FJKL | Rapport complet : Situation de terreur en Haïti, les chiffres noirs du gouvernement d’Ariel HENRY

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Situation de terreur en Haïti, les chiffres noirs du gouvernement d’Ariel HENRY

I- Introduction :

Installé comme Premier ministre, le 20 juillet 2021, quinze jours après l’assassinat du président Jovenel MOISE survenu en sa résidence à Pèlerin 5, dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, le Premier ministre Ariel HENRY avait promis au peuple haïtien de
rétablir l’ordre démocratique et de pacifier les quartiers chauds. « L’une de mes tâches prioritaires sera de redonner à la population l’assurance que nous mettrons tout en œuvre pour rétablir l’ordre et la sécurité », avait déclaré Dr. Ariel Henry lors de son installation.

Plus de vingt et un (21) mois après sa prise de fonction, le chaos est total, les gangs sont partout, surarmés et d’une violence hors de contrôle.

La gouvernance d’Ariel HENRY est caractérisée par des actes de violation systématique des droits humains, un mépris total du droit à la vie et de la dignité humaine.

Les chiffres non exhaustifs s’élèvent à plus de deux mille (2000) morts violentes ; plus d’un millier (1000) de cas de kidnapping, des cas de viol, de vols, d’incendie, de destruction des propriétés d’autrui, des plantations, de déplacements massifs de population au niveau interne, de la perturbation des activités scolaires, économiques, commerciales, sociales et culturelles, des exécutions sommaires et la dangerosité des routes nationales abandonnées aux gangs armés.

La Fondasyon Je Klere (FJKL) a documenté la situation de terreur qui sévit en Haïti depuis l’arrivée au pouvoir du Dr Ariel HENRY et tente de retracer, dans ce rapport, les moments les plus sombres de sa gouvernance pour la période allant du 20 juillet 2021 au 24 avril 2023.

II- 2845 personnes tuées pendant ces 21 derniers mois, de juillet 2021 à avril 2023.

Le premier devoir d’un gouvernement est d’assurer la sécurité de sa population, la tranquillité des rues, la libre circulation des personnes et des biens sur son territoire. Le gouvernement du Dr Ariel HENRY a piteusement échoué dans cette tâche. L’escalade de la violence, l’insécurité généralisée et l’impunité officielle qui caractérisent la gestion du pouvoir d’Ariel HENRY sautent aux yeux.

De la prise de fonction du Premier Ministre Ariel HENRY le 20 juillet 2021 au 31 décembre 2021 : 33 personnes tuées par balles ;

De janvier 2022 à décembre 2022 : 1448 personnes sont tuées avec plus de 6 masacres et attaques armées perpétrés. Parmi ces victimes, 3 proches collaboratrices de la FJKL ont péri dans l’une de ces multiples attaques armées. Il s’agit de ; Madame Josette Fils DESANCLOS et ses deux filles Sherwood Sondje DESANCLOS, et Sarhadje DESANCLOS.

De janvier 2023 au 24 avril 2023, au moins huit cent dix-huit (818) cas de morts violentes sont recensés.

À cela s’ajoutent des centaines de blessés et des milliers de déplacés internes.

De juillet 2021 à avril 2023, plus de mille neuf cent quatre-vingt-dix (1990) personnes ont été blessées lors des attaques meurtrières dans des quartiers vulnérables. Pour cette même période, environ cent soixante-onze mille (171 000) personnes ont été contraintes d’abandonner leurs maisons. Certains sont hébergés chez une proche ou un ami, d’autres dans des campements de fortune.

A. Des massacres

Le terme massacre est utilisé dans ce rapport pour désigner des actes de tueries sauvages de personnes sans défense ou des tueries répondant à une logique de punition collective, des actes de cruauté provoquant la mort de plusieurs personnes, des incendies et des déplacements en masse de population sans défense.

Entre avril 2022 et avril 2023 environ 16 massacres et attaques armées ont eu lieu en divers quartiers, villes et localités. Citons : Cité-Soleil, Bel Air, Solino, Plaine du Cul-de-Sac, Butte-Boyer, Santo, Tabarre, Pernier, Fermathe, Thomassin, Laboule, Meyotte, Malik, Source Matelas, Canaan, Pétion Ville, Debussy, Liancourt, Verrettes, Croix de Bouquets, Petite Rivière de l’Artibonite et L’Estère.

Tous ces massacres et/ou attaques armées sont documentés dans les archives internes de la FJKL. Dans le cadre du présent rapport, la FJKL attire l’attention sur les massacres les plus odieux marquant la gouvernance d’Ariel HENRY.

1). Le Massacre de la Plaine du Cul-de-Sac du 24 avril 2022

Le dimanche 24 avril 2022, la population de la Plaine du Cul-de-Sac a vécu une véritable situation de terreur.Des gangs armés font la loi dans la zone entrainant un exode massif de la population civile sans défense abandonnée par les autorités publiques.

Des dizaines de morts et de blessés, des maisons incendiées, des dizaines de milliers de déplacés internes ; fermeture des écoles, de l’administration publique, du commerce. Bref, la zone est devenue une zone fantôme.

De quoi s’agit-il en fait ?

La FJKL tente ici de scruter les faits pour une compréhension de ce qui s’est passé en Plaine du Cul-de-Sac.

a) Les Faits

Le dimanche 24 avril 2022 vers cinq (5) heures du matin, des hommes armés se
réclamant du gang 400 Mawozo firent irruption dans la zone de Butte Boyer, localité située dans le quartier de la Croix-des-Missions relevant de la commune de Tabarre.

Les envahisseurs ont maltraité, tué, des personnes sur place et incendié des maisons.

Toute la zone de Butte Boyer et les zones avoisinantes ont été terrorisées. Les zones touchées par cette attaque surprise sont Clercine, Tabarre 27, Cazeaux, Santo, Shada et Bon Repos.

Dans la soirée du 24 avril 2022, le groupe de Claudy CELESTIN ou encore Stevenson PIERRE alias“Chen Mechan” a répliqué. Ils ont chassé les hommes de “400 Mawozo” en tuant plusieurs personnes ; des gens sont décapités (tèt koupe), pratique très prisée comme mode opératoire du gang « Chen Mechan ».

