25 septembre 2025
Haïti/Télécom/Médias/ Services OTT et endettement : Un «changement sans caravane» à l’horizon ?
Actualités Techno

Haïti/Télécom/Médias/ Services OTT et endettement : Un «changement sans caravane» à l’horizon ?

par Montaigne Marcelin

(Deuxième partie)

La grande erreur  des responsables d’entreprises  industrielles ou commerciales qui décident, à un moment donné,  de se fondre/confondre à un secteur politique ou de se métamorphoser  en une organisation politique en se faisant complice d’un groupement d’hommes et de femmes dans la séquestration des droits politiques de tout un peuple réside dans le fait que ces deux champs ou types d’activités (la politique et les affaires) n’obéissent pas aux mêmes règles. L’alternance pour l’un est un principe cardinal. La prévisibilité,  pour l’autre, est le fondement.




Nous avons voulu faire œuvre qui vaille en tentant le mois dernier, dans la première partie de notre présentation, d’expliquer pourquoi certaines entreprises du secteur des télécommunications en Haïti se sont fourvoyés en croyant pouvoir trouver une réponse politique à un défi à la fois technologique et concurrentiel posé par la croissance de la connectivité internet ( défi lancé les  services OTT), d’un côté, et  à une  problématique financière engendrée par la structure du capital d’un important operateur dont  les obligations et contraintes liées à une dette monstrueuse ont eu une incidence défavorable sur sa santé financière, ont diminué sa capacité  de générer des capitaux supplémentaires pour financer ses opérations, limité le montant de l’encaisse qu’il dispose, par exemple pour les acquisitions et les paiements de dividendes en espèces, limité ses capacité à réagir aux changements dans l’économie ou l’industrie des télécommunications et finalement peuvent l’obliger à faire face à ce choix douloureux  consacré par la chanson « Clash Line » de Hobson : «  Si je reste il y aura des problèmes/ Si je pars ce sera double… ».

Ce travail est nécessaire car, à ce carrefour critique de la vie sociale politique et économique   de notre  pays, il est important, après que toute une génération  de jeunes haïtiens aient fini de découvrir ( beaucoup y ont même participé activement dans les bureaux de vote,  à grands coups d’ échanges de messages WhatsApp en relation à des officines bien équipées en cette fameuse journée électorale ) comment les nouvelles technologies de l’information et de la communication et une certaine  croissance connectivité de l’internet, en particulier, ont pu être détournées de leur noble mission et utilisées contre la démocratie et le droit du peuple haïtien à choisir librement ses dirigeants  au cours des élections frauduleuses de 2015 et de 2016, – il est important – disions-nous d’expliquer  pourquoi on est arrivé à de telles extrémités. Quelles en sont les profondes raisons et motivations ?

Ce travail est d’autant plus indispensable qu’il peut aider les usagers des moyens de communications en Haïti à reprendre confiance dans leur chers opérateurs télécoms (dans la mesure où nos ces derniers  acceptent de divorcer avec ces comportements vraiment désespérées lors des échéances électorales) car  à la fin de cette série de présentations ils (les usagers) comprendront que ces opérateurs ont , face aux défis identifiés précédemment, d’autres choix que de vouloir renforcer, pour emprunter  ces mots qui résonnent comme un désaveu sous la plume du journaliste Robenson Alphonse de Magik9/Le Nouvelliste, ce «  modèle insoutenable mais qui survit grâce à un système politico-médiatique, à un establishment qui, au fond, sont antinationaux. »




Au terme de la première partie de ce papier nous avons posé également diverses questions en relation à la problématique qu’engendrent les services OTT en Haïti. Particulièrement nous nous sommes demandés, après l’évacuation du marché d’un opérateur Télécom en 2012 et le lancement avorté d’un appel d’offre pour le choix d’un nouvel opérateur en 2013, comment la Digicel et la Natcom font t-elles face aux services OTT ?

D’où viennent les menaces sur les revenus de nos opérateurs téléphoniques ?

