Si pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) la lèpre a pratiquement été éliminée comme problème de santé dans le monde entier, certains pays en Afrique – le Nigéria – en ont été récemment touchés. D’autres de la Caraïbe dont Haïti y sont également frappés à travers différentes villes. Les institutions de santé réfléchissent aux moyens d’en limiter les conséquences au sein de l’environnement. Ainsi les innovations se multiplient, remarque-t-on.
Photo : J. Jones
Samedi 1er juillet 2017 ((rezonodwes.com))– La plus spectaculaire des innovations en matière de santé, constate-t-on, c’est bien l’Hôpital Cardinal Léger (HCL). Situé à Léogâne, à 35 km au sud’ouest de Port-au-Prince, la capitale haïtienne, ce grand investissement s’est engagé gratuitement dans la lutte contre la lèpre en Haïti, raconte la Sœur Neltide Néjean, Présidente.
L’institution dispose d’électricité 24 heures par jour grâce à un système de panneaux solaires. « Elle dispose également de plus d’une trentaine de salles de consultations ambulatoires et de logements, de deux salles d’opérations sont maintenant fonctionnelles et d`un dépôt médical de près de 100 mètres carrés selon les normes de sécurité anticycloniques et parasismiques », nous confie l’administratrice, S. Denise Lauture, sans compter de l’eau qui est disponible, analysée et régulièrement traitée.
Reconstruit sur environ 20 000 mètres carrés après le séisme du 12 janvier 2010, les capacités de prestations de soins de l’HCL, avance-t-elle, ont été augmentées dès 2012. Ainsi 242 patients admis représentant 963 jours d’hospitalisation dont le tiers pour le traitement des Lépreux, 100 interventions chirurgicales par année dont 6 pour des Lépreux, lit-on dans un document de présentation de l’institution.
Selon le Dr André Paul Vénor, à l’exception de la clinique Poupelard de Port-au-Prince, HCL est la seule institution de santé en Haïti qui s’engage à lutter contre la lèpre gratuitement. « Nous demandons 200 gourdes pour une consultation médicale quelque soit sa spécialité », corrobore-t-il.
La Présidente lance un vibrant appel de solidarité à chaque Haïtien pour jouer leur partition dans la lutte contre cette maladie très présente et négligée par les autorités haïtiennes. « Une somme de cinquante dollars américain par Lépreux ($ 50 US/Lépreux) est à la disposition pour chaque personne qui s’engage à identifier un (e) Lépreux (euse) en l’accompagnant à aller à HCL », encourage-t-elle.
Ainsi la maladie provoque des lésions cutanées et nerveuses, enseigne la Directrice qui précise en outre que ces lésions progressent et deviennent permanentes, touchant la peau, les nerfs, les membres et les yeux.
Par ailleurs, au-delà de l’aspect médico-technique, cette grande innovation ne semble pas faire écho dans les médias qui, selon le Père Louis Gabriel Blot, ont une grande responsabilité dans la protection de l’environnement. Joint au téléphone, le chercheur-enseignant en communication à l’Université d’État d’Haïti (UEH) et Directeur du Centre de formation et de production de Léogâne (CFPL), quant à lui, s’intéresse à mener une étude sur les enjeux communicationnels de la lèpre actuellement présente au pays pourtant, absente dans les médias.
« […] Je veux aller plus loin en documentant sur les régions du pays affectées par la lèpre actuellement. Si l’un de mes étudiants est intéressé à réaliser une recherche sur ce problème, je serai prêt à l’accompagner sur le plan académique », promet le Révérend Père de l’archidiocèse de Port-au-Prince.
Le Pr Louis Gabriel Blot se dit également regretter que la lèpre ne fasse pas partie de la liste des sujets de discussions ayant cours dans les médias haïtiens alors que ses étudiants en communication qui se spécialisent en journalisme connaissent bien son ampleur.
Si pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’élimination de la lèpre à l’échelle mondiale a été atteinte en 2000 où le taux de prévalence a baissé de 99%, en 2016, 48 cas de lèpre dont 44 venus des Gonaïves, la cité de l’Indépendance, ont été traités, nous résume la Présidente l’institution lors d’un entretien.
La lèpre est une maladie chronique causée par le bacille Mycobacterium leprae, lit-on sur le site web de l’OMS, qui se multiplient très lentement et sa période d’incubation est en moyenne de 5 ans.
Dans certains cas, les symptômes apparaissent au cours de la première année mais peuvent mettre jusqu’à 20 ans avant de se manifester, ajoute-t-on. La lèpre touche principalement la peau, les nerfs périphériques, la muqueuse des voies respiratoires supérieures ainsi que les yeux.
Elle est transmise par des gouttelettes d’origine buccale ou nasale, lors de contacts étroits et fréquents avec un sujet infecté et non traité. Faute de traitement, la lèpre peut entraîner des lésions progressives et permanentes de la peau, des nerfs, des membres et des yeux.
L’Hôpital Cardinal Léger est le fruit de la Fondation Jules et Paul-Emile Léger du Québec au Québec avec la coopération de l’État haïtien. Cette fondation, depuis 1970, dans la lutte incessante contre la lèpre, la pauvreté et l’exclusion au Québec et dans le monde entier, retient-on dans le magazine de l’HCL.
Wilner Jean, blogueur, journaliste-collaborateur à Rezo Nodwès
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