Haïti :  »Nou pa gen pretansyon sove l », dixit Mirlande Manigat dans son discours d’installation comme membre du HCT

0
1065

Discours de Mirlande Hyppolite Manigat à l’occasion de l’installation du Haut Conseil de la transition

Chers amis,

La chrétienne que je suis, a le devoir en ces circonstances particulières de tourner, avant toute chose, ses regards vers le ciel, et d’adresser ses dévotions à Dieu pour le remercier de la grâce dont elle est comblée, et qui a guidé ses pas pour la conduire à cette charge.

Depuis que j’ai été appelée à occuper cette haute fonction, je ne cesse de penser à mes parents qui m’ont inculqué cet amour indéfectible de la patrie dans la tradition d’un attachement aux valeurs d’honnêteté, de civisme et du respect du bien public.

La solennité du jour me porte à avoir une pensée spéciale pour mon feu époux Leslie, qui m’a initiée à la politique en me conseillant de toujours rester fidèle à mes principes tout en gardant l’espérance. Je sens aujourd’hui plus que jamais sa présence comme un témoignage de support au choix que j’ai fait.

Mesdames et messieurs,

Les membres de la HTC ne vous apprendront rien en vous disant que le pays s’engouffre de plus en plus dans une crise politique affectant TOUS les secteurs de la vie nationale. Face à la complexité et à la volatilité de la situation, il est impérieux pour chaque haïtien conséquent, dans sa sphère d’activité de répondre à l’appel du devoir.  Ce n’est certes pas dans ces circonstances que nous avions rêvé d’occuper une si haute fonction. La décision a été difficile.  Fallait-il continuer à nous confiner dans le rôle inactif d’observateurs et de critiques avisés ? Devrions-nous nous abstenir de nous associer aux affaires de notre pays face au déclin dont il est l’objet ? Le consensus du 21 décembre est-il l’instrument idéal de sortie de cette crise qui perdure ?…  La liste des questions est longue voire sans fin.

Puisqu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, accordons au consensus du 21 décembre le bénéfice de la bonne intention.  J’en profite, au nom de mes collègues, Laurent St Cyr et Calixte Fleuridor pour présenter nos plus vives et sincères félicitations à l’équipe indépendante de facilitation.  Par son travail et son sens du compromis, elle a légué à la postérité un instrument que le pays n’oubliera pas de sitôt.

Monsieur le Premier ministre,

Nous vous remercions d’avoir apprécié et encouragé la désignation faite par les signataires de l’accord du 21 décembre.   Nous avons donc fait le choix de servir.

 Ces moments de grandes préoccupations qui hantent la vie de chacun de nous est une source de désespoir. De désespoir pour les familles, pour les jeunes, pour les investisseurs, pour les femmes-mères, pour les professionnels, les cultivateurs, les marchandes, pour les femmes de maisons… 

L’Haïti des gens qui peinent, l’Haïti des gens qui se battent quotidiennement pour un bout de pain, l’Haïti des gens qui se lèvent tôt et qui n’ont nulle part ou se coucher le soir venu, nous attend au tournant !  Nous devons, dans un esprit de sérieux avec le sens de l’abnégation, répondre à cette attente par le rétablissement de l’Ordre public, instaurant en cela la libre circulation des gens et des biens.  Lutter contre la corruption pour une meilleure répartition des richesses nationales.

L’heure a sonné de s’impliquer avec désintéressement, dans le seul souci d’œuvrer à porter un remède définitif à certains maux qui rongent notre société.

Notre pays est à un tournant critique de son histoire. Nous demeurons convaincus que nos soucis sont les mêmes. En répondant positivement à l’appel des signataires du document de Consensus, nous avons pris l’engagement de nous mettre au service du peuple. C’est désormais l’unique opportunité de mettre de côté ce qui nous divise pour prioriser la réussite de notre mission. Ainsi remercions-nous ces associations qui ont placé leur confiance en notre patriotisme. 

Les prescriptions du Haut Conseil de Transition sont clairement définies.  Tout converge vers un seul objectif : créer un climat favorable à l’organisation de nouvelles élections dans le dessein de reconstituer les institutions démocratiques.

Nous devons nous convaincre que la réalisation des élections est conditionnée par différents facteurs dont l’apaisement social et la sécurité assurée sur tout le territoire. 

