Prof Carly Dollin : Amnésie de Mirlande Manigat

1
2463

L’amnésie se révèle un gène prédominant de cette hégémonie servile au pouvoir. En octobre 2022, Ariel Henry envoyait des missives aux faux-amis de l’Occident pour venir en aide à son gouvernement, sur le plan militaire. Pourtant, lors du forum de nutrition du HCT, le chef du gouvernement de facto disait qu’il n’a jamais sollicité l’intervention militaire étrangère au pays. En mars 2004, Mirlande Manigat prônait : « C’est toujours dangereux de créer des institutions ex nihilo, c’est-à-dire à partir de rien ». Pourtant, en février 2023, la constitutionnaliste a accepté volontiers de se trahir et de trahir la patrie en montant à bord du projet mafieux Core-Group et PHTK qui vise l’organisation d’élections frauduleuses à notre pays dépourvu d’élus à tous les échelons politiques. Haïti paie toujours au prix fort les conséquences désastreuses de la myopie de ses dirigeants indignes.

Derrière certains farouches antagonismes se cachent souvent l’hypocrisie et la ruse nourries par l’attitude dépravée de toujours gagner quelque soient les incertitudes provoquées par les dynamiques politiques. Bizarre que Mirlande Manigat, une figure jadis respectable, appartienne aussi à cette classe d’âmes blasées dans la platitude qui poignardent la logique et la dialectique en des flopées de coups d’épées dramatiques. Que manigance Mirlande Manigat à ce poste de présidence du HCT ?

En 2004, Ariel Henry aurait été dans les lentilles de Mirlande Manigat un démon au Conseil des Sages. Par contre, en 2023, ce même Ariel Henry indexé dans l’assassinat d’un président est perçu par Mirlande Manigat comme un ange à la position la plus stratégique au pays. Le jobber (sic Soukar) crée des jobs sales pour les assoiffés de l’opposition vacillante. Ces profiteurs donneront toujours raison à La Rochefoucauld qui stipule : « Les vertus se perdent dans l’intérêt comme les fleuves dans la mer ».

Sans ferme conviction, sans position cohérente, sans décision judicieuse ; un caméléon politique ne se gêne guère dans sa posture d’être à la fois à l’envers et à l’endroit, démocrate et républicain, de gauche et de droite, ange et démon. De simples comparaisons intertemporelles des discours d’un imposteur politique suffisent pour le démasquer. À chaque fois qu’il salit l’esthétique et noie l’éthique dans des confusions patentes, le sophiste est enclin à se justifier par le slogan d’être politiquement correct. Pourtant, le mensonge n’est certainement pas un outil efficace entre les mains des personnages politiques. En ce siècle, c’est uniquement dans les sociétés réfractaires à la modernité que les citoyens (non-avisés) continuent de croire que les bluffeurs et les dealers peuvent se transformer en leaders politiques.

De manière officieuse probablement Madame Manigat jouait depuis longtemps le jeu d’être à califourchon entre sympathisants et opposants d’un même régime politique. Mais, c’est récemment que Madame Manigat se fait initier officiellement dans cette secte répugnante qui adule les êtres aux colonnes vertébrales courbées. Alors que la communauté internationale perfide promouvait et félicitait Mirlande à la présidence du HCT, la dialectique y percevait une ample trahison des principes éthiques.

Les gens sains d’esprits s’étonnaient qu’un octogénaire de cette trempe ait pu délibérément hypothéquer les trames académiques, les fondements déontologiques et éventuellement la foi ecclésiastique qui devaient la caractériser. En faisant alliance avec le Core-Group cynique et le cartel criminel du PHTK pour plonger Haïti dans la chronophagie budgétivore de forums et de rencontres infructueuses pour déboucher sur des élections truquées avant la lettre, Mirlande Manigat donne son adhésion pour participer à un crime de haute trahison envers Haïti. Si elle ne se résout pas à sortir du milieu de ces mafieux, elle mourra avant sa mort.

Sale politique

Alors que les progrès du deuxième millénaire qui sont notamment instigués par les nouvelles technologies devaient tirer le standard de vie des sociétés vers le haut, de nombreuses nations se confortent plutôt à offrir des scènes de comédie et de mesquinerie à leurs plus hautes sphères politiques. En conséquence, cette catégorie sociétale qui adopte un régime de kakistocratie qui fait de la mégalomanie dans la disette une pratique régulière continue de moissonner l’instabilité et l’asthénie économique.