Jusqu’au vendredi 29 avril 2022 le groupe de 400 Mawozo contrôlait une partie
située au Haut de Butte Boyer résistant à la réplique de « Chen Mechan ».
22.Dans cette attaque plusieurs soldats de « Chen Mechan » sont tombés et le leader
du groupe a aussi tué plusieurs de ses partisans accusés de trahison. C’est le cas
de trois de ses soldats dont le téléphone a sonné pendant qu’ils étaient avec le
leader du gang et qu’il a été vérifié des conversations avec le nommé Père Lebrun
qui dirigea l’attaque de l’équipe de 400 Mawozo. Ils ont été tués sur-le-champ.

Le jour de l’attaque, des policiers de la Brigade d’Intervention Motorisée (BIM) ont
tenté une intervention, mais ont dû replier en raison de la puissance de feu du
groupe de 400 Mawozo. Cette intervention, il est vrai, a facilité le déplacement de
beaucoup de personnes qui se sont réfugiées sur la place Clercine, et a donc aidé
quand même à sauver des vies.

C’est le jeudi 28 avril 2022 que la Police Nationale d’Haïti et des soldats de l’armée
d’Haïti allaient intervenir vraiment avec force, libérant les zones bloquées par les
hors-la-loi et procédant à l’arrestation de quelques bandits de 400 Mawozo parmi
ceux qui occupaient la zone située au haut de Butte Boyer.

Suite à cette attaque dans le quartier de la Croix-des-Missions, les bandits ont réagi et les zones de Marin, Lizon, Bon Repos, Lilavois et Santo se retrouvent bloquées forçant toute la population de ces zones à rester cloitrée chez elle.

Le lundi 2 mai 2022, les hommes de 400 Mawozo ont envahi le quartier général de Chen Mechan dans la zone de “Wout Tè” (route en terre battue). Ils ont attaqué aussi la zone de Bigharette (derrière le cimetière au dos de Caleb Super Marché), les zones de Sobagie, Damien jusqu’à Barbancourt, Corridor Djo dans la localité de Shada. Il y a eu ce jour-là beaucoup de morts et des personnes décapitées (anpil tèt koupe).

Beaucoup de pneus incendiés dans la zone recouvrent des cadavres calcinés.

Le lundi 25 avril 2022, l’équipe de Gabriel JEAN PIERRE alias Ti Gabriel de Cité Soleil attaque Boston et la zone Aciérie d’Haïti.

Le jeudi 5 mai 2022, suite à une attaque conjointe PNH/ Chen Mechan, Père Lebrun en est sorti blessé et Chen Mechan a repris le contrôle de la zone et de tout son territoire. Ils en ont profité pour incendier le night-club de Charriot CASIMIR du nom de Skandal.

Au cours de cette attaque, l’équipe de Ti Gabriel a perdu plusieurs soldats. L’une des pratiques de ces gangs, est qu’ils récupèrent les cadavres de leurs soldats tombés dans les affrontements. Et c’est ce qui empêche souvent de dresser un bilan exhaustif des pertes en vies humaines dans ces conflits. L’équipe de Ti Gabriel a donc récupéré les corps et parmi eux se trouvaient le corps de Dread Mackendy de l’équipe de ruelle Mayard au Bel-Air qui prêtait main forte à GEPEP dans cette attaque sur le territoire du G-9. Ti Gabriel a fait venir une ambulance pour récupérer les cadavres.

Des hommes de Terre Noire, territoire contrôlé par le gang G-9 ont arrêté l’ambulance et l’ont incendié avec les cadavres.

Suite à cette action, le samedi 7 avril 2022, les hommes de Ti Gabriel ont envahi Terre Noire et Carrefour Vincent prolongé.

b) Tentative d’explication

Avant le covid-19, deux gangs fonctionnaient dans la zone de Butte Boyer, localité relevant du quartier de la Croix-des-Missions, commune de Tabarre : Pére Lebrun et Chen Mechan.

Le Gang de Chen Mechan est un allié de G-9 An Fanmi E alye Manyen yonn Manyen tout. En quelque sorte c’est un gang qui est proche du pouvoir en place et qui s’opposait au Pays lock, non par conviction, mais pour le compte du pouvoir.

C’est un gang qui est au moins toléré par le pouvoir et la Police Nationale D’Haïti. Au niveau de la population, le gang de Chen Mechan jouit d’une meilleure réputation par rapport au gang de 400 Mawozo du fait que dans le territoire contrôlé par Chen Mechan, il n’y a pas de kidnapping, contrairement au 400 Mawozo. Les gens considèrent donc Chen Mechan comme un moindre mal parce que le kidnapping est redouté.

Chen Mechan a fait une intervention sur le territoire de Père Lebrun décapitant certains soldats ; et d’autres ont pris la fuite. Ils ont rejoint la bande de 400 Mawozo tout en gardant des antennes dans la zone que Chen Mechan a depuis contrôlé sans partage.

Le territoire de Chen Mechan part de Carrefour Marassa, et englobe toute la zone de Santo, Bon Repos, Carrefour Shada, Croix-des-Missions, Butte Boyer jusqu’à Cazeau.

c). Quel est le mobile de cette dernière attaque ?

L’artiste Wyclef JEAN, selon les riverains, possède une propriété en face d’un camp de déplacés du 12 janvier à Santo 17.

Des spoliateurs tentent de voler la propriété de Wyclef, en brisant sa barrière, faisant une fondation et déposant des blocs pour ériger une construction.

Les spoliateurs qui veulent prendre la propriété de Wyclef se réclament de la base de Chen Mechan, selon des informations recueillies par la FJKL auprès des sources locales.

Toujours, d’après des informations recueillies dans la zone, certaines personnes du camp de déplacés du 12 janvier font partie du complot pour déposséder Wyclef JEAN de sa propriété.

Les partisans de Wyclef JEAN sur place auraient monnayé le groupe de 400 Mawozo pour chasser les spoliateurs. Les gens n’ont plus confiance en la justice, ce sont les groupes armés qui règlent pratiquement aujourd’hui les problèmes de conflits terriens.

C’est donc le principal mobile de l’attaque de 400 Mawozo, en avril 2022, dans la zone de Santo 17 et le retour de Père Lebrun dans son fief de Butte Boyer pour la reprise du contrôle de ce territoire, en chassant Chen Mechan de la Plaine du Culde-Sac.