L’exercice du droit de vote du peuple haïtien ne peut, en aucune manière, constituer   une menace pour les revenus des opérateurs téléphoniques. Au contraire. Concrètement les revenus des deux operateurs télécoms qui se partagent le marché haïtien sont mis à rude épreuve dès que l’usager des moyens des moyens de communication, qu’il soit client de l’un ou l’autre ou bien utilise les services d’un des trois (3) autres fournisseurs d’accès, accède à une connexion internet.

En effet  cet usager est  accueilli, s’il utilise un desktop, par les géants Google, Microsoft ou Apple qui le prend en charge. S’il utilise un smartphone connecté il est en permanence sous le joug des fournisseurs de services OTT avec des offres de services de contenus audio, vidéo ou de messagerie instantanée.

Cet usager ne revoit son fournisseur d’accès que lorsque ce dernier veut lui demander de renflouer son compte. Ce qui évidemment n’est pas pour lui plaire.  Pour le reste du temps il est sous le charme envoutant des fournisseurs de service OTT.

Aujourd’hui la Digicel avec l’application MyDigicel et la Natcom avec l’application GoNatcom essaient de changer la donne à grands renforts d’annonces publicitaires et d’offres incitatives. Mais les attaches de l’usager sont aujourd’hui tellement fortes qu’il est très difficile de l’en séparer.

Pour compliquer la tâche de nos operateurs la dernière version de la messagerie de Facebook, « Messenger », intègre tous les messages textes des opérateurs Telecom. Ce qui renverse les rapports entre les opérateurs téléphoniques et  Facebook au point où certains se demandent qui entre ces deux types de fournisseurs offre des services « Over The Top » ?




Pour l’instant la réponse des opérateurs télécoms, face  au succès incontestable et incontestée des fournisseurs de service OTT est agressive. C’est une attitude de blocage. Ils doivent toutefois apprendre à saluer l’intelligence et le savoir-faire d’un concurrent ou d’un adversaire. Même quand cela fait mal.

Les opérateurs Télécoms sont perçus comme de mauvais perdants. Ils doivent faire preuve d’une grande capacité à encaisser des coups. Les Télécoms traditionnelles  doivent chercher à comprendre à quoi est dû le succès des OTT et se préparer à  affronter leurs rivaux qui offrent des plates-formes de communication, services et contenus via smartphones, tablettes et téléviseurs connectés à Internet.

A l’heure actuelle, les  plus forts d’entre eux sont : Amazon, Apple, Facebook, Google et Microsoft, qui servent plus de quatre milliards de clients. Ces rivaux modernes sont dotés d’une capitalisation boursière totale de plus de 900 milliards USD.

L’opinion publique actuelle leur est favorable avec leurs  capacités d’innovation très au-dessus du lot, des taux de croissance à couper le souffle et d’importantes réserves de trésorerie. Mais est-ce suffisant pour menacer et faire chavirer les opérateurs télécoms traditionnels?

Comme nous l’avons écrit dans notre précédente présentation, ces cinq géants jouissent certainement d’un certain nombre d’avantages : des liens étroits avec leurs clients, les écosystèmes de services personnalisés faciles à utiliser et, de plus en plus, une volonté de la part des clients de payer pour ces services.

Mais le plus important ils sont perçus comme un lieu d’abondance où tout est offert gratuitement. Ils ont réussi à vendre une idée d’abondance par opposition à la perception de rareté (le vol de minute ou de mégabyte est, à ce niveau, considéré comme une  rareté également)  que projettent les opérateurs Télécoms.

L’un d’entre eux n’affiche-t-il pas sur sa page d’entrée: “ C’est gratuit. Et ça restera gratuit.” ? Les opérateurs Télécoms doivent comprendre qu’on ne combat pas une perception d’abondance avec une perception de rareté.

L’illustration de cette perception de rareté que vendent nos opérateurs Télécoms est, par exemple ce message diffusé par l’un d’entre eux sur son réseau en Haïti : “ Voye 1 SMS peye epi wap gen 200 SMS gratis pou you jounen” (Envoyez 1 SMS paye et vous aurez 200 SMS pour une journée).

