Ariel Henry : Un traître à la Primature, saboteur des projets nationalistes en faveur d’Haïti

0
1871

Edito de Haiti-Observateur | Un autre dialogue de coquins, cette fois à la Jamaïque !

Ariel Henry n’a pas les qualités requises pour être placé au timon des affaires publiques, voire pour conduire de nouvelles négociations inter-haïtiennes, surtout en terre étrangère. L’hebdomadaire Haiti-Observateur a publié un éditorial intitulé « Un autre dialogue de coquins, cette fois à la Jamaïque ! », qui fait le récit d’un forum inter-haïtien qui s’est déroulé à Kingston, en Jamaïque, du 11 au 13 juin. L’objectif de cette réunion était de discuter des moyens de résoudre la crise multidimensionnelle en Haïti, et elle a réuni un nombre important de citoyens haïtiens de différentes catégories sociales et politiques, ainsi que les anciens chefs de gouvernement de trois pays du groupe CARICOM. Cependant, l’éditorial souligne que rien n’avait laissé croire que ces négociations allaient aboutir, en raison des ambitions démesurées du Premier ministre de facto, Ariel Henry et de ses acolytes André Michel, edmonde Beauzile, Saurel Jacinthe…

Un nombre important de citoyens haïtiens, de toutes les catégories sociales et politiques, a séjourné à Kingston, Jamaïque du 11 au 13 juin, à l’invitation du Premier ministre jamaïcain, afin de discuter des moyens de résoudre la crise multidimensionnelle d’Haïti. Les anciens chefs de gouvernement de trois pays du groupe CARICOM en ont profité de l’occasion pour orienter le dialogue inter-haïtien vers une issue heureuse. Mais rien avait autorisé à croire que ces négociations entre Haïtiens, dont l’expérience a été faite récemment au pays, au moins deux fois, mais aujourd’hui transférées à l’étranger, allaient aboutir. Surtout que le Premier ministre de facto a annoncé la couleur, au lendemain de la conférence de presse de la Gouverneure Salvador.

Dans son discours inaugural, Ariel Henry semble rejeter au loin les ambitions de plusieurs participants haïtiens en faisant de l’organisation des élections-bidons sa priorité numéro un. Dans la mesure où les conditions sécuritaires ne favorisent guère une telle démarche, la joute sur laquelle insiste la communauté internationale, le vrai patron de cette rencontre, cet objectif est carrément projeté très loin dans le futur, puisqu’il faut donner le temps nécessaire pour que soit établi un climat favorable à la tenue d’élections « libres, démocratiques, pacifiques et inclusives ». Des mensonges à faire dormir debout.

Ambitionnant de rester au pouvoir, le neurochirurgien se fait partie prenante des plans des pays tuteurs pour Haïti refusant toute administration bicéphale conformément à la Constitution et aux lois de la République. C’est sans doute la raison qui porte l’occupant de la primature à défendre servilement les intérêts du CORE Groupe regroupé derrière les États-Unis. Autrement dit, aucun doute, Ariel Henry représente un traître planté à la primature pour déjouer les projets nationalistes conçus au profit d’Haïti. Voilà ce qui explique les fausses promesses qu’il ne cesse de faire depuis déjà plus de deux ans.

Présent à la Jamaïque, le Premier ministre de facto, dans son discours de circonstance, n’a pas manqué de rassurer ses patrons quant à son agenda. Aussi, dans ce même discours a-t-il étalé le programme élaboré d’avance par ces derniers, qu’il n’a cessé de souligner dans ses interventions publiques aussi bien que dans ses politiques.

Si les autres participants de cette rencontre opposés aux objectifs d’Ariel Henry s’imaginaient que les discussions menées sous la baguette des hommes politiques caraïbéens leur laissaient des marges de manœuvre, qu’ils arrêtent de se leurrer. Car, dimanche, à la capitale de la Jamaïque, ce dernier s’est prononcé sur les limites des discussions. En tout cas, en ce qui concerne ses objectifs et ceux de ses patrons, s’exprimant comme si ses hôtes en étaient déjà au courant.

En effet, selon lui, nonobstant les ambitions des autres acteurs, les paramètres de ces pourparlers doivent porter exclusivement sur le remaniement du gouvernement. Comme pour rassurer les uns et les autres, il a précisé : « L’engagement a été pris devant la nation de procéder à un remaniement au sein du gouvernement. Ce sera fait. La promesse a été faite de procéder à des réformes au niveau de la haute administration publique. Ce sera fait. Des changements significatifs ont été annoncés pour mettre de l’ordre dans la diplomatie. Ce sera fait. La garantie a été donnée que certains agents intérimaires dans les collectivités locales seront remplacés, ça aussi sera fait ».

