18 novembre 2025
Haiti – Insécurité & Incompétence : le Conseil Présidentiel dépassé
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Haiti – Insécurité & Incompétence : le Conseil Présidentiel dépassé

Le problème de l’insécurité en Haïti dépasse largement les compétences du Conseil présidentiel. Même dans le domaine le plus élémentaire — la maîtrise du territoire par la force — cet organe a échoué. Or, pour réussir dans ce secteur stratégique, il faut de l’intelligence, une capacité d’analyse et une vision claire. La première démarche aurait dû être une évaluation rigoureuse : combien d’habitants compte le pays ? Combien de policiers par habitant ? Combien de soldats au sein de la Force armée d’Haïti ? Vous n’avez pas besoin d’être un expert pour constater la gravité du déséquilibre.

Haïti compte aujourd’hui plus de 12 millions d’habitants. Pourtant, la Police Nationale d’Haïti (PNH) dispose environ de 13 000 policiers inscrits, mais dans les faits seulement environ 9 700 policiers sont réellement actifs sur le terrain. Aucun pays fonctionnel au monde ne peut assurer la sécurité intérieure avec un tel ratio de protection.

Quant à l’armée, les Forces armées d’Haïti (FAd’H) comptent aujourd’hui environ 2 000 soldats, alors qu’il suffit de trois à six mois pour former un militaire apte au service dans la majorité des pays. Où en sommes-nous ? Pourquoi refuse-t-on d’intégrer massivement la jeunesse dans la solution nationale ? Pourquoi Haïti ne disposerait pas d’une armée de 32 000 hommes ? Pourquoi pas une police comptant au moins 20 000 agents ? Ce refus de construire des institutions fortes traduit la présence d’une élite égoïste, cynique, incapable de penser le pays au-delà de ses intérêts privés.

Au-delà de l’aspect sécuritaire, les grands penseurs démontrent que la lutte contre l’insécurité passe aussi par l’économie. Mais quelle est la situation économique d’Haïti ? Le pays fonctionne sous une économie asphyxiée, confisquée par une bourgeoisie monopolistique. L’État, lui, ne possède aucune vraie politique d’emploi. Les jeunes sont exclus, abandonnés, alors même qu’un recrutement massif dans la police ou l’armée permettrait de créer des milliers d’emplois, de réinsérer une génération et de stabiliser la société.

Sur le plan social, la famille est menacée, les valeurs républicaines se dégradent. La Télévision Nationale d’Haïti, qui devrait être le principal instrument de diffusion des valeurs culturelles, citoyennes et morales, est démolie et abandonnée. Par quel canal, alors, les valeurs sociales, républicaines et éthiques doivent-elles circuler ? Quelle politique de communication sociale l’État propose-t-il ?

Soyons sérieux. Les élites politiques, religieuses et économiques doivent comprendre qu’un pays ne peut pas fonctionner ainsi. Haïti ne pourra pas sortir de l’effondrement sans une réforme profonde, structurelle, et sans une volonté réelle d’intégrer sa jeunesse dans la construction de la sécurité, de l’économie et des institutions.

Alceus Dilson, Communicologue, Juriste

Alceusdominique@gmail.com

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