L’idée que ce conflit est un combat entre Jovenelistes et PHTKistes pour le contrôle du territoire de la plaine n’est pas non plus à écarter en tenant compte des forces en présence.

d). Forces en présence

Pour cette bataille, les alliés des deux camps se sont affrontés :Le groupe de 400 Mawozo a reçu le support :
 du groupe de Père Lebrun, le gang de la ruelle Mayard au Bel-Air et de Ti Gabriel à Cité Soleil ;
 De Guilbot, nan Remy de la Croix-des-Bouquets ;
 Du Policier Charriot CASIMIR,Ce dernier est le patron du groupe de « Père Lebrun ». Charriot CASIMIR est un policier de l’USP qui faisait partie de la sécurité rapprochée de l’ex-président Michel Joseph MARTELLY. Il est le propriétaire d’un Night-club à la Croix-des-Missions connu sous le nom de « Skandal », qui a été incendié lors de cette attaque armée. L’ex-président lui avait rendu visite au moment de l’inauguration de Skandal. Ce qui avait renforcé son autorité dans la zone. A la fin des mandats des élus des collectivités territoriales, sous la présidence de Jovenel MOISE, Charriot supportait la candidature de Bladimir Désir allias Billy pour remplacer Nice SIMON à la mairie de Tabarre. Le groupe de Père Lebrun supportait Charriot CASIMIR dans des opérations de blocage de rues, mais Nice SIMON avec le support de son mari Yves LEONARD, a pu mater la rébellion et garder la mairie. Dans le même temps, Bob Anel avec le support de Chen Mechan pour la mairie de la Croix-des-Bouquets contre Rony COLIN.
 Pour les violences de Tabarre, La Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), notamment a procédé à l’arrestation de Chariot CASIMIR le 17aout 2020 (son dossier jusqu’à date est suspendu au niveau de la direction de la PNH) et Bob Anel s’est réfugié en République dominicaine. Profitant de l’arrestation de Charriot, Chen Mechan a attaqué la bande à Père LEBRUN.

Il y eut des morts et des blessés et le reste de la troupe a quitté les lieux et s’est allié avec 400 Mawozo. C’est donc avec la libération de Charriot CASIMIR que le groupe de Père LEBRUN a pris la décision de reprendre possession de sa base à Butte Boyer. Pour le moment, cette zone est délimitée entre ces deux groupes armés. Chen Mechan de son coté, a reçu tout le support du G-9 an Fanmi e Alye manyen yonn manyen tout et de la PNH.

e). Bilan provisoire
Il est difficile d’établir un bilan exhaustif pour ces évènements en raison des nombreuses zones affectées, de la politique des groupes armés de récupérer les cadavres de leurs acolytes, des difficultés sur le terrain. Toutefois il est raisonnable de considérer que c’est un conflit qui a causé environ deux cent trente (230) morts, des centaines de blessés et des milliers de déplacés internes.

f).Droit à la sépulture
Tout citoyen décédé ou tué a droit à une inhumation dans un cimetière. Il s’agit d’un droit qui est constamment violé de nos jours par les gangs armés. Et l’État ne fait aucun effort pour garantir ce droit aux disparus et la Mairie ne fait aucun effort pour assurer un droit de sépulture à ces personnes tuées dans ces conditions atroces.

g).Quid des déplacés internes ?
La guerre des gangs en Plaine du Cul-de-Sac a donné lieu à des dizaines de milliers de déplacés internes. L’État n’a annoncé aucune prise en charge de ces personnes vulnérables, aucun plan de facilitation de retour de ces personnes dans leur domicile en toute sécurité
i.
Beaucoup d’enfants ne peuvent donc aujourd’hui aller à l’école. Il s’agit d’une situation extrêmement préoccupante qui exige l’intervention rapide de l’État.

Beaucoup de ces déplacés internes n’ont pu trouver une famille d’accueil ou un logement temporaire. C’est aussi une obligation pour l’État d’intervenir en faveur de ces déplacés.

2) Le calvaire des résidents de Cité Soleil (Juillet 2022)

Le jeudi 7 juillet 2022, la population de la commune de Cité Soleil s’est réveillée sous un concert d’armes automatiques. A l’origine, des affrontements entre deux groupes armés « G9 an Fanmi E Alye » et « G-PÈP ».

Les dernières statistiques datées de 2015 chiffraient la population de cette commune a plus de deux-cent soixante mille habitants. (Source IHSI).

Selon les informations obtenues par la Fondasyon Je Klere (FJKL), la coalition « G9 an Fanmi e Alye » a attaqué les quartiers de Terre Noire, Nan Brooklyn, Bois Neuf, Soleil 9, Soleil 17 en vue de chasser Gabriel JEAN PIERRE alias Ti Gabriel, lui-même chef de gang du quartier Nan Brooklyn. Ce qui a causé des pertes en vies humaines et matériels, des déplacés internes, des vols, et des viols.

Plus de 400 ménages sont affectés par les affrontements des gangs dans la commune de Cité-Soleil, depuis le 8 juillet 2022.

Au 8 juillet 2022, la violence armée et l’incendie des maisons des populations de Cité-Soleil avaient forcé au moins 3 000 personnes à fuir leurs quartiers (Brooklyn, Terre Noire, Bois-Neuf, Soleil 9, Soleil 17…).

Une partie de ces déplacés forcés ont trouvé refuge chez des proches ou des amis-es. D’autres (environ 1800) ont rejoint des sites spontanés, sans assistance des autorités étatiques, et où elles vivent dans des situations extrêmement précaires.

Les sites qui ont accueilli ces déplacés sont les suivants :

Institution Saint-Louis de Gonzague (FIC) : 320 personnes ainsi dénombrées :89 Jeunes filles de 11 à 18 ans ; 90 enfants de sexe féminin de 2 à 10 ans ; 100 petits garçons de 2 à 10 ans ; 7 Bébés de 0 à 1 ; 4 femmes enceintes ; 30 adultes.

Institution Sainte-Elizabeth : 125 Personnes
Institution Saint-Paul : 1 Personne
Sœur de la Charité (Mère Térésa) : 151 personnes
Famille Kizito Sarthe : 45 personnes
Famille Kizito rue Biassou : 80 personnes
Place Hugo Chávez : Environ 600 personnes.

A noter que ces sites spontanés, à l’exception de la Place Hugo Chávez, sont des institutions privées, les déplacés ont dû abandonner ces espaces en août 2022 pour la réouverture des classes en octobre 2022.

Bilan

Du 8 juillet au 31 décembre 2022, la violence des gangs a occasionné : 263 meurtres dans le quartier de Brooklyn de Cité Soleil ; 57 viols collectifs de femmes et de filles ;

Des cas d’enlèvements et des cas d’exploitation sexuelle.