Pourquoi limiter à 200 SMS alors qu’on aurait pu parler, sans aucun risque,  d’illimité et de gratuité ? En effet 200 SMS par jour, pour une grande majorité de gens, c’est déjà la gratuité et l’illimité.

Cependant la bataille n’est pas perdue d’avance pour les opérateurs Télécom car l’accès à large bande- le pilier de l’entreprise aujourd’hui les opérateurs télécoms traditionnels – restera pendant longtemps encore la pierre angulaire de la communication numérique fixe et mobile.

Le client achète des écosystèmes…..

Que faire ?  D’abord les opérateurs Télécoms doivent comprendre comment cela fonctionne. Le monde  des Télécoms a changé .Aujourd’hui le client n’achète pas l’accès, il achète des écosystèmes de services. Dans l’avenir, notre communication tournera autour de plates-formes de médias sociaux, dominés par les entreprises de l’Internet tels qu’Apple, Facebook et d’autres qui n’existent pas encore.

Le projet de visiophonie Google+ lancé en 2011 montre la voie à suivre pour les environnements de communication intégrées, la construction d’un réseau personnel ou organisationnel, mis en place la téléphonie, la messagerie, le courrier, le chat ou des liens vidéo au clic d’un bouton.

Cela va naturellement affecter les flux de revenus des compagnies de téléphone. Voice over IP (VoIP) rend moins indispensable les communications au travers  des opérateurs Télécoms traditionnels.

En effet les applications gratuites de chat remplacent favorablement des services tels que la messagerie texte. Même la visiophonie en ligne est en train d’émerger comme un service gratuit.

Les tarifs appliqués aux services des données ne peuvent pas compenser une partie des  pertes. Ces écosystèmes sont où nos jeunes viennent pour rencontrer des amis, acheter de la musique, publier des nouvelles et  payer pour les achats en ligne. Alors, pourquoi devraient-ils quitter leur «maison» familier, leur environnement juste pour communiquer en utilisant une ligne téléphonique de  Digicel ou de Natcom?

Pour rivaliser avec les cinq géants: Amazon, Apple, Facebook, Google et Microsoft, et autres OTT tels que Vonage , Viber les opérateurs Télécoms ont besoin  d’étendre leurs tentacules et occuper de plus en plus de territoire de service. Ils ont besoin de comprendre chacun de leurs  clients, de leurs réseaux et leurs préférences.

La bonne nouvelle pour les opérateurs Télécoms traditionnels  est que personne n’a autant d’informations que les compagnies de téléphone aujourd’hui.

La mauvaise nouvelle est que personne ne fait aussi peu avec elles (les informations). Ils ne semblent guère en mesure d’utiliser ces connaissances pour personnaliser ventes et services.

Ce n’est pas le cas pour les cinq acteurs de l’Internet. Amazon (300 millions de consommateurs), Apple (plus de 250 millions iOS installés), Facebook (2 milliards d’utilisateurs), Google (plus d’un milliard d’utilisateurs de moteurs de recherche, 200+ millions (plus de 660 millions d’utilisateurs « Androids ») et Microsoft Skype). Ils ont nos données et ils n’ont pas peur de les utiliser.

Cette personnalisation  les rend indispensable. Ils sont nos compagnons quotidiens, car la quasi-totalité d’entre nous utilisent leurs services. Ils battent également les opérateurs télécoms en matière de finances et de l’innovation – un fait que les marchés boursiers ont récompensé avec des augmentations considérables de prix de leurs actions dans certains cas.

La mauvaise qualité de service, une arme redoutable contre les OTT……..

De fait on peut considérer qu’à l’intérieur de l’écosystème télécommunication-medias-technologies, le modèle traditionnel des fournisseurs  d’infrastructures (câbles, télécommunications, satellites….)  représenté en Haïti par nos deux opérateurs Natcom et Digicel n’est pas seulement en concurrence avec celui des réseaux sociaux ou communautaire. Pour  la distribution des contenus et le contrôle de l’accès aux usagers il est en compétition avec trois autres :

  • Le modèle d’édition/agrégation de contenus des radiodiffuseurs
  • Le modèle des équipementiers (Apple, Samsung…..)
  • Le modèle des moteurs de recherche (Google, Bing,…..)