Quand l’arène politique est dominée par la présence de véreux amateuristes et opportunistes qui se fichent du respect des institutions, c’est le bien-être collectif qui en pâtit. Opposition sans conviction, positions droites et gauches, tanbou de bouda, abolotcho ; les incohérences dans les discours et les actions fusent de toute part. Si l’on considère les payoffs de la phase des playoffs du tournoi politique des deux dernières années, personne ne saurait enlever le titre de MVP (Most Valuable Player) à l’avocat bouda chire qui claironnait être au service du peuple. Ti-André se croit le plus « entèlijan » d’entre tous les malicieux.

In limine litis, le sophisme politique guidé par la convoitise de la jouissance des privilèges indus se met au service du crime pour saboter le syllogisme de la justice. Honteusement, les intellectuels thuriféraires soutiennent l’arbitraire moyennant un poste ministériel, une subvention de la Banque Centrale impotente, un contrat ou une consultation à la Primature en déconfiture. Dans un contexte pernicieux, les officiels corrompus et suspects de tous les crimes offrent quelques privilèges à la frange de l’opposition sans conviction. En contrepartie, celle-ci s’exhibe en des acrobaties périlleuses au profit du régime criminel en rendant le charbon plus blanc que la neige. Haïti est couverte de honte.

Signe précurseur de crises

Motivée par une cupidité tardive sinon par la folie du pouvoir, c’est sans gêne que madame Manigat a rejoint cette mouvance de médiocratie et d’escroquerie instaurée par le régime inculte et cupide du PHTK. Tandis qu’en 2004 la représentante du RDNP fustigeait la création de toute institution en dehors des références constitutionnelles, aujourd’hui Mirlande Manigat préside un Haut Conseil de Trahison contre la République historique. Mirlande Manigat objectait drastiquement à l’initiative de monter un Conseil des Sages supportée par la communauté internationale hypocrite. Lequel Conseil détenait la mission de désigner un Premier ministre et des membres du gouvernement. Son parti n’a pas signé l’accord devant valider le Conseil des Sages car soutenait-elle : « C’est toujours dangereux de créer des institutions ex-nihilo, c’est-à-dire à partir de rien ». Aujourd’hui, Mirlande Manigat s’est alliée avec Ariel Henry et au Core-Group répugnant pour tenter en vain d’accorder une certaine légitimité à un projet électoraliste truffé d’immixtions dangereuses.

Mirlande Manigat soutenait que cette approche autocratique des gouvernants de créer des institutions sous prétexte de situation d’exception est sans fondement. Cette provision légale de créer des institutions ne revient qu’à la loi et à la constitution. Ainsi que l’on s’entende sur 7 février, 14 février ou 14 mai comme date d’installation de prestation d’une nouvelle présidence, de telles dates représenteront toujours le terme d’un processus. Si le début du processus est bancal, tout le reste est bancal, dixit mirlande Manigat.

Par analogie, l’actuelle présidente soutient dans une sombre clarté puisque le HTC est conçu en dehors des principes de la constitution – d’ailleurs ce Conseil est amplement décrié par la société – il est donc bancal. Toute initiative entreprise par cet organisme est donc nulle et non avenue. On ne saurait donc espérer des élections honnêtes et crédibles à organiser par un tel Conseil. Des crises électorales et post-électorales sont donc pointées à l’horizon. Les propos tenus par Madame Manigat en constituent une mise en garde.  La société doit prendre la présidente du HCT au mot.

Cette vidéo devenue virale sur la toile dévoile dans l’amertume les incohérences patentes entre Mirlande Manigat de 2004 et Mirlande Manigat de 2023. À titre de dirigeante de RDNP, Mirlande Manigat tirait à boulait rouge sur une institution créée pour assurer une relève politique en absence du Parlement. Aujourd’hui, dans un nouveau contexte de vide politique abyssal, Mirlande Manigat siège comme présidente au sein d’un Haut Conseil de Transition (HCT) inventé de toute pièce par le Core-Group et le gouvernement d’Ariel Henry pour concocter des élections « Pike Kole ».

Haute trahison de sa position exprimée en 2004 et surtout haute trahison envers la nation, Mirlande Manigat se fait ridiculiser. Ariel Henry souffrirait également d’amnésie en soutenant récemment dans l’aberration qu’il ne sollicitait pas d’intervention militaire étrangère au pays. Pourtant, une lettre officielle a été adressée à la communauté internationale à propos. Oubli ou autodéfense ? En toute circonstance, la nation ne saurait laisser son destin entre les mains de « De ti granmoun demeplè ». À la base comme au sommet de la pyramide sociale, il faudrait plausiblement un mouvement « Bwa Kale » structuré pour nettoyer Haïti et la débarrasser de ses faux-amis et de ses traîtres fils.

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

1 COMMENT

  1. Alors, qu’on passe des sigles au concept réel, d’ailleurs mentionné brièvement. Qu’il soit répété sur tous les toits: Le HCT est bien le HAUT CONSEIL DE LA TRAHISON!

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.