Entre le 14 avril et le 24 avril 2023, ces affrontements se sont poursuivis à Cité-Soleil et il est difficile d’établir un bilan définitif des nombres de morts, de blessés et de déplacés.

Cette situation de terreur prive également la population de leur liberté de mouvement et de leur accès aux biens et services essentiels, et ont entraîné la fermeture de nombreuses écoles et centres de santé dans la zone.

Entre le 14 et le 19 avril 2023, ces affrontements entre gangs rivaux ont entrainé la mort de près de 75 personnes parmi la population. Une quarantaine de personnes ont été blessées par balles ou par armes blanches.

Parmi ces victimes, on dénombre 19 femmes tuées et 14 blessées, et au moins deux mineurs ont perdu la vie.

3) Tuerie à Petite Rivière de l’Artibonite, des morts, des blessés, des déplacés et des maisons incendiées.

Contexte

En octobre 2022, la commune de Petite Rivière de l’Artibonite, située dans le département de l’Artibonite, au nord de Port-au-Prince a été le théâtre de violences armées ahurissantes. Cette situation intervient le lendemain de la mort du chef de gang du quartier « Lucas » de « Ti Rivyè Latibonit », Edzer ESTIMABLE alias « Lodè ». Ce dernier aurait été tué, le 22 octobre 2022, par des membres de la population avec le concours des agents de l’UDMO,alors qu’il s’apprêtait à rançonner la population au marché de Petite Rivière de l’Artibonite. Depuis lors, trois groupes armés se sont fédérés, à savoir « Baz Gran Grif », « Nan Palmis », « Baz nan Lucas » pour venger le chef de gang « Lodè ».

Des évènements dramatiques depuis le 23 octobre 2022

Les évènements de Petite Rivière de l’Artibonite ont mis face à face la population rivartibonitienne et les trois groupes armés sus-cités qui veulent venger à tout prix la mort du chef de gang, Edzer ESTIMABLE alias « Lodè ». La principale cible de ces gangs c’est la ville de Petite Rivière de l’Artibonite, capitale économique de la commune. Selon les informations recueillies par la FJKL, entre le 23 octobre et 9 novembre 2022, au moins une trentaine de personnes ont été tuées dont 18 dans la journée du 9 novembre 2022. A ces chiffres, il convient d’ajouter des dizaines de blessés et de disparus au sein de la population.

La journée du 9 novembre

Après avoir détourné plusieurs tonnes de riz au détriment de la population sur la route nationale #1, la coalition des gangs de Petite Rivière de l ‘Artibonite a remis des sacs de riz à des chauffeurs de taxi moto pour les revendre au centre-ville. Au courant, des membres de la population ont tendu une embuscade pour ces chauffeurs à « Nan Baryè Léon », Au moins douze(12) chauffeurs des groupes armés ont été tués puis auraient été décapités dans la foulée par des membres de la population. Ces derniers auraient jeté les têtes et les corps dans une rivière proche.

Dans la même journée, les gangs répliquent et exécutent six (6) personnes à « Baryè Preval » et à « Jean Denis ».

Destructions des habitations et déplacements de populations

Outre les atteintes à l’intégrité physique et morale, les gangs auraient délibérément détruit les habitations et les biens de personnes qu’ils avaient ciblées. Selon les informations collectées par la Fondasyon auprès des sources locales, les gangs ont incendié environ 150 maisons. Des personnes auraient été brûlées à l’intérieur de leur habitation.

La violence armée et la destruction de propriétés ont forcé près de 60% de la population de Petite Rivière de l‘Artibonite à fuir la commune. La minorité qui reste s’organise entre elle pour contrecarrer les attaques des gangs armés.

Violences sexuelles
Durant cette violence armée à Petite Rivière de l’Artibonite, les femmes et les filles n’ont pas été épargnées par les bandits. Plusieurs cas de viols ont été signalés. ces bandits se sont introduits de force dans des maisons et ont violé des jeunes femmes qui s’y trouvaient. Parmi ces victimes de viols, figurait une septuagénaire.

Il convient de rappeler ici que Petite-Rivière de l’Artibonite est la commune de naissance du chef de Gouvernement qui n’a toujours pas levé le petit droit pour venir en aide à la population où résident ses proches parents.

Aux dernières nouvelles, les bandits du gang « Gran-Grif » ont incendié le commissariat de police de la ville.
4) Massacre à “Gran Chimen”, localité de Source Matelas (Cabaret) Novembre 2022

Dans la nuit du 29 novembre 2022, des bandits lourdement armés ont attaqué la population, à « Gran Chimen », une localité de Source Matelas dans la commune de Cabaret, tué une dizaine de personnes et brulé une vingtaine de maisons.

Depuis le 23 septembre 2022, lors des premières attaques des bandits de Village de Dieu et de Canaan, la population de Cabaret était sur le « qui-vive » et tirait la sonnette d’alarme. Les S.O.S se sont multipliés auprès des autorités concernées, mais en vain.

Avant le carnage du 29 novembre, à « Gran Chimen », la nouvelle retentissait dans la localité, comme quoi les groupes armés de Canaan et de Village de Dieu préparaient une attaque de grande envergure ; le maire de la commune aurait alerté les autorités policières.

Dans la nuit du 29 novembre, les bandits ont attaqué la population par surprise, délogé les paisibles citoyens à Source Matelas. (12) douze personnes ont été tuées par balles et calcinées, trois (3) personnes blessées lors de cette attaque meurtrière. Dix-sept (17) maisons ont été incendiées, selon des sources locales qui ont indiqué que c’était un bilan partiel.

Plusieurs dizaines de personnes ont dû abandonner leurs maisons par crainte d’un éventuel retour des gangs dans la zone. Une vingtaine de personnes se sont logées à l’Ecole Nationale de Cabaret, rejoignant ainsi (25) vingt-cinq autres déplacés qui ont fui leurs maisons, depuis la première attaque des bandits à Source Matelas, au début du mois d’octobre.

Les autorités policières qui ont été alertées quelques heures avant le massacre, sont arrivées un peu en retard ; malgré cela, ils ont pu repousser les bandits. Après avoir repoussés les gangs, une patrouille de l’unité spécialisée UDMO a été déployée à « Gran Chimen », mais la population ne se sent pas rassurée par cette présence.

5).19 avril 2023 : Nouveau Massacre à Source Matelas (Cabaret)

Au 19 avril 2023, les hommes armés de Canaan ont une nouvelle fois semé la terreur à Source Matelas dans la commune de Cabaret. Avec le soutien du gang de Village de Dieu, le gang de Canaan occupe désormais les 9 localités de Sources Matelas. Selon un bilan partiel, plus de 100 personnes ont été tuées dans ce deuxième massacre. Comme toujours les autorités policières ont brillé par leur absence.