Se déclarant encore à la poursuite des objectifs établis dans l’accord du 21 septembre 2021 et du 21 décembre 2022 restés sans effet, il invite les acteurs à se joindre à lui pour trouver collectivement la solution à la crise. Raisonnant comme l’autruche, il se croit autorisé à lancer cet ultime appel aux récalcitrants : « Aujourd’hui, une fois de plus, au nom du gouvernement, je tends une main fraternelle à chacun de vous et je vous invite à venir travailler avec nous pour conduire ensemble tous ces changements que je viens de mentionner ».

Mais Ariel Henry donne l’impression de couver une anomalie, qui le rendrait inapte, dans tout pays normal, de piloter la destinée d’une nation. Une telle étrangeté devrait attirer l’attention des partenaires étrangers. Quoi qu’on dise et fasse, en matière de politique nationale, il oublie le soir ce qu’il a dit le matin. Car les engagements qu’il vient de prendre, dimanche, à Kingston, il les avait déjà énoncés à plusieurs reprises, et de manière formelle, dans le cadre de deux précédents accords, ceux de septembre 2021 et l’autre, plus récent, du 21 décembre 2022. Nous ne pouvons pas ignorer les conflits qui ont surgi, d’une part, entre Ariel Henry et les secteurs ayant refusé de s’embarquer dans ses « accords », par présomption de ses velléités de faire durer son pouvoir ; et, d’autre part, avec des adhérents rendus, par la suite, à l’évidence de telles ambitions.

Cette tendance, dangereuse, chez le chef du gouvernement de facto pourrait bien être la source des conflits sociopolitiques qu’il provoque, la faille qu’il porte l’empêchant d’avoir le comportement d’un homme d’État resté prisonnier de la parole donnée. Ou d’un dirigeant avisé soucieux d’afficher une attitude équilibrée dans l’objectif d’assurer la paix chez les partenaires. Ce travers constaté dans la conduite du Dr Henry s’est encore affiché dans son revirement, par rapport aux démarches qu’il a menées assidûment auprès de la communauté internationale, par le truchement du secrétaire général des Nations Unies, pour qu’une force militaire mixte soit déployée en Haïti, en aide à la Police nationale débordée par les gangs armés. Car il a désavoué sa propre requête adressée à M. António Guterres, en octobre 2022, lors du sommet de deux jours du Haut Conseil de la transition (HCT), soit les 24 et 25 mai, en disant qu’il n’avait jamais produit de demande de l’intervention d’une force étrangère en Haïti. Pourtant, l’incohérence – ou déséquilibre mental – aidant, le 9 juin 2023, il a annoncé qu’il allait relancer cette demande auprès du secrétaire général de l’ONU dans une nouvelle lettre.

À la lumière de tous ces faits, Ariel Henry n’a pas les qualités requises pour être placé au timon des affaires publiques, voire pour conduire de nouvelles négociations inter-haïtiennes, surtout en terre étrangère. En attendant que soient révélés les motifs de ceux qui sont à l’origine de cette rencontre, on peut encore se féliciter que tous les dirigeants de la Caraïbe anglophone n’adhèrent pas tous à cette initiative mort-née. Par exemple, Ralph Gonsalves, Premier ministre de Saint Vincent et Grenadines, a réitéré sa position relative à l’illégitimité d’Ariel Henry en boudant cette réunion. C’est aussi le cas d’Evelyn Wever-Cross, Première ministre d’Aruba et Barbuda, depuis l’année 2017. Les deux avaient également boycotté la réunion organisée par la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, aux Bahamas, qui s’était tenue trois jours plus tôt.

Cela prouve, sans aucun doute, que tous les États de la Caraïbe ne constituent pas un bloc monolithique derrière les objectifs de la communauté internationale pour Haïti. Au bout du compte, vu les conditions posées d’avance, à la rencontre de la Jamaïque, du 11 au 13 juin, il ne s’est produit qu’un dialogue de sourds. Et rien d’autre ! Mais il faut s’attendre encore plus à ce qu’éclatent des contradictions révélatrices de la vraie nature d’Ariel Henry à ses supporteurs.

Source : Haiti-Observateur [ Editorial du 14 au 21 juin 2023 \ VOL. LIII, No. 21 New York

caricature : Prof. Castro Desroches

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.