Amalgame de Mirlande Manigat : L’hégémonie « amnésique » au service de la médiocratie cynique

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« Soyez sérieux. N’inventez rien. Je suis au service du gouvernement d’Ariel Henry. Mais, je ne travaille pas pour le PHTK ». C’était dans la colère que la représentante politique du Haut Conseil de Transition mort-né ripostait aux questions de la journaliste de la radio Kiskeya qui rapportait les soupçons de sa connivence soudaine avec le PHTK. En acceptant de danser ce tango cacophonique avec de véreux « zenglendos » politiques, madame Manigat s’est fourvoyée dans le sophisme d’une mission suicidaire qu’elle aurait confondue avec une mission salvatrice au crépuscule de sa vie politique déceptive. En des incohérences flagrantes au cours de cette entrevue menée avec maestria par la journaliste Kétia JP Taylor, la constitutionnaliste a tristement poignardé la logique.  

Le paradoxe serait plutôt évident si quelqu’un promet d’obéir à Potiphar alors qu’il claironne en même temps se dresser contre Pharaon. Nul ne saurait admettre de se faire coller l’étiquette d’adepte du Christ sans vouloir adhérer aux préceptes de Dieu. Qui pourrait servir un prince, au service « loyal » d’un roi, tout en étant en désaccord avec les volontés du royaume ? « Puisque Ariel travaille pour Michel et que Mirlande travaille pour Ariel ; alors Mirlande travaille pour Michel ». Détrompez-vous madame Manigat, la société a constaté dans une clarté obscure que vous êtes au service du PHTK, de Martelly et de ses alliés détraqués.

Tous ceux qui ont au moins atteint le niveau académique de 9e AF peuvent facilement remémorer la propriété de transitivité de la relation d’équivalence. « Si A implique B et que B implique C ; alors A implique C ». Dans les cercles discursifs, cette forme de raisonnement connue sous le vocable « Transitivité » habille l’éloquence d’arguments irréfutables. Tant dans les domaines des sciences molles que des sciences dures, la transitivité a permis de soutenir des thèses ou de les infirmer d’un revers de main. Dans l’arène académique, dans les négociations géostratégiques, au sein des hémicycles, des parlements et des tribunaux, la dialectique et la maïeutique puisent de manière savante dans la notion de transitivité pour prendre des décisions judicieuses. La transitivité, fille du syllogisme, contribue à prononcer des verdicts détachés de toute dose d’injustice et de subjectivité.

Martelly demeure le parrain

Il n’est plus à démontrer qu’Ariel est un fidèle serviteur du régime criminel PHTK. Le Premier ministre actuel imposé par la puissance d’un tweet du Core-Group répugnant est un autre filleul de Michel Martelly. Il est avéré que le filleul tient envers le parrain le serment d’allégeance de le permettre de respirer l’oxygène de la bulle officielle. Retour d’ascenseur entre des gens mélangés dans toutes les formes de scandales, Ariel Henry fait les quatre volontés maléfiques de Michel Martelly.  

« Subrepticement », Ariel assurait déjà des fonctions régaliennes, au sommet de l’État. C’est sous l’égide de Michel Martelly qu’Ariel Henry a été désigné à des postes ministériels stratégiques au pays. C’est encore Michel Martelly qui avait imposé le neurochirurgien à « l’ingénieur Moïse » en remplacement à Claude Joseph à la tête de la Primature, peu avant le magnicide du 7 juillet 2021. Madame Manigat, vous n’êtes ni dupe ni un quidam en matière d’informations, de négociations et d’immixtions politiques en Haïti. Les crimes, les coups bas, les deals souterrains, les ingérences ; mieux que quiconque, vous avez été témoin de la plupart des désordres publics. Je vous fais grâce d’une kyrielle d’arguments supplémentaires dont vous êtes clairement consciente d’ailleurs.

Madame la présidente d’honneur du RDNP, vous avez apposé votre paraphe de prestations de service au profit du valet. Alors, a fortiori, vous exécutez les désirs du maître. Si vous vous étiez trompée de bonne foi, alors sortez du milieu d’eux. La postérité vous aurait épargné une triste épitaphe en vous clouant du mauvais côté de l’histoire, à des années-lumière de votre époux. Les brasseurs du PHTK vous utilisent pour des causes affairistes et électoralistes. Leslie en est indigné. Évitez ce divorce posthume en optant pour un retour à l’équilibre. Ariel est une marionnette entre les mains sales de Michel Martelly et donc du PHTK. Votre mariage indécent avec Ariel donne de la répugnance aux tenants des positions citoyennes ancrées dans la conviction de voir une gouvernance avisée s’instaurer en Haïti.