Le mercredi 19 avril 2023, les habitants de la zone s’apprêtaient à inaugurer un
sous-commissariat à Source Matelas afin qu’il y ait une présence policière permanente dans cette section communale, environ 5 mois après le premier massacre des hommes armés de Canaan. Au courant de cela, ces bandits envoient un message aux habitants de surseoir leur inauguration. Comme quoi, ilsn’accepteront pas une telle action sur un territoire qu’ils veulent contrôler.

Vers 12h 30, les hommes de Canaan lourdement armés débarquent à Source Matelas dans trois mini-bus « Pappadap » et criblent par balles les résidents qui ont formé une brigade antigang pour limiter les actions des bandits. Ils font irruption dans les 9 localités de Source Matelas, tuent, pillent, violent et détruisent les maisons des habitants.

Personne n’a été épargné dans cette attaque. Des vieillards ou des bébés ont été massacrés par ces malfrats. Comme par exemple, selon un témoin de cette terreur, 13 personnes de la famille Joachim ont été assassinées, décapitées par les bandits. Deux jeunes garçons membre de cette famille sont sauvés de justesse parce qu’ils regardaient un match de football chez un voisin.

Toujours le 19 avril 2023, les bandits armés faisant partie des gangs de Canaan et de « Titanyen » ont tiré dans plusieurs directions dont vers la Prison Civile de Cabaret en conséquence, un policier est sorti blessé.

La famille Voltaire, à « Simonèt » qui tentait de fuir sur une petite « Chaloupe » la terreur des gangs a fait naufrage parce que l’appareil était surchargé. Huit bébés furent noyés dans ce terrible drame, toujours selon notre source locale qui confirme être une proche de cette famille.

Les gangs se sont déployés dans toutes les localités de Sources Matelas soit plus d’une centaine d’hommes lourdement armés. Ils ont installé, le jeudi 20 avril 2023, un nouveau chef de gang à Source Matelas connu sous le nom de « Big C ». il a grandi à « Gran Chimen ».

Pour l’heure, les habitants ont fui la zone et se sont réfugiés sur la place de Cabaret ou chez une proche ou ami, dans l’attente d’une aide auprès des autorités étatiques, aide qui tarde à venir. Sinon la bienveillance de certains paysans qui apportent de la nourriture aux déplacés qui sont plus de 200 ménages.

Lors de cette attaque armée, un char blindé a été remarqué sur la route nationale en vue de faire évacuer les habitants. Mais ce qui n’était pas suffisant pour contrecarrer les bandits. Le commissariat de Cabaret quant à lui, n’est pas intervenu, tout au moins, selon des témoignages les policiers avaient plus envie de fuir aussi cette terreur qui s’approchait d’eux.

La Direction de la Protection Civile, pour le moment n’a pas encore un bilan, car il est toujours difficile d’intervenir dans la zone avec la présence des seigneurs de terreur. Toutefois, le coordonnateur technique de la DPC dans la zone, dit n’être plus en mesure de prendre en charge les ménages déplacés. Il a déjà une quantité de déplacés internes, suite au premier massacre du 29 novembre 2022.

Liste partielle des victimes

  • Madame Verard 75 ans
  • Desca Seneck 67ans
  • Evenson Joseph
  • Maxo Joseph
  • Alexis AC 6 ans
  • Alicie Aristhilde
  • Kenia Aristhilde
  • Piquand AC ainsi connu
  • Une jeune fille 20 ans Christine Ac
  • Fleurette Alvarez 55ans
  • Brunache Bayard 68 ans
  • La famille Joachim a perdu 13 personnes
  • La famille Voltaire a perdu 8 bébés (au naufrage)

    6) 24 avril 2023 : Drame à Canapé-Vert

    Des membres de la population de Canapé-Vert, quartier situé dans la Commune de Port-au-Prince, ont lapidé puis brûlé tôt le lundi 24 Avril 2023, 14 individus armés qui fréquentaient la zone à bord d’un mini-bus. Les habitants sont passés à l’action après que les policiers du Sous-commissariat de la zone les eurent interceptés à bord du véhicule dans un Checkpoint de routine.

  • Ces individus étaient en mission pour renforcer d’autres bandits qui terrorisent depuis vers les 2 heures du matin les résidents de Débussy et de Turgeau, dans la Commune de Port-au-Prince (Ouest). Objectif : Installer des caïds dans ces zones susmentionnées. Dans la foulée, les habitants de la zone ont d’abord, incendié le mini-bus qui était en provenance de Pétion-Ville et par la suite, lapidé puis brûlé la majorité des occupants.
    Suite à cette action, la colère populaire a gagné les rangs de la population. Une opération dénommée operasyon Bwa kale visant à rechercher et exécuter les bandits est lancée dans la zone métropolitaine entrainant la décapitation et des cas de mort atroce de présumes bandits. L’operasyon Bwa kale est également suivie dans certaines villes de province comme à Gros-Morne, à Cabaret, à l’Estere. C’est une situation sur laquelle la FJKL reviendra.

    7) Tuerie de Mapou Lagon dans la commune de l’Estère 29 Mars 2023
    Le 29 mars 2023, le chef du gang Kokorat San Ras, dans un audio, s’est adressé aux habitants de Mapou Lagon dans la commune de l’Estère dans le département de l’Artibonite. Dans cet audio, le chef dudit gang a déclaré qu’il a constaté que cette année, contrairement à la tradition, les bandes de rara de Mapou Lagon ne sont pas venues jouer dans son fief à Joanisse sous prétexte que Joanisse est désormais contrôlée par des gangs. Si les bandes ne viennent pas jouer à Joanisse, leurs musiciens peuvent quitter la zone et il viendra avec une équipe de soldats pour perpétrer un carnage à Mapou Lagon.
    Dans la nuit du 4 avril 2023, vers onze heures du soir, plus de trente membres de Kokorat Sans Ras, lourdement armés, débarquent dans la localité de Gran Kay à Mapou Lagon au moment où la bande dénommée Farinense préparait à sortir pour la traditionnelle soirée de mardi précédant le vendredi saint à Mapou Lagon pour un spectacle avec les trois autres bandes de la zone, San Rezon, Sika et
     Djo Manyòk comme une répétition générale avant le grand jour.
    Les hommes de Kokorat « Sans Ras » ont ouvert le feu sur la population tuant le président de la bande Farinen, Lormilus Esmagne alias Tibaguette et un musicien de la bande, Louis Charles ROBERT alias Penpo. Sept autres personnes en sont sorties blessées par balles dont certains grièvement et ont été soignés à l’Hôpital Claire Heureuse de Marchand Dessalines et à l ‘hôpital Saint-Nicolas de Saint-Marc. Il s’agit de :
  • Fafa Desir
  • Feguerson alias Dede
  • Methelus Filiana alias Nana
  • Silion Jose Carline
  • Celestin Casner
  • Demosthene Demain
  • Toussaint Beaussuet
    Aucune arrestation n’a été annoncée par la police. Et le gang continue à faire des victimes en toute impunité. Le gang Kokorat San Ras est connu pour sa cruauté, ses actes impitoyables de kidnapping, de vols, de viols et d’assassinats. Il est à cheval sur les communes de Gros-Morne et de l’Estère.