Le modèle traditionnel est essoufflé. Il semble avoir atteint ses limites.  Tous les grands opérateurs traditionnels à travers le monde en sont conscients et cherchent des alternatives. AT&T aujourd’hui s’appuie aujourd’hui sur le réseau de Mac Donald pour reprendre soufre. Bell au Canada s’associe à DirectTV afin de garder le cap, car la croissance de la connectivité internet  met de plus en plus  à  mal  ce modèle financièrement   . En Haïti nos operateurs se protègent avec une base de clientèle 2G couplée à un portefeuille électronique que l’un d’eux garde  jalousement. Mais pour se defender réellement  ils ne s’embarrassent pas de moyens. Ils ont des armes redoutables : Une très mauvaise qualité du service d’accès à l’internet, la passivité du régulateur Télécom et la complicité de l’Etat.

Il n’y a pas de cloisonnement ou de séparation étanche entre les différents modèles. Par exemple Natcom et Digicel ne sont pas des équipementiers mais cela n’empêche pas pour autant qu’ils offrent à leurs clients des téléphones bloqués afin de contrôler et limiter l’accès. Les radiodiffuseurs haïtiens sont parmi ceux qui sont les plus critiques envers les réseaux sociaux, cependant ils sont tous présents sur Facebook ou Tweeter.

Un model caribéen est possible….

Cependant avec un peu plus de huit (8) millions de clients dans la Caraïbes, Digicel en particulier devrait être en mesure de créer son propre modèle : un modèle caribéen et latino-américain de diffusion de contenus..

Pour cela il faudrait qu’elle s’inspire d’un certain nombre de grands principes qui ont  irrigués la  pensée des responsables des cinq géants du secteur identifiés précédemment.

En effet  dans toute l’histoire des Etats-Unis, même au moment des plus grandes controverses ou tensions politiques comme celle que l’Amérique a connu récemment avec l’élection de Donald Trump à la présidence des USA , les responsables de Apple, Amazon, Facebook, Google, et Microsoft se sont toujours gardés  de toute implication ouverte dans la politique américaine.

Ils n’ont pas cherché à aider des groupements politiques à contrôler frauduleusement des élections aux USA  afin d’empêcher et contrarier toute réforme du secteur et maintenir la majorité du peuple américain hors du jeu politique.

Lors des élections de l’an 2000 aux USA, lorsqu’on a parlé de fraude électorale à Miami, personne n’a osé citer leurs noms. Au contraire ils sont perçu comme ayant un parti pris favorable  pour le peuple américain et n’hésitent pas à mettre en jeu leur propres intérêts pour défendre les droits de leurs clients(le peuple américain) lorsque ceux-ci sont menacés par l’Etat (Exemple : le cas de Apple qui a refusé de donner au FBI le code d’accès du IPhone d’un de ses clients).

En d’autres termes,  si nos operateurs téléphoniques décident de  faire le choix du modèle qui a été présenté par le journaliste Robenson Alphonse  comme étant « insoutenable mais qui survit grâce à un système politico-médiatique, à un establishment qui, au fond, sont antinationaux », ce n’est pas par faute de bons exemples et d’alternatives. ( Mesye yo granmoun, yo mennen bisnis yo jan yo vle)

Nous y reviendrons dans la dernière partie de notre présentation, après celle qui sera entièrement consacrée au modèle de distribution de contenus de la radiodiffusion.

Cependant ce choix n’est pas seulement en relation avec les risques technologiques et concurrentiels, il dépend aussi de la réponse qui peut être apportée à cette  problématique financière engendrée par la structure du capital du principal opérateur du marché.

….. Et Digicel parle de l’endettement et des marchés de Digicel…..