Agenda d’élections Pike-Kole

Il est clair que le PHTK et le Core-Group planifient d’offrir une nouvelle fois à Haïti des élections Pike-Kole. Par son âge et son image politique – pas trop sale – madame Manigat y apporterait un zeste de légitimité. C’est grave que cette femme politique censée être mature se laisse berner à ce niveau. Des élections avec Ariel comme chef de file vont se solder par la sélection de Michel Martelly ou d’un sosie de lui à la présidence du pays. Ce serait alors la réitération de la bêtise et du cannabis aux fauteuils les prestigieux de la cité.

Madame Manigat, c’est dans ce complot antipatriotique auquel vous voulez vraiment prendre part ? Mais, que dites Jean Price Mars qui croit qu’en tant qu’élément de l’élite, votre vocation est plutôt d’apporter votre quotepart dans la construction d’un édifice social où règnent l’excellence et l’intégrité. Helen Lalime a encensé la fédération des gangs au pays dont votre parti est directement victime. Pourtant, vous recevez des ordres de cette plénipotentiaire du Binuh qui s’ingère avec une arrogance indicible dans la souveraineté du pays. Gravissime. Les institutions de vigie et les yeux de lynx ne peuvent plus accepter que cette république historique continue de se crucifier en de sempiternelles crises électorales et post-électorales. À ce stade de la modernité, Haïti doit définitivement emprunter les sentiers de la stabilité.

Sous un angle formel, Martelly n’évolue pas visiblement dans cette jungle ensanglantée dont il est le concepteur. Cependant, tout le monde d’ici et d’ailleurs sait que le capitaine du PHTK demeure le roi de la jungle. Récemment, la société a constaté que le champion « persona non-grata » a été sanctionné par le Canada et les USA en raison de sa collusion dans la corruption et le banditisme musclé au pays. Pourtant, suite à son auto-déportation des États-Unis, Michel Martelly a été accueilli « sur tapis rouge » par le locataire arbitraire de la Primature.

Ariel Henry avait diligenté un cortège de policiers de corps spécialisés de la PNH pour escorter le patron du PHTK à son domicile. Madame Manigat, cela ne vous a pas mis la puce à l’oreille ? Détrompez-vous de croire que ce serait du jour au lendemain qu’Ariel allait prendre ses distances par rapport à son patron, celui qui l’a fait chef encore, encore et encore. Dans les lignes de la presse locale et internationale, le nom d’Ariel Henry a été cité à plusieurs reprises comme suspect dans l’assassinat du président Moïse. Cela ne vous choque pas, madame Manigat ?

Les policiers se trouvent fort souvent en effectif réduit, ce qui les rend inefficient devant leur serment de protéger et servir la population, voire de se protéger eux-mêmes contre les bandits lourdement armés par des têtes détraquées du pouvoir en place. Pourtant, Michel Martelly pavane ça et là dans une farouche mégalomanie dans la disette, mobilisant les ressources humaines de la PNH dans une extravagance stupéfiante.

Comment une femme de loi peut-elle être insensible aux différentes gabegies et escroqueries occasionnées par ce régime pervers qui a pillé les caisses du trésor public ? Serait-ce la démence de la raison ? Ou tout simplement un esprit de cette trempe que la société croyait être une femme politique digne serait-elle tombée sur la tête ? Dès sa phase embryonnaire, ce Haut-Conseil de Transition né en dehors d’un consensus politique acceptable est un vaste échec. Haïti doit éviter ce gaspillage de temps et d’argent.

À la nage dans un bassin toxique

Non madame Manigat, Leslie n’approuverait pas cette option suicidaire qui salit un riche patrimoine qu’il a construit pendant plusieurs années. Jusqu’avant votre fusion infecte avec les dirigeants indignes en place, le nom de Manigat ainsi que de son parti politique quarantenaire retentissaient bien aux oreilles des gens de bien. Ce « job cercueil » pour reprendre votre propre expression que vous avez acquiescé de cette manière si opprobre déshonore votre époux qui a dessiné pendant plusieurs décennies – à travers ses livres, ses conférences, ses interventions dans les médias – les lignes directrices de la bonne gouvernance.