    B) POLICIERS TUES
    De juillet 2021 à avril 2023, donc en près de vingt et un mois, 84 policiers sont tués par balles. En moyenne, 4 policiers tués par mois. Certains dans des conditions atroces, horrifiantes. Les vidéos d’exécution des agents de l’ordre sont postés sur les réseaux sociaux par les malfrats en toute impunité et dans bien des cas, la PNH se révèle incapable de récupérer les cadavres des disparus, d’arrêter les bandits ou de démanteler les gangs. Les enquêtes annoncées n’ont jamais abouti comme pour faire durer la comédie : l’enquête se poursuit.

    Ce qui est encore troublant, c’est que dans de nombreux cas, certains policiers sont tués par leurs pairs. Un rapport d’investigation rendu étonnamment public suite à l’assassinat des policiers à Liancourt fait état d’un piège tendu par de Hauts gradés de la PNH pour faire tuer les policiers dans le cadre d’une lutte hégémonique au sein du Haut commandement de la Police Nationale. Mais, là encore, l’enquête se poursuit tel un véritable mépris pour la mémoire des disparus, les parents, amis, camarades de promotion des victimes et la population en général qui est en droit d’avoir des informations sur le bon ou le mauvais fonctionnement de sa force de police.

    Signalons ici quelques cas qui ont soulevé l’indignation générale, mais qui n’ont pas soulevé de réactions de la part du Haut commandement de la PNH ou du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) ;
     24 juillet 2022 : L’Inspecteur de police Réginald LALEAU, tué dans l’enceinte de l’Église Assemblée de Dieu de Meyer dans la commune de la Croix-des-Bouquets. Ses mains ont été coupées et son cadavre profané dans une vidéo mise en scène par le chef de gang de 400 Mawozo, Lanmò San Jou qui a déclaré dans la vidéo avoir choisi d’exécuter l’inspecteur de Police pour ses raisons personnelles. L’inspecteur Reginald LALEAU, homme d’église, jouissait pourtant d’une très bonne réputation au sein de la population et des organisations de défense des droits humains. Son cadavre n’a jamais été récupéré par la PNH et aucun des bandits qui l’ont exécuté, et humilié son cadavre n’a été arrêté. L’enquête se poursuit !
     28 juillet 2022 : Antony DUMAS, agent de l’UDMO de l’Artibonite a été assassiné sur la route menant à Tibwadòm, non loin de Gros Morne par le gang Kokorat San Ras.
     13 septembre 2022 : Trois (3) agents de la PNH ont été assassinés à Laboule 12 par le gang de Ti Makak. Il s’agit de : Abdias GALIOTTE, Octa PATRICK et de Roldy DESTINE .
     1er octobre 2022 : Harold ALABRE, issu de la 13ème promotion de la PNH, qui était affecté à l’Unité Sécurité Générale du Palais National (USGPN), a été tué à Tabarre, zone Eddy One. Son corps a été emporté par les assassins.
     29 octobre 2022 : Therosmy BEAUDELAIRE a été assassiné à Mon Repos 44. Son corps a été calciné à Lamentin 52.
     25 novembre 2022 : Harington RIGAUD, Commissaire Divisionnaire et directeur de l’Académie Nationale de Police, a été assassiné sur la Route de Frères non loin de l’académie de Police. Celui qui a formé des générations de policiers n’a pas non plus droit à un procès. L’enquête se poursuit !
     20 janvier 2023 : A Métivier, dans la commune de Pétion-Ville, Trois (3) policiers ont été assassinés. Il s’agit de Gérald Occinal (30ème promotion), de Duckens CEJUSTE (24ème promotion) et de Luc ELIEZER (20ème promotion) et Wiclern STANICLAS est porté disparu. La PNH n’a annoncé aucune arrestation au niveau des bandits. L’enquête se poursuit !
     25 janvier 2023 : A Liancourt, dans le département de l’Artibonite, 6 agents de la PNH affectés à l’Unité Départementale de Maintien de l’Ordre (UDMO
  • Artibonite) ont été tués par des bandits armés lors des attaques contre le commissariat de Liancourt (zone de Moreau, Commune du Bas Artibonite).
    Il s’agit de Kether LOUIS, Mackès BADIN, Donalson INNOCENT, Norabert AURELUS, James Junior FELIX et Camille PIERRE. Un 7e policier, Osny MESADIEU, blessé par balles lors des attaques est décédé à l’hôpital. Les corps des policiers n’ont toujours pas été récupérés par la PNH qui n’a annoncé aucune arrestation au niveau des bandits. L’enquête se poursuit !

