Plaidoirie pour une gestion efficace du voyage des boursiers Haïtiens vers le Brésil

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Lundi 5 décembre 2022 ((rezonodwes.com))–

À la réception de la liste des boursiers Haïtiens approuvés à compléter des études post-graduées au Brésil pour la session d’automne 2023, nous étions très heureux de constater que la coopération entre Haïti et les pays Sud-américains continue de faire du chemin. Vingt-et-une (21) bourses ont été accordées à de jeunes compatriotes qui devront se rendre au Brésil pour acquérir de nouvelles connaissances dans des domaines variés. Ces futurs cadres pourraient être très utiles à la société haïtienne sur le sol haïtien si par le passé ceux qui avaient dirigé le pays jetaient les bases du développement économique pour une intégration effective de la jeunesse. Une meilleure production économique des secteurs clés capables en vue de générer de la croissance requiert du capital humain qualifié. Bref. Pour l’instant nous voulons jeter un regard sur les paperasses administratives auxquelles les étudiants doivent s’affronter avant leur arrivée au Brésil.

Tout d’abord, depuis l’intervention des forces multinationales en 2004, des ouvertures avaient été offertes aux jeunes haïtiens pour se rendre en Amérique du Sud sans la contrainte de procuration d’un visa. Cette dynamique culturelle qui a donné lieu à une fraction de la diaspora haïtienne qualifiée à la région devait impliquer de meilleurs partenariats entre les deux pays. Cependant, en raison de l’état lamentable de la gestion des affaires internationales, des démarches rationnelles ne semblent être entreprises pour faciliter des vols commerciaux d’Haïti vers les pays de l’Amérique du Sud.

Nos jeunes Haïtiens qui doivent se rendre au Brésil se trouvent dans l’obligation d’acheter des droits de passage via la République Dominicaine à un prix exorbitants de US $500 par étudiant. Le voyage via la République Dominicaine nécessite en outre un ticket de Terra Bus à hauteur de $60 par étudiant qui aura besoin en outre d’un minimum de $100 pour les frais de nourriture et d’hôtellerie. Tous ces frais s’ajoutent à celui du billet de Santiago de Los Caballeros estimé à US $1,200. Au total, les frais de voyage via la République Dominicaine incluant les droits de transit et les coûts induits peuvent s’estimer à un minimum de US $1,800.

A l’opposé, divers vols entre La Havane à Cuba vers différentes villes au Brésil offrent des frais minima variant de US $600 à $800 avec possibilité de se rendre au Brésil le même jour. Parallèlement, des vols via Fort-Lauderdale en direction du Brésil sont actuellement estimés à $790. Ces cas de figure dénotent un important manque à gagner pour chaque étudiant. Nous poursuivons dans ce texte l’objectif de proposer une approche plus rationnelle pour éviter ce gaspillage de billets verts dont les étudiants disposent d’ailleurs avec difficulté.

Par exemple, l’Etat Haïtien pourrait solliciter le service de Sunrise Airways pour transporter les boursiers. Ceci pourrait se faire dans une matinée à travers un vol sur La Havane afin de faciliter l’escale avant que les étudiants s’envolent à destination de Rio. Les dernières informations révèlent qu’un frais de seulement $20 est exigé pour rentrer à Cuba et le frais de transport est estimé à $300 au maximum.

L’Etat pourrait aussi subventionner ce voyage en éliminant les taxes sur billets pour ces étudiants, ce qui pourrait donner des billets à hauteur de $180 pour se rendre à Cuba. Nous basant sur tout ce qui peut se faire pour rendre le voyage des étudiants moins pénibles, surtout pour des jeunes majoritairement sans emploi, chaque boursier pourrait économiser un montant de $800 sur les frais de voyage qu’aurait exigé le trajet via la République Dominicaine. Par contre, si un consul américain facilite le transit via Fort-Lauderdale, les frais de voyage seraient de $800 et chaque boursier économiserait $1,000 qui serviraient à d’autres fins.

Ces montants épargnés pourraient servir à l’acquisition de vêtements chauds, ustensiles de cuisine et tous les items nécessaires pour meubler le petit studio que l’étudiant aura à occuper à son arrivée. D’autre part, les étudiants venant des endroits autres que Port-au-Prince pourraient bénéficier des vols sur Sunrise Airways à frais réduits tels que l’’élimination des taxes et la baisse de bénéfices de la compagnie pour mettre de la joie et la gaieté sur les visages des boursiers.

Pendant que le pays vit actuellement les pires atrocités, il serait utile que les membres du gouvernement saisissent cette opportunité de démontrer une certaine volonté d’accompagner la jeunesse haïtienne qui veut sortir la tête l’eau en quittant temporairement ce marasme dans la dignité. De plus, Le Brésil est l’un des rares pays qui aptes à offrir des résidences permanentes aux jeunes après leurs études. Au moins, les transferts qui vont en découler permettront de soutenir les familles en Haïti. Pour l’instant, ce ne serait pas un problème puisque les capacités d’absorption des jeunes cadres sont quasiment nulles quand ce n’est pas le rejet ou leur refus catégorique d’intégration sur le marché du travail local.

Il faut noter que Le Brésil offre un cadre d’épanouissement assez intéressant aux jeunes haïtiens. En témoignent certains de mes étudiants qui ont déjà complété leur doctorat là-bas et qui sont embauchés dans l’enseignement au sein des universités fédérales. Outre les transferts, ces jeunes professeurs auront les moyens d’allonger la liste des boursiers haïtiens sur la terre brésilienne qui rehaussent l’image d’Haïti. Donc, messieurs et mesdames membres du gouvernement, soyez à la hauteur de la mission qui vous est confiée en regardant le jeune haïtien comme un agent de développement au niveau international ou un actif économique et financier très rentable pour la communauté haïtienne.

Outre les frais de voyage pour atteindre la terre brésilienne, les jeunes compatriotes sont contraints de payer une multitude de frais de légalisation de documents au niveau de Port-