Suicide ? Ennuis de santé ? Persécutions politiques dues à la hantise aux questionnements sur la gestion de FAES et tous ses programmes de Ti Manman Chéri; Katyé Papm Pozé, Koré Etidyan…Un fait est certain, avec le départ prématuré de M. Eberwein, en ce qui a trait à la gestion des fonds de Pero Caribe, plusieurs questions resteront maintenant pendantes et sans réponses. A qui profitera cette perte ?
par Kamélien André
Port-Salut, mercredi 12 juillet 2017 ((rezonodwes.com)).-Klaus Eberwein est mort. On dit qu’il se serait suicidé. La nouvelle se répand comme une trainée de poudre, les réseaux sociaux (Facebook, Whattsapp) aidant. Si dans un premier temps, on l’a assimilé à une intox de plus, la rumeur s’est vite confirmée par la suite. Le professionnel aguerri, le Directeur Général « High Tech » qui a tenu les rênes de FAES pendant trois ans est bel et bien passé à l’Orient Éternel. Au-delà des pleurs et des condoléances émues, il y a lieu de ne pas isoler ce suicide du contexte politico-administratif actuel. Et c’est en ce sens que cette mort regrettable peut se révéler riche en enseignements pour ceux qui assument aujourd’hui des fonctions proéminentes au sein de l’Etat Haïtien.
Il n’est pas superflu de rappeler que Klaus Eberwein était dans le collimateur de la Commission Spéciale présidée par le Sénateur Évalliére Beauplan et chargée d’approfondir l’enquête menée par la Commission Éthique et Anticorruption du Sénat sur la gestion des Fonds Petro Caribe. En effet, dans le cadre des auditions programmées par cette commission spéciale, Klaus Eberwein était invité au Sénat. Pour avoir dirigé le FAES pendant trois ans, il était détenteur d’informations pouvant aider à l’approfondissement de l’enquête.
Rien de grave qu’un ancien haut responsable vienne faire la lumière autour de sa gestion. Au contraire, c’est une démarche qui raffermit le jeu démocratique et institutionnel. Cependant, lorsqu’on a dilapidé les fonds publics, lorsqu’on n’est pas en odeur de sainteté, lorsqu’on a de quoi se reprocher, toute perspective d’audition est une hantise quotidienne, un spectre grimaçant qui enlève le sommeil. Et pour ceux qui n’ont pas les nerfs solides, le suicide peut bien être l’ultime refuge.
Ce qu’il faut craindre aujourd’hui, c’est une série de suicide ramenant à zéro le nombre des anciens gestionaires des Fonds PetroCaribe encore en vie. En ce sens, l’Etat Haïtien a l’impérieux devoir de porter une assistance psychologique particulière à tous ceux et à toutes celles qui sont attendues en audition par devant la Commission Spéciale que dirige l’Honorable Évalière Beauplan. Car, si sous l’impulsion d’un effet domino les anciens comptables de deniers publics indexés par le Rapport Petro Caribe se suicident, mauvaise conscience aidant, ce sera une perte préjudiciable au triomphe de la vérité.
Entretemps, à tous ceux qui assument une responsabilité au plus haut niveau de l’État, le message est clair : « la prudence est de rigueur. »
C’est triste de voir s’écrouler en une seconde tout cet échafaudage technique et intellectuel édifié avec finesse par un jeune dynamique. Les capitaux à la fois culturel, économique, social, symbolique et politique de Klaus Eberwein s’envolent en fumée. Et sans vouloir s’ériger en devin, on y voit la conséquence d’un mal moral, d’une conscience troublée, l’ombre d’un malaise existentiel.
Au delà de la mort d’un homme (Klaus Eberwein), pleurons la mort de l’Homme (qui est mort, ça fait longtemps déjà). L’Homme générique dont la quintessence coincide avec l’intégrité, le sens de l’honneur, de l’ordre, le sens du service public. Cet Homme (générique) est une espèce en voie de disparition dans le pays aujourd’hui. Et nous payons encore les frais de cet état de fait.
Pour revenir au cas d’Eberwein, nous réitérons notre demande d’assistance psychologique pour ceux qui doivent répondre aux questions du Sénateur Évallière Beauplan. L’enquête doit aboutir. Et ceci, pour la vitalité de notre démocratie naissante.
Souhaitons à Klaus Eberwein une bonne traversée dans les sphères substiles si son karma le lui permettra bien. Et ayons une pensée spéciale pour Wilson Laleau, Laurent Lamothe, Jean Max Bellerive et tous ceux qui ont géré les Fonds PetroCaribe.
Il y a des vivants qui sont déjà morts et des morts qui sont encore vivants. Que nos actes nous permettent de vivre même au delà de la mort.
Au-delà de la mort de Klaus Eberwein …
Khamélien ANDRÉ
Port-Salut, 12 Juillet 2017
khamelienandre@gmail.com