    C) JOURNALISTES ASSASSINES
    Outre les policiers, un autre secteur est touché de plein fouet par la vague de violence qui sévit en Haïti. C’est la presse. Seulement en 2022, La FJKL a recensé 9 cas de journalistes et de collaborateurs des médias tués dans le pays, soit en moyenne 2 journalistes tous les 3 mois. Du jamais vu dans toute l’histoire de la presse haïtienne. Sans compter les cas d’agression physique-bastonnades et tentatives d’assassinat à l’encontre des travailleurs de la presse-.
     6 janvier 2022 : Deux journalistes ont été brutalement assassinés à Fessard, une localité de Laboule 12 (Pétion-Ville). Il s’agit de Wilguens Louissaint qui travaillait pour le media en ligne Tanbou Vérité et Amady John Wesley de Radio Écoute FM, un média en ligne basé à Montréal.
     23 février 2022 : Lors d’une marche pacifique des ouvriers du textile, sur la route de l’Aéroport, le journaliste Maxiben LAZARD succombe sous les balles d’une brigade policière.
     10 septembre 2022 : L’opinion publique nationale et internationale est secouée par la nouvelle du double assassinat des journalistes Frantzsen CHARLES et Tayson LATIGUE à Cité-Soleil.
     25 octobre 2022 : Le corps sans vie du journaliste Garry TESS a été retrouvé mutilé, à Foko dans la 4e section communale des Cayes (dans le département du Sud).
     30 octobre 2022 : Le journaliste Romelson VILCIN est décédé après avoir reçu à la tête un coup de bonbonne de gaz lacrymogène lancé violemment par des agents de l’Unité de Maintien d’Ordre, sur la cour du commissariat de Delmas 33 (dans l’arrondissement de Port-auPrince).
     5 novembre 2022 : Le journaliste Fritz DORILAS de Radio Megastar, co-animateur de l’émission “Le droit, la loi et la justice”, est tué par balles, a Caradeux (Tabarre, Arrondissement de Port-au-Prince).
     16 avril 2023 :Le journaliste Kersaint DUMESKY de Radio télé INUREP a été assassiné par des individus armés dans la commune de Carrefour.
    D) Au moins 2000 cas de kidnappings déclarés pendant ces 21 derniers mois.
    Les cas d’enlèvement, de séquestration et de libération contre rançon sont monnaie courante sous la gouvernance d’Ariel HENRY. Il est pratiquement impossible de recenser de manière exhaustive le nombre total d’enlèvements enregistrés durant cette période. Mais, au moins deux mille trente et un (2031) cas d’enlèvement et de séquestration ont été dénombrés durant ces vingt et un mois de gouvernance d’Ariel HENRY.
    La FJKL constate que les chiffres d’enlèvement vont en s’augmentant comme on peut en juger :
  • Juillet – décembre 2021 : 625 cas d’enlèvement déclaré
  • Janvier – décembre 2022 : 1005 cas d’enlèvement déclaré
  • Janvier – avril 2023 : 401 kidnappés déclarés
    Il faut signaler que ces actes de kidnappings qui ne cessent d’augmenter sur le territoire, s’accompagnent souvent d’agressions sexuelles, voire de viols collectifs.
    Lors des attaques armées, en 2022, à Cité-Soleil, Butte-Boyer, Canaan, Source Matelas, Petite-Rivière de l’Artibonite, 82 femmes et filles ont été violées collectivement par des groupes armés.

La FJKL juge le crime d’enlèvement particulièrement odieux pour un Haïtien. C’est un crime qui va à l’encontre des idéaux de 1804. Le premier pays noir à avoir brisé les chaines de l’esclavage et le seul par une révolte générale d’esclaves en faisant d’Haïti la terre de la liberté, de l’égalité des races humaines ne peut accepter que des groupes armés réduisent à l’état d’esclaves des personnes enlevées sans défense. L’État se doit de mettre un terme à cette pratique qui s’installe dans le quotidien des Haïtiens et qui devient une banalité avec le gouvernement d’Ariel HENRY.
E) Les institutions publiques et privées délogées par les bandits

Durant ces 21 derniers mois au moins 8 institutions publiques dont la Primature et le Palais de Justice de Port-au-Prince ont été délogées par les bandits. La quasi-totalité des institutions privées ont dû abandonner ces zones après le départ des institutions étatiques.

Les bandits ont contraint à la fermeture ou au déplacement : l’Ecole de la Magistrature, le Palais de Justice de Port-au-Prince, les cabinets d’instruction de Port-au-Prince, le Parquet de Port-au-Prince, la Cour d’Appel de Port-au-Prince, l’Académie de Police pendant un certain temps, le Palais de justice de la Croixdes-Bouquets, le Parquet près le Tribunal Civil de la Croix-des-Bouquets, les Barreaux de Port-au-Prince et de la Croix-des-Bouquets, les commissariats de police de Martissant, de Grand Ravine, de Saint Joseph, de Pernier, de Cite Soleil, de Fort-Jacques, de Liancourt, de la Petite Rivière de l’Artibonite, de l’Estère, de Petit Latanier (Titanyen)…

De nombreuse écoles publiques et privées sont fermées ou travaillent à temps partiel.

En mai 2022, 1700 écoles ont dû fermer leurs portes à cause de la violence des gangs sur tout le territoire. Près de 500 000 enfants ont perdu l’accès à l’éducation en raison de la violence liée aux gangs.

F)Territoires contrôlés par les Gangs

Les alliances entre les gangs ont, entre autres, résulté en une extension de territoire et une augmentation vertigineuse des cas de kidnapping en Haïti.

Ces alliances établies entre les groupes armés permettent, à ces derniers, de mieux opérer dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et contrôler le déplacement de chaque personne qu’ils veulent kidnapper.

En 21 mois, les gangs armés en Haïti ont gagné beaucoup plus de territoire que jamais. En effet, le groupe armé de Vitelhomme INNOCENT, à Pernier, peut opérer facilement à Pétion-Ville, grâce à ses ramifications. Celui de « 400 Mawozo » à la commune de Croix-des-Bouquets depuis aout 2021.

Voici une idée de l’élargissement de territoire des groupes armés opérant dans la région métropolitaine de Port-au-Prince :Le chef de gang Vitelhomme INNOCENT, contrôle à lui seul : Pernier, Diegue, FortJacques, Torcelle, Tabarre, Girardo, Pétion-Ville, Meyotte, Route de Frères, route de Kenskoff. Ce gang est spécialisé dans des actes d’enlèvements, d’exécutions sommaires, de viols, de spoliation (Conflit terrien).

Le chef de gang des « 400 Mawozo », Wilson JOSEPH alias « Lanmò 100 jou », contrôle Thomazeau, Ganthier, Croix des Missions, Latan, Butte Boyer, Santo, Croix-des-Bouquets (Territoire renforcé en aout 2021). « Lanmò 100 jou » a fait alliance avec un autre groupe de gangs « G-PÈP », opérant dans les quartiers de Bel-Air et Brooklyn à Cité-Soleil. Le mode opératoire des « 400 Mawozo » : kidnapping collectif, vol à main armée, détournement de marchandises, exécution sommaire, viol collectif.

Le groupe armé « Baz Pilate » opérant à 1e, 2e, 3e et 4e Avenue Bolosse étend ses tentacules dans d’autres quartiers de Port-au-Prince. Ce gang contrôle Turgeau, Debussy, Canapé-Vert, Lalue, Bois Verna une partie de haut-Delmas. Baz Pilate est un membre de la Coalition « G9 en fanmi e alye ».

