Un engin volant  »made in China » fait peur aux Américains

0
1761

Par Ducasse Alcin

Pour un fait insolite c’en est vraiment un ! Un ballon géant made in China sème la panique dans le ciel américain. Il est si grand qu’il ferait la circonférence de trois autobus. D’abord visible à Montana, cet engin spatial continue son petit bonhomme de chemin pour photographier, on le pense, des sites ultra-secrets que le gouvernement américain a toujours crû à l’abri de l’espionnage.

La présence de cet objet volant dans l’espace aérien des États-Unis est la preuve la plus tangible confirmant jusqu’où Pékin veut pousser sa témérité concernant son programme d’espionnage.

On le comprend, publiquement les responsables américains tentent de relativiser la portée de cet incident, arguant que sous ce rapport, la Chine n’en est pas à son début. On dit que par le passé, les Chinois se sont maintes fois livrés à ce genre d’activités non loin de la rade américaine et que cela ne casse pas trois pattes au canard de savoir que les deux pays s’espionnent mutuellement.

Mais les propos peu rassurants des dirigeants américains ne sauraient masquer la profonde gêne qu’ils éprouvent en ce moment. On rapporte que Biden est très furieux ! Le hic de cette affaire est de savoir comment le pays le mieux protégé de la planète—une Nation dont le budget militaire dépasse plus de deux fois celui de la Chine—puisse permettre qu’un tel drame se joue dans son espace aérien?

La Chine pour sa part joue à l’innocence. Elle affirme que la montgolfière ne revêt aucun cachet d’espionnage et qu’il ne s’agit en fait que d’un aérostat civil qui a accidentellement laissé sa trajectoire initiale pour entrer dans l’espace aérien des États-Unis.

Mais ce n’est pas à un vieux macaque comme l’Oncle Sam que les Chinois apprendront ce que c’est que l’espionnage. Les propos de la Chine sont loin de convaincre les Américains du contraire.

Du côté des officiels américains l’incident est pris très au sérieux. Tant et si bien que Lloyd Austin, le secrétaire de la Défense étudiait une kyrielle d’options dont la plus faisable serait de faire exploser l’engin en plein air. Mais vu sa taille et compte tenu aussi de la quantité d’hélium qu’il contient, s’il venait à exploser, ses débris s’éparpilleraient sur des kilomètres à la ronde et auraient de graves conséquences sur la santé des habitants de la région au-dessus de laquelle il pavane. Cette possibilité est donc à écarter.

Le désormais « Ballon-gate » s’est produit à un moment où Antony Blinken fait des yeux doux à Xi Jinping. Il compte effectuer une visite en Chine le dimanche 5 février prochain, dans le but de tenter de rapprocher les deux pays dont des pommes de discorde opposent diamétralement.

Un autre objectif au menu des discussions entre le diplomate américain et le Président Jinping est ce besoin urgent de la part de Washington d’essayer de contraindre la Chine à user de son influence pour forcer la main au président russe Vladimir Poutine à mettre un terme au conflit qui oppose son pays à l’Ukraine.

Dans quelques jours, on marquera le premier anniversaire depuis le déclenchement des hostilités entre les deux belligérants. Le bilan est exécrablement lourd pour les deux camps, non seulement en termes de perte en vies humaines, mais aussi eu égard à des dégâts matériels incommensurables.

L’incident coïncide aussi à la visite du secrétaire à la Défense des Etats-Unis aux Philippines. Certains observateurs ont été très prompts à suspecter que l’action chinoise est une réponse à cette visite. Une visite que les deux pays interprètent comme un catalyseur servant à réchauffer l’alliance entre les USA et ce pays de l’Asie du Sud-Est. Il est à rappeler que les États-Unis ont établi de nombreuses bases militaires aux Philippines. La Chine pour sa part a toujours protesté contre la présence de ces dernières qui se trouvent à seulement quelques encablures de ses côtes.

Les griefs de Pékin sont aussi liés au bras de fer qui les opposent à Manille. Le nœud gordien de ce conflit voilé a trait à quelques atolls situés au large des côtes de la mer de Chine sur lesquels les deux pays réclament chacun sa souveraineté. Assez récemment, la Chine s’était livrée à des exercices militaires très musclés pour tenter de dissuader la coopération militaire entre Washington et Manille.

Le Taiwan aussi fait partie des sujets houleux qui divisent Washington et Pékin. En effet, il n’y pas si longtemps que ça, Biden avait lâché à un reporter que dans un hypothétique conflit entre la Chine et Taiwan, les États-Unis se positionneraient aux côtés de l’île Formose. Ce discours n’a pas été du tout au goût de la puissance du « Dragon Rouge », dans la mesure où la Chine considère toujours son petit voisin comme une province rebelle qu’elle jure de rattacher à la terre continentale.

Ce geste peut être aussi interprété comme une manière pour Pékin de signaler aux Américains, perçu comme un « tigre en papier » par Mao Zedong, qu’il les a à l’œil et qu’il dispose de moyens logistiques pour se livrer lui aussi à l’espionnage spatial.

On en veut pour preuve que durant ces dernières années, la Chine a ostensiblement raffiné son programme d’espionnage électronique. Rien qu’en 2015, par exemple, des grosses pointures dans la technologie chinoise ont été arrêtées pour espionnage aux Etats-Unis.

Dès qu’il a pris le pouvoir, le Président Xi Jinping a presque doublé son budget militaire pour placer son pays en deuxième position, tout juste derrière les États-Unis dans la course aux armements. Et l’Odyssée ne fait que commencer !

Pékin n’a pas non plus négligé le domaine spatial. La Chine disposerait en effet d’environ 44 satellites orbitant la planète. Et on peut en être certain qu’au même degré que la Russie et les Etats-Unis, certains de ces satellites sont destinés à des missions d’espionnage. Pour avoir envoyé des sondes tant sur la Lune que sur Mars, la Chine se hisse désormais dans la galerie des grands pour ce qui est de la conquête spatiale.

Mais outre que cet incident embarrasse Biden, il le place aussi dans le collimateur de ses adversaires républicains qui exigent déjà des explications. À n’en pas douter la droite américaine chauffera cette anicroche diplomatique à blanc dans le but de dresser l’opinion du public américain contre lui.

Et pour ne rien arranger, celui-ci vient tout juste d’être éclaboussé par un scandale en rapport avec des documents classifiés qu’on a découverts chez lui qui remontent à la période où il a servi comme Vice-président.

Ducasse Alcin 

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.