Le match « retour » entre Haïti et le Nicaragua, inscrit dans le cadre qualificatif de la CONCACAF pour la Coupe du monde 2026, coïncide avec une date qui porte un poids singulier : le 18 novembre, anniversaire du dernier affrontement décisif de 1803. Cette rencontre sportive se déroule sous la mémoire d’une victoire fondatrice et sous l’ombre portée d’un pays qui, malgré les obstacles institutionnels contemporains, continue de chercher un horizon collectif.
La sélection haïtienne connaît les faiblesses de son adversaire : elle l’a déjà dominé par le passé, confirmant que le football peut devenir l’espace où la nation affirme sa dignité là où les pouvoirs politiques échouent. Ce duel offre ainsi une scène où se réaffirme la fierté d’un peuple souvent privé d’arène institutionnelle, mais toujours capable d’exprimer une cohésion lorsqu’il porte le bicolore.
L’enjeu sportif dépasse l’accès à un tour supplémentaire. Il touche la possibilité d’inscrire Haïti dans une trajectoire ascendante, presque mythique, qui renvoie au souvenir de 1974, lorsque la sélection rejoignit le Mondial et projeta l’image d’une nation encore sûre de sa capacité d’émerger. Chaque match de qualification ravive ce souvenir et rappelle une ambition légitime : revendiquer une place parmi les grandes équipes de la région.
Dans ce contexte symbolique, le match de ce mardi soir prend les allures d’une épreuve nationale où l’histoire, la mémoire et le sport se rencontrent. Si Haïti parvient à s’imposer, cette victoire irait bien au-delà du terrain : elle deviendrait un signe d’endurance collective, un rappel que le pays garde encore en lui la faculté de franchir les lignes, de dépasser les limites et de viser un retour attendu sur la scène mondiale depuis cinq décennies.