« Fòs Revolisyonè G9 en fanmi e alye manyen yonn manyen tout », coalition de neuf gangs dans la région métropolitaine. Ce dernier en moins d’un an a conquis les quartiers de La Saline, Projet Drouillard, Delmas 2-24, Portail St-Joseph, une grande partie au bas de la ville… G9 en Famille et allié jusqu’à présent veut conquérir d’autres quartiers, comme Brooklyn, Soleil 9, soleil 17, dirigé par le chef de gang Gabriel JEAN PIERRE alias Ti Gabriel ou chef Gabo. Le mode opératoire de ce gang : kidnapping, massacres, vol de marchandise. Le gang rançonne aussi les commerçants et les hommes d’affaires.

Le gang Fessard à Laboule 12, dirigé par Carlos PETIT-HOMME alias « Ti Makak ».
Ce gang selon les dernières informations obtenues par la FJKL aurait des antécédents avec le gang de Village de Dieu « 5 secondes », car Carlo PETIt-HOMME alias Ti Makak était un soldat de Arnel JOSEPH, ancien chef de gang de Village de Dieu. Logé dans la Localité de Fessard à Laboule 12, l’équipe de Ti Makak contrôle à présent Désiré, Desrivières, Grenier, Laboule, Thomassin, Fermathe, Thara’s, des territoires qui étaient entre les mains des hommes armés de l’homme d’affaires Jean Mosanto Petit alias TOTO.

Village de Dieu, dirigé par André Junior Johson Alias IZO 5 secondes de concert avec Renel DESTIN alias « Ti Lapli » a conquis Martissant 7, 9, 11, 13 15, 17, 19, 21, 23, Martissant 2A, 2B, « Ti Sous », Martissant 4, Cité de l’Eternel. Ces gangs ont l’intention d’étaler plus leurs tentacules dans la commune de Carrefour.

Tibwa, un quartier de Martissant dirigé par Chris-Roy Chéry alias Chrisla contrôledepuis des années, Martissant 25, Fontamara, Bizoton, Nan Brochèt.

Les communes de Delmas et de Pétion-Ville rejoignent aussi la liste des territoires
contrôlés par les gangs. Les 10 sections de la commune de Croix-des-Bouquets sont sous la coupe des gangs depuis mai 2022.

Dans le département de l’Artibonite, les gangs contrôlent 3 communes : l’Estère, Gros-Morne, Petite-Rivière de l’Artibonite.


G). Des déplacés internes

Le déplacement interne présente un autre cauchemar pour les haïtiens.
Pendant la gouvernance d’Ariel HENRY, beaucoup de citoyens et de citoyennes sont contraints de quitter leur zone, d’abandonner leurs maisons à cause de la violence des gangs. Il est difficile de donner un chiffre exact pour les déplacés internes, Les chiffres varient au jour le jour. Mais, il est raisonnable d’estimer à 200 000 personnes le nombre de déplacés internes pendant la gouvernance d’Ariel HENRY

H). Réponses gouvernementales, policières et judiciaires

Le gouvernement n’a annoncé aucune mesure et n’a pris aucune initiative pour adresser le climat de violence et l’insécurité généralisée qui s’abat sur le pays. Il se contente d’attendre l’international avec une hypothétique intervention militaire étrangère qu’il appelle de tous ses vœux. Aucun plan de redressement n’est annoncé, ni une quelconque campagne de recrutement et de formation au niveau des Forces Armées d’Haïti, des forces de police et des services de renseignement. La population est abandonnée et le gouvernement croise les bras pendant que les gangs gagnent du terrain.

Au niveau de la justice, tout est au point mort dans la région métropolitaine. Le Palais de justice est contrôlé depuis près d’un an par le gang 5 secondes et le gouvernement n’en a toujours pas repris le contrôle, voire trouvé un local pour le reloger. Seule la juridiction des référés et une audience correctionnelle sont organisées au local du tribunal spécial du travail et trois juges d’instruction sur une vingtaine travaillent à Port-au-Prince et au rabais en raison de l’insécurité qui sévit sur la route de Frères. La Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP) hésite à amener les détenus au cabinet d’instruction.

Ces audiences sont perturbées depuis plus d’un mois par la grève des parquetiers et des greffiers qui réclament d’une part l’Egalite de traitement entre magistrats assis et debout et de meilleures conditions de travail, d’autre part.

Les réponses du gouvernement se font attendre et la justice déjà bancale se trouve totalement paralysée.

Pas de réponses gouvernementales et judiciaires sur l’escalade de la
violence qui caractérise la gouvernance d’Ariel Henry. La PNH fait des efforts et
paie un lourd tribut dans cette lutte, mais sa réponse est trop timide pour un
problème qui relève beaucoup plus de l ’armée que de la police.

III. Conclusion

Il ressort de tout ce qui précède que le gouvernement d’Ariel HENRY a failli à sa mission première qui est celle de protéger la vie et les biens des citoyens se trouvant sur le sol national.

L’Etat est abandonné aux gangs armés dans l’indifférence totale du pouvoir en place. l’arrogance et la cruauté des chefs de gangs. Ajoutées au désespoir développent au sein de la population un esprit de vengeance et des appels a la violence sur les réseaux sociaux créent un climat d’intolérance comparable à celui qui a prévalu au Rwanda avant le génocide rwandais.

Aucun appel à la raison ne peut être entendu d’autant que le gouvernement d’Ariel HENRY fait de l’exécution sommaire un élément de sa politique de justice.

Le pouvoir en place n’annonce aucune mesure pour juguler la crise : Pas de campagne de recrutements massifs pour les forces armées et les forces de police en dépit du fait que beaucoup de policiers quittent le pays ou abandonnent leur poste, pas de formation intensive, pas de renforcement des structures de renseignements. C’est la politique du laisser-faire, du laisser-grennen, du mépris du droit à la vie qui caractérise le pouvoir d’Ariel HENRY.

La sureté publique, la tranquillité des rues, la liberté de circulation des citoyens citoyennes ne semblent pas inscrites dans l’agenda du gouvernement d’Ariel HENRY.

La colère populaire ne peut jamais remplacer une politique publique de sécurité. Il faut vite reconstruire les institutions régaliennes de l’Etat, construire l’Etat de droit en Haïti.
Port-au-Prince, 2 mai 2023

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