En fin de compte, l’ancien Premier ministre de facto Claude Joseph, membre influent du PHTK-Tet Kale 2, aura « tout sous contrôle », obligeant les membres du Conseil présidentiel de transition à considérer son protégé Smith Augustin comme l’un des futurs présidents de ce cercle vicieux, dont beaucoup pensent qu’il pourrait être fatal pour le pays.
Malgré ses démêlés avec la justice dans l’affaire du détournement présumé de milliers de dollars de fonds de passeport de l’Ambassade d’Haïti à Washington, dont une enquête a été recommandée par ses détracteurs, et son inculpation par la justice haïtienne dans le magnicide du 7 juillet 2021, le Dr Joseph accélère le pas, voulant le beurre et l’argent du beurre, en faisant entrer en douce sa nébuleuse de parti politique dans l’arène politique haïtienne.
Le conseil de transition chargé de choisir de nouveaux dirigeants pour Haïti est en train de changer son mode de fonctionnement, une décision qui en a surpris plus d’un alors que la violence des gangs consume le pays et que la police continue de compter des victimes dans ses rangs.
Au lieu d’avoir un seul président, et alors que le pays se meurt et que la corruption continue de gangrener l’administration publique, quatre politiciens de longue date se relaieront à la tête du conseil tous les cinq mois, selon deux membres qui n’ont pas été autorisés à partager les changements publiquement parce qu’ils n’ont pas encore été annoncés.
Des membres ont déclaré à l’Associated Press mercredi en fin de journée que le conseil considérerait désormais que cinq membres, au lieu de quatre, constituent une majorité. Le conseil est composé de neuf membres, dont sept ont le droit de vote.
« C’est un vrai changement », a déclaré Robert Fatton, expert en politique haïtienne à l’Université de Virginie, sans toutefois évaluer le degré de changement intervenu dans la vie des citoyens ordinaires depuis le retrait forcé d’Ariel Henry de la Primature. « Je pense que c’est une bonne chose qu’ils partagent vraiment le pouvoir maintenant. C’est quelque chose de très rare dans la politique haïtienne.
Les quatre membres qui se partageront le pouvoir sont le premier président du conseil Edgard Leblanc Fils, un allié connu du PHTK en février 2016, l’ancien sénateur Louis Gérald Gilles, un ancien parlementaire de Lavala qui a basculé dans le camp du PHTK en 2021, l’ancien candidat à la présidence Leslie Voltaire et l’ancien ambassadeur de facto en République dominicaine Smith Augustin, nommé à ce poste par Claude Joseph, sans jamais présenter sa candidature au Sénat de la République.
Ces changements font suite à des troubles internes qui ont menacé de faire dérailler le conseil après sa prestation de serment le 25 avril. Les querelles ont commencé cinq jours plus tard, lorsque quatre membres du conseil ont annoncé non seulement un président du conseil, mais aussi un premier ministre, à la surprise générale.
Cependant, il reste à savoir si l’ancien ministre des sports Fritz Bélizaire, l’éternel inconnu de la scène politique depuis plus d’une décennie, restera le premier ministre choisi. Un membre du conseil a déclaré à l’AP qu’une annonce devrait être faite la semaine prochaine.
Après l’annonce d’un premier ministre, le conseil devrait choisir un nouveau cabinet, un processus dont beaucoup s’attendent à ce qu’il implique de longues et lourdes négociations avec des politiciens puissants.