Professeur Manigat plaidait pour que ce soit la science et la conscience qui gouvernent la sphère politique. Il étayait des points de vue solides en exigeant que le discours politique soit « sincerisé ». Aujourd’hui – sans autorité, sans repère, sans mandat – vous vous associez tête baissée à une équipe pilotée par des gens inculpés dans de nombreuses malversations. Pourtant, vous osez véhiculer que Leslie vous aurait encouragée dans cette voie suicidaire. Madame, il s’agit d’une trahison posthume à votre mari, indubitablement indigné dans son séjour éternel.

Ressaisissez-vous madame Manigat. Dans l’œil du cyclone d’une nouvelle ingérence étrangère que des faux-amis et des traîtres fils d’une petitesse d’esprit s’apprêtent à faciliter, vous êtes dans le déni de la réalité. Dans cette entrevue exclusive accordée à la Radio Kiskeya, la professeure émérite à l’Université Quisqueya a regrettablement failli à de nombreux principes de la logique. À titre de constitutionnaliste, la logique devait être votre boussole en tout temps et en tous lieux. Je suis persuadé que le bakara n’est pas votre ami. Pourtant, comme un soulard inconscient de ses actes, vous avez opté de vous vendre au « baka ». Vous êtes en train de cracher sur les convictions de Leslie, d’Éric et de beaucoup de sympathisants du RDNP. En plus de Leslie, vous déshonorez les éléments basiques de la dialectique. L’université en est offusquée.

L’assassinat posthume de Leslie

Coup tragique pour Leslie, pour Éric, pour mon père qui était un membre du RDNP et pour tous ceux qui combattaient la violence, l’injustice et la gouvernance concupiscible. Leslie était parti dans une douce mort ; aujourd’hui la mémoire de Leslie est assassinée. Dans un lynchage de trop, cela ne fait pas longtemps qu’Éric Jean Baptiste a laissé le périple terrestre dans la précocité. Par souci de quoi ? Je sens que le temps du deuil n’a pas été observé. C’était déjà inacceptable pour les vivants et pour les morts de vivre de telles atrocités anthumes au pays. Pourtant, la présidente d’honneur se met maintenant à tuer Éric d’une mort encore plus ignoble. Bizarre.

Devrais-je rappeler à madame Manigat que sous le règne d’Ariel Henry, par ricochet règne de PHTK, un nombre pharaonique de professeurs, étudiants, policiers et professionnels de tout champ ont été kidnappés et assassinés. De nombreuses femmes et de jeunes filles ont été violées, des capitaux et des cerveaux se sont enfuis massivement alors que le gouvernement d’Ariel Henry n’y fout rien de concret pour stopper l’hémorragie. Les rapports de la Cour des Comptes étaient déjà suffisants pour épingler les capitaines du régime politique en place comme les principaux coupables des scandales financiers, particulièrement des fonds du Petrocaribe. Les sanctions et confiscations des biens de ces dilapidateurs indexés de corrompus, de dealers de cocaïne et de bandits à cravates, ont confirmé la gravité de cette collusion du banditisme d’État instauré par le PHTK. N’est-il pas trop triste que la veuve de Leslie s’asseye avec ces contrebandiers économiques et politiques qui ont pourri toutes les artères du pays, particulièrement de la capitale. Coup de massue au tympan de la dialectique.  

Helen Lalime, Ariel Henry, Michel Martelly et Ti-André ont jeté leur dévolu sur vous dans la seule perspective d’approuver les dérives électorales en perspective. Question d’accorder un minimum de légitimité à la risibilité, Ti-André aime les gérontes qui ont perdu le sens de la honte. Hier, c’était Mécène dans un rôle de mercenaire au plus haut sommet de l’État. Aujourd’hui, ces « bouda chire » de l’opposition à califourchon vous perçoit comme une nouvelle mercenaire. Le tableau vous est bien décrit. Vous avancez ou vous reculez ? Vous avez rendez-vous avec l’histoire. Il vous revient de choisir votre camp. Soyez-en consciente.

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

Référence

Entrevue de Mirlande Manigat, accordée à Radio Kiskeya :

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