Vendredi 16 juin 2023 ((rezonodwes.com))–
Le dollar américain circulant aujourd’hui au niveau de la Banque de la République d’Haïti (BRH), des banques commerciales et du marché informel est essentiellement celui provenant des transferts de la diaspora, car Haïti produisant très peu et vendant presque également très peu à l’étranger, les rentrées de devises provenant d’autres sources se font de plus en plus rares.
Le déficit commercial d’Haïti, d’ailleurs, a été évalué en 2022 à plus de 4 milliards USD .
Avant la mise en place du régime Têt Kale, la devise américaine (le dollar version papier), à travers les institutions financières et les maisons de transfert, pouvaient arriver aux mains des clients avec une certaine facilité.
Cependant, depuis l’administration de Jovenel Moïse (Têt Kale deuxième version), la Banque Centrale a mis en place tout un nouveau système pour la réception des transferts d’argent en Haïti, exigeant que le paiement des transferts d’argent en devise étrangère soit effectué en monnaie locale sauf dans les cas où ils passent à travers les banques commerciales.
De leur côté , les banques commerciales après avoir accepté cette « centralisation » de la devise américaine à leur niveau et profité d’une augmentation substantielle de l’ouverture des nouveaux comptes de clients qui suivent le chemin du dollar américain, en étaient venus, dans un premier temps, à la décision de limiter les montants des retraits en dollar.
Après, elles ont tout simplement déclaré aux clients : « Pa gen dola » (Il n’y a plus de dollar), fermant ainsi l’accès au dollar à la grande majorité de la population et ne lui laissant qu’une seule option : le marché informel des devises contrôlé par quelques grands pontes du régime en place.(Des mauvaises langues y incluent même certaines banques commerciales).
Dans ces conditions, certains peuvent se demander à quoi servent les dollars transférés par la Diaspora en Haïti ? Qui sont ceux qui les utilisent, puisque le régime Têt Kale a décidé de les garder loin de la grande majorité de la population ? Au profit de quels secteurs la BRH et les banques commerciales ont décidé de « séquestrer « le dollar de la Diaspora ?
L’un des secteurs qui utilisent une grande partie des montants des transferts de la Diaspora est celui des importations.
Les importations sont dominées par les produits alimentaires, les articles textiles, et les machines. Les États-Unis et la République dominicaine sont les principaux partenaires commerciaux.
Les importations de biens et services en Haïti actuellement, se chiffrent à US$ 5.4 milliards contre US$ 1.35 milliard d’exportation, pour US$ 4 milliards de déficit au niveau de la balance commerciale, a informé le gouverneur de la BRH, Jean Baden Dubois. Parallèlement, au cours de l’année 2022, les transferts sans contrepartie provenant de la diaspora, la principale source de devises en Haïti, a chuté de 7%, passant de US$ 3.9 milliards en 2021 à US$ 3.7 milliards en 2022.
Ensuite vient l’importation des produits pétroliers.. Selon une source autorisée du BMPAD, Haïti importe 550 000 barils de gasoil par mois. L’importation du gasoil se fait deux fois par mois, pour éviter la rareté du produit. En ce qui a trait à la gazoline, pas moins de 370 000 barils sont importés par mois, à raison de deux fois par mois. Tandis que pour le Kérosène, en une fois, 55 000 barils sont importés.
Il faut noter également les devises en dollar américain rapatriés par les deux grandes compagnies étrangères au niveau des Technologies de l’information et de la Communication. : La filiale de la multinationale Viettel en Haïti (Natcom S.A) et la filiale de Digicel Group (Unigestion Holding S.A.).
On ne connaît pas le montant exact des dollars rapatriés annuellement par ces deux compagnies aux Vietnam et à la Jamaïque. Cependant on estime à plusieurs centaines de millions de dollars américains le montant des devises qui fuient Haïti à travers ces deux entreprises.
Ce sont donc les dollars de transfert de la Diaspora qui servent à la fois à couvrir les US$ 4 milliards de déficit au niveau de la balance commerciale ainsi que les besoins en devises des deux compagnies téléphoniques.
