Éducation : Message de l’Union Nationale des Normaliens/nes d’Haïti (UNNOH)

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Haïti : Célébration, ce mardi 24 janvier 2023, de la cinquième Journée Internationale de l’Education dans un pays bloqué, gangstérisé où fleurit l’industrie du kidnapping et où même le droit de circuler est enlevé au peuple et en particulier aux enseignants-es.

Message de l’Union Nationale des Normaliens/nes d’Haïti (UNNOH)  

La Journée mondiale de l’éducation est célébrée  cette année autour du thème : «Investir dans l’humain, faire de l’éducation une priorité». Aussi,  en 2023, cette journée «  appelle à maintenir une forte mobilisation politique autour de l’éducation et à tracer la voie pour traduire les engagements et les initiatives mondiales en actions. » 

Comment relancer la mobilisation politique autour de l’Education et autour de la crise globale qui secoue sauvagement notre pays ? Peut-on, dans les conditions actuelles, commémorer valablement cette Journée internationale de l’Education ? Quelles sont les nouvelles perspectives de luttes à envisager pour enfin renverser cette situation inacceptable ? 

Dans le contexte actuel, parler de manière sérieuse de cette commémoration conduit inévitablement à une réflexion sur la définition de nouvelles perspectives de luttes  contre la marchandisation de l’éducation, le manque de considération sociale des enseignants-es résultant de la mauvaise condition enseignante, contre la gangstérisation de notre pays,  l’insécurité planifiée, le kidnapping autorisé, la corruption généralisée  et en dernier lieu contre le pouvoir  corrompu et criminel PHTK  qui a considérablement diminué la part du budget national consacrée à l’éducation (de 17% , elle est passée à 11,2%).

Il importe résolument de gagner ces luttes  pour garantir le présent et l’avenir du pays, la mise en place d’une éducation publique de qualité, l’amélioration significative de la condition enseignante, un mieux-être et un mieux-vivre  dans une société haïtienne fragilisée, dans un monde en panne de repères où le triomphe du capitalisme mondialisé  transforme tout en marchandise,  notamment l’éducation qui, pourtant, est un droit humain fondamental transversal, un bien public et une responsabilité publique. La Journée mondiale de l’Education est célébrée en vue de mettre en évidence le rôle essentiel de l’éducation particulièrement d’une éducation publique inclusive et équitable de qualité  pour parvenir à un monde autre garantissant l’égalité entre les citoyens-nes, des conditions de vie dignes et des opportunités tout au long de la vie pour tous-tes.

Seule une éducation publique de qualité accessible à tous et à toutes est capable d’assurer l’avenir de nos sociétés soumises à de multiples contraintes et à de nouveaux défis posés particulièrement par le système capitaliste mondialisé et débridé. Il est impératif de mettre en place des systèmes éducatifs  positivement transformés, capables de former des hommes et des femmes critiques, lucides, solidaires et qui soient en mesure d’aider à affronter les graves problèmes du moment  et  à relever  les grands défis posés.  L’actuelle équipe gouvernementale corrompue est-elle en mesure d’assurer une telle éducation ?Quel type de traitement a-t-il donné au personnel enseignant et dans l’ensemble à l’éducation ?

Les agissements de  l’actuel gouvernement de facto vis-à-vis des enseignants-es sont parlants. Pour s‘en rendre compte, il suffit de considérer  le problème des enseignants/tes qualifiés/es  qui travaillent depuis plusieurs années  sans lettre de nomination donc sans salaire, particulièrement les cinq cents (500) nouveaux enseignants nommés depuis prés d’un an ; celui du dysfonctionnement  de la police d’assurance pour laquelle le gouvernement  effectue des prélèvements mensuels réguliers  sans offrir en retour aucun service ; le  non octroi jusqu’à présent de la carte de débit, carte  accordée aux autres fonctionnaires publics sauf  à ceux du secteur éducatif ;  la remise en retard des chèques qui devraient être livrés le 25 de chaque mois et qui sont, depuis un certain temps, remis au plus tôt  le « 40 », souvent le « 50 » et même le « 55 » ou le « 58 » du mois.

La cinquième Journée Internationale de l’Education se commémore en Haïti, cette année, sous le signe de l’insécurité étatique planifiée, de la violence étatique organisée, de la répression politique systématisée, d’assassinats politiques ciblés, du banditisme gouvernemental assumé, du kidnapping quotidien programmé. Ainsi, ce 24 janvier est marqué, entre autres, par l’enlèvement à domicile du professeur Pierre Buteau, un kidnapping de trop, choquant et révoltant qui doit interpeler une fois de plus notre conscience citoyenne.

Les enseignants/tes haïtiens/nes commémorent, cette année, dans des conditions difficiles et douloureuses cette Journée. En effet, deux ans après l’assassinat du Bâtonnier en fonction Monferrier Dorval et de plusieurs autres enseignants et étudiants, et particulièrement  deux ans après  l’assassinat crapuleux  du jeune enseignant Grégory Saint-Hilaire, dans la journée du 02 octobre 2020 par  des gangs du pouvoir en place, habillés en policiers, la situation s’est empirée au niveau global et notamment  au niveau de l’éducation. 

Le gouvernement de facto n’a ni la volonté,  ni la capacité  d’apporter les solutions attendues, d’opérer les changements nécessaires exigés ou de satisfaire les revendications populaires en matière d’éducation.  Le seul changement visible opéré c’est le changement de slogan. Le ministre de  l’éducation  passe du slogan « Lekòl pa ka tann » à celui de « Ti pa, ti pa », dernier slogan mis en avant pour cacher l’incapacité du gouvernement à créer les conditions minimales de sécurité  pour le fonctionnement normal des institutions scolaires.  

La gravité de la situation actuelle de notre pays nous interdit de célébrer normalement cette journée  comme cela se fait de par le monde. En cette occasion, l’UNNOH se contente d’inviter tous les acteurs-ces du  monde de l’éducation en Haïti et la société en général  à réfléchir sur la fragilité de notre situation, à s’organiser  davantage et à s’impliquer plus activement dans la lutte pour une éducation publique de qualité qui forme à la citoyenneté  et principalement pour une Haïti souveraine, libérée de l’ingérence génocidaire des puissances impérialistes et du régime criminel et corrompu PHTK.

L’UNNOH invite à une  profonde réflexion sur la conjoncture,  sur les problèmes fondamentaux liés à l’éducation et  les grands défis de l’heure afin de mieux les saisir pour mieux les surmonter. L’UNNOH appelle enfin  à un plus grand réveil de la conscience citoyenne  et à une indignation populaire encore plus remarquable pouvant renforcer le soulèvement populaire en cours et amener vers le changement radical exigé par le peuple haïtien en lutte.  

Ce qui se passe présentement en Haïti est inacceptable.  Il nous faut agir vite et bien pour parvenir à mettre un terme à cette situation troublante et dangereuse. C’est pourquoi nous sollicitons une solidarité internationale agissante pour nous aider à sortir de cette situation intenable qui a trop duré. En ce sens,  la relance  du  mouvement de protestation populaire s’impose et les enseignants-es, élèves, étudiants, parents, et tous les citoyens-citoyennes sont invités/es à participer et s’engager davantage dans ce grand mouvement de protestation populaire pour une Haïti autre où les enseignants-es sont autrement traités-es.

Pour authentification :
Péguy NOEL, Coord. Ouest,            
Josué MERILIEN,  Coordonnateur Général.

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