A ce sujet nous avons entendu jusqu’à présent  le point de vue de CreditSights, une institution dont la voix fait autorité sur le marché global de crédit, celui des agences de notations de crédit mondialement reconnues Fitch, et  Moody’s, il est arrivé le moment d’exposer le point de vue de l’intéressé lui-même à propos des risques liés à la structure de son capital et à l’environnement politique social et économique dans  certains marchés où il opère ,dont celui de notre pays.

Digicel, après avoir détaillé les risques relatifs aux  changements technologiques et à la concurrence  ainsi que ceux relatifs à la législation et à la réglementation auxquels elle est exposée, admet, dans l’offre faite en 2015 à la bourse de New York (NYSE), les faits suivants :

Le niveau substantiel de son endettement  pourrait avoir des conséquences négatives importantes. Par exemple, il pourrait:

• exiger que Digicel consacre une grande partie de ses flux de trésorerie aux activités d’exploitation pour financer les paiements sur sa dette, réduisant ainsi la disponibilité des flux de trésorerie de Digicel pour financer le fonds de roulement, les dépenses en immobilisations et d’autres activités générales;

• accroître la vulnérabilité de Digicel à des conditions générales économiques ou industrielles défavorables;

• limiter la flexibilité de Digicel dans la planification ou la réaction à des changements dans son activité ou dans l’industrie dans laquelle Digicel opère;

• limiter le montant de la trésorerie disponible pour les paiements de dividendes en espèces;

• limiter la capacité de Digicel à accroître la dette supplémentaire ou le capital social à l’avenir ou augmenter le coût de ce financement;

• restreindre la capacité de Digicel à faire des acquisitions stratégiques ou à exploiter des opportunités d’affaires;

• rendre plus difficile les moyens de satisfaire ses obligations en ce qui concerne les accords régissant la dette existante de Digicel;

• placer Digicel dans un désavantage concurrentiel par rapport à ses concurrents qui ont moins de dettes.

Digicel note dans ce même document  qu’une augmentation significative de son endettement net pourrait entraîner des changements dans les termes sur lesquels le crédit est donné à Digicel

« Une augmentation significative de l’endettement net de Digicel pourrait entraîner des modifications des termes sur lesquels les banques et les fournisseurs sont prêts à accorder leur crédit à Digicel. Par exemple, cela pourrait augmenter les coûts de financement de Digicel ou faire en sorte que Digicel soit obligée de procéder à un remboursement anticipé de certaines de ses dettes, ce qui pourrait avoir un effet défavorable important sur les activités, la situation financière et les résultats d’exploitation de Digicel.

 

Le fait de ne pas rivaliser efficacement avec nos concurrents existants et de s’adapter à la nouvelle concurrence et aux nouvelles technologies ou à ne pas mettre en œuvre notre stratégie commerciale tout en maintenant nos activités existantes pourrait entraîner une perte de revenus et une baisse de rentabilité, une diminution de la valeur de notre activité et une baisse de nos cotes de crédit, ce qui pourrait restreindre notre accès aux marchés de capitaux.
Digicel et ses filiales pourraient être en mesure d’engager beaucoup plus de dettes.

Sous réserve des restrictions dans les contrats régissant les billets de premier rang en circulation de Digicel et dans d’autres instruments régissant la dette en souffrance de Digicel, Digicel et ses filiales pourraient encaisser une dette additionnelle importante à l’avenir, y compris la dette garantie.

Bien que les termes des contrats régissant les billets de premier rang en circulation de Digicel et les instruments régissant certaines autres dettes impayées de Digicel contiennent des restrictions sur la création d’une dette supplémentaire, ces restrictions sont assujetties à un certain nombre de qualifications et exceptions importantes et à la dette contractée conformément à ces Les restrictions pourraient être importantes.