A ce compte, nous du HTC en appelons aux forces de l’ordre pour qu’elles resserrent les rangs, en s’impliquant encore plus dans la lutte contre ce banditisme organisé, voué à la déstabilisation permanente de la société et à l’anéantissement des acquis démocratiques.

Nous invitons, avec tout le poids de l’autorité dont nous sommes investis, les amis de la communauté internationale à tenir les engagements qu’ils ont pris d’assister les organes de maintien de l’ordre dans la lutte contre la malveillance sociale.

Nous nous faisons le porte-parole de tous les acteurs de la vie nationale pour clamer sans ambiguïté qu’il ne pourra pas avoir d’élections si  la  sécurité n’est pas rétablie.   Les forces nationales et internationales sont tenues de s’accorder pour assurer la paix des rues. 

Trois grands chantiers nous attendent immédiatement.  Il s’agit du remaniement constitutionnel, du renforcement du système judiciaire et de la formation du Conseil électoral. Nous devons nous y atteler sans rémission car les yeux de la population sont rivés sur nous ; et pour cela nous avons une obligation de résultat.

Je prends la liberté avec mes collègues, monsieur le Premier ministre, d’inviter les membres de votre gouvernement à s’impliquer, dans une démarche dépouillée de rivalités, en vue de la mise sur pied et de la réalisation de programmes concrets d’apaisement social en faveur des plus vulnérables.  Les délais sont désormais fatidiques. Nous avons dès lors l’obligation de répondre aux attentes de la population.

Mesdames et messieurs les non-signataires du consensus du 21 décembre,

Ce n’est à certains égards pas la formule dont vous rêviez, toutefois, au nom de mes collègues je réitère et j’insiste :  Je tends le rameau d’olivier à tous les acteurs sociaux, politiques, syndicaux, professionnels, culturels, de l’intérieur comme de l’extérieur. 

Nous n’avons aucune autre ambition que celle de réaliser de bonnes élections libres, honnêtes et inclusives.   Joignez-vous à nous, pour que vos propositions et vos rêves trouvent, au sein du Haut Conseil de Transition, l’espace que vous souhaitez.   

Ce que nous vivons aujourd’hui est nouveau, il est même exceptionnel.  L’histoire d’Haïti est certes parsemée d’une cinquantaine de gouvernements de transition et même d’interruptions des prescrits constitutionnels.  Faisons de ce nouveau cas une opportunité !  

Chers compatriotes,

Vos cris nous sont parvenus et résonnent très forts dans notre esprit puisque nous vivons nous aussi au quotidien vos angoisses et vos soucis.  Vous dire qu’en claquant les doigts tout deviendra beau serait vous leurrer de fausses illusions. Il n’existe pas de recette miracle à la solution de ce que nous vivons.

Les citoyens engagés, les travailleurs impénitents que nous demeurons tous les trois, sont foncièrement conscients des empêchements actuels.   Cependant vous devez comprendre que les élections sont une étape incontournable pour le renouvèlement du personnel politique. C’est l’UNIQUE moyen devant vous permettre de choisir celles et ceux appelés à répondre à vos désidératas. 

Nous vous invitons à vous organiser avec la conviction de gagner ensemble le pari de la réussite des élections.  Mettez de côté vos ressentiments et vos doutes.  Soyez vigilants mais déterminés. 

Alos kompatriyot nou yo, an nou kole zepol. An nou rasanble,  peyi a chaje ak moun ki kompetan.  An nou sonnen lanbi rasanbleman an, Venceremos !  Nap ranpote la viktwa kan mém!

Desalin te di : « sa pa fèm anyen ke yo kritike’m, kondane’m, si mwen sove peyi’m ».  Nou pa gen pretansyon sove’l, men an’n komanse tretman an.

Polisye nou yo, nou menm ki nan la ri a, kap fè fas kare ak bandi, delenkan, chimè, zenglendo, gang, nou konnen sa nou vo, e nou  konnen nou detemine pou nou kwape kansè saa ! 

  Popilasyon an se sou nou yo konte, nou pa ka lagel.  Bliye sak divise nou, nou menm nan o konsey la nou konnen sak fè nou mal, Veye move zangi kap divize nou   Pa jan’m bliye se kolon’n ki bat.    Nou vle ke nou konnen ke nou met kote sou konsey la,  lap fè TOUT sal kapab pou’l ede kwape insekirite-a pou pèmèt chak ayisyen viv lib e libè san la pèrez.

 KE BONDYE BENI AYITI

Mèsi tout moun

Mirlande Manigat
HCT

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.