâtonnier Montferrier DORVAL assassiné le 28 août 2020, celui de la jeune promesse, activiste politique et membre de notre organisation, Antoinette DUCLAIR exécutée avec le journaliste Diego CHARLES dans la nuit du 29 au 30 juin 202, et même celui du Président Jovenel MOISE exécuté chez lui dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021. Ce refus de justice traduit la prise en otage et le contrôle du système judiciaire par des secteurs mafieux et puissants et dénote d’autre part, l’état de décomposition avancée du système social et politique haïtien. Les familles des victimes n’ont pas pu faire leur deuil avec la consolation de voir les assassins de leurs proches traduits en justice, jugés et condamnés dans des procès publics en bonne et due forme. La faiblesse de l’État haïtien fait que nos criminels de tout poil sont pris en charge par des juridictions extraterritoriales, consacrant ainsi l’effondrement et la fin de l’État haïtien.

Pour voir l’émergence d’une authentique société de droit en Haïti, la première demande, le premier objectif de toute action citoyenne, de tout engagement des institutions publiques revalorisées, des organisations de la société civile revigorées, c’est d’œuvrer pour mettre fin au long règne de l’impunité qui est le péché originel de l’État haïtien. L’impunité, pendant les 220 ans d’existence de notre pays demeure le principal handicap que tous, dans une conjugaison d’initiatives et d’actions agissantes, nous devons aider à vaincre, à éradiquer pour inscrire notre pays meurtri dans l’universalité.

Pour l’OHCCH :

Mr Hérold JEAN-FRANÇOIS                                                   Mario JOSEPH, avocat

Pour plus d’informations :

(509) 3727-5579, Mr Hérold JEAN-FRANÇOIS                                                                                             

(509) 3701-9879, Mario JOSEPH, avocat

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.