Dans la mesure où une nouvelle dette est ajoutée aux niveaux d’endettement actuels de Digicel, les risques substantiels liés au levier décrits ci-dessus augmenteraient. Par exemple, Digicel devra utiliser une partie des flux de trésorerie futurs des activités d’exploitation pour réparer le principal et les paiements d’intérêts

 

Sur l’endettement de Digicel, qui réduira les fonds disponibles pour les opérations, y compris les investissements en capital et les dépenses d’entreprise. L’endettement de DIGICEL impose des restrictions à ses activités qui limitent sa capacité à prendre certaines mesures, y compris le paiement de dividendes. Les différents instruments de dette auxquels Digicel est partie contiennent des clauses restrictives à des entreprises qui sont liées Digicel et limitent sa souplesse dans l’exploitation de ses activités.

Le document stipule plus loin :

« Toute limitation de la capacité de Digicel à sécuriser un capital supplémentaire, à poursuivre ses arrangements financiers existants ou à refinancer les obligations existantes pourrait limiter la liquidité de Digicel, sa flexibilité financière ou ses flux de trésorerie et affecter sa capacité à exécuter ses plans stratégiques, ce qui pourrait avoir un effet défavorable important sur Digicel Les entreprises, les résultats d’exploitation et la situation financière. Une baisse de nos cotes de crédit pourrait avoir une incidence négative sur notre capacité d’accès au capital et d’augmenter le coût de nos facilités de crédit et de toute nouvelle dette. Défaut de concurrencer efficacement nos concurrents existants et de s’adapter à de nouveaux La concurrence et les nouvelles technologies ou l’échec de la mise en œuvre de notre stratégie commerciale tout en maintenant notre activité existante pourrait entraîner une perte de revenus et une baisse de rentabilité, une diminution de la valeur de nos activités et une réduction de nos cotes de crédit, ce qui pourrait restreindre notre accès aux marchés des capitaux. Digicel opère sur certains marchés jugés politiquement et économiquement instables, ce qui pourrait avoir une incidence négative sur ses opérations.

Par rapport à la situation politique et économique de certains marchés où il opère, dans ce même document mentionné plus haut, Digicel écrit (Notez les non-dits pour le cas haïtien) :

 

«  Digicel opère sur certains marchés jugés politiquement et économiquement instables, ce qui pourrait avoir une incidence négative sur ses opérations ».

 

Digicel a actuellement des participations dans les opérations de télécommunications sans fil dans 24 marchés dans la région des Caraïbes, six dans le Pacifique Sud et deux en Amérique centrale. Digicel est assujettie à la réglementation gouvernementale de chaque marché. Les gouvernements de ces marchés diffèrent considérablement en fonction de la structure, de la constitution et de la stabilité et certains de ces pays ne disposent pas de systèmes juridiques et réglementaires matures. Des changements politiques, de sécurité et économiques récents ont entraîné une incertitude politique et réglementaire dans certains pays où opère Digicel. Certains de ces pays ont éprouvé une instabilité politique, de sécurité et économique dans le passé récent et peuvent avoir de l’instabilité à l’avenir. En outre, certains pays dans lesquels Digicel opère, comme Haïti ou dans lesquels Digicel peut opérer à l’avenir, font face à des défis importants liés au manque ou à la mauvaise condition de l’infrastructure physique, y compris le transport, la production et la transmission d’électricité.

Par exemple:

  • La Jamaïque a des ratios de dette publique / PIB très élevés avec une dette publique autour de 140% du PIB, ses cotes de crédit ont été déclassées par Standard & Poor’s et Moody’s et ont eu des difficultés à gérer leur dette publique à la fin de 2009. En février 2010, le Fonds monétaire international («FMI»), a approuvé un prêt de 1,3 milliard de dollars à la Jamaïque et la Jamaïque a effectué une offre d’échange de sa dette afin de réduire ses paiements d’intérêts. Le 31 octobre 2011, Standard & Poor’s a abaissé ses perspectives de la Jamaïque de stable à négative. Les coûts de service de la dette de la Jamaïque restent élevés, ce qui entrave la capacité du gouvernement de dépenser des fonds sur les infrastructures et d’autres programmes, ce qui pourrait avoir un effet défavorable important sur l’activité économique du pays et les activités de Digicel. Le 12 février 2013, la Jamaïque a lancé une deuxième offre d’échange de créances afin de réduire davantage ses paiements d’intérêts. En conséquence, Standard & Poor’s a abaissé sa notation de crédit pour la Jamaïque à un défaut sélectif et Fitch a réduit la cote de crédit souverain de la Jamaïque à C. Alors que Standard & Poor’s a relevé la cote de crédit souverain de la Jamaïque à B- en septembre 2013 et à B en juin 2015 Aucune assurance que les déclassements ne se reproduiront plus à l’avenir.
  • En outre, l’inflation en Jamaïque a augmenté et le taux de change a continué sa dépréciation progressive par rapport au dollar américain. Au 31 mars 2015, le dollar jamaïcain s’était déprécié de 9,1% par rapport au dollar américain au cours d’une période de douze mois, ce qui a affecté les revenus de Digicel pour l’exercice terminé le 31 mars 2015.
  • Haïti a connu une instabilité importante qui pourrait se poursuivre. Les conditions en Haïti ont été exacerbées par le tremblement de terre en janvier 2010, qui a causé des dégâts considérables dans la capitale du pays, à Port-au-Prince et dans les régions avoisinantes et, plus récemment, au choléra et aux ouragans. La reprise à long terme d’Haïti dépend de l’aide étrangère, ce qui peut ne pas être suffisant pour répondre aux besoins du pays, ce qui pourrait nuire aux activités de Digicel.
  • En 2006, l’armée des Fidji a repris le gouvernement et le pays n’a pas tenu d’élections démocratiques jusqu’au 17 septembre 2014.
  • En Papouasie-Nouvelle-Guinée, des élections nationales réussies se sont tenues en juillet 2012 (nonobstant une certaine violence locale) et des rivaux politiques ont maintenant formé un gouvernement de coalition, alors que certains anciens ministres sont maintenant en opposition. Cependant, l’environnement politique en Papouasie-Nouvelle-Guinée reste fluide et peut faire l’objet d’un changement rapide. »

 

Tout compte fait nous ne sommes pas les seuls  à nous inquiéter de  la tournure que pourrait prendre les évènements dans certains marchés du secteur des Télécoms  dont celui de notre pays. Cependant il n’est pas certain que les responsables du secteur  soient conscients de l’état d’une situation   que sont venus compliquées  des élections contestées au bout desquelles  des opérateurs   sont sortis renforcés par rapport aux « responsabilités » qu’elles ont prises. La semaine dernière encore on en a eu la preuve avec des acteurs au niveau de la AAN (Autorité Aéroportuaire Nationale) et du secteur de la distribution du carburant qui ne se sont pas gênés pour entrer en conflit ouvert avec l’Etat.

Pour notre part nous avons pris toute la mesure de la situation grâce à ce document de plus d’une centaine de pages (l’offre de la Digicel  à la bourse de New York en 2015 , avant son retrait) dont nous avons eu la chance de consulter et dont nous avons voulu partager certaines  parties avec nos lecteurs.

Nous avons souligné également que la mauvaise qualité des services  télécoms et ceux de l’accès internet, en particulier, constituent  une arme redoutable entre les mains de nos operateurs dans leur lutte pour contrer  les services OTT et minimiser les pertes de revenus.

Aussi lorsque le journaliste Robenson Geffrard nous a annoncé sur son compte Tweeter  que le Conatel va auditer la Natcom et Digicel afin de les forcer à améliorer la qualité de service, j’ai immédiatement pensé  à la promesse faite pour l’électricité dans les 24 prochains mois et me suis demandé : Auditer les opérateurs Télécom,  est-ce la forme que prendra la « caravane  du changement »  dans le secteur des Télécommunications en Haïti ?

Cependant la réalité que nous avons décrite jusqu’à présent indique, malheureusement ou heureusement dépendamment du lieu politico-social et économique dans lequel vous situez, que nous sommes beaucoup plus proches d’un  « changement sans caravane ».    .

 

 

Montaigne Marcelin

Juillet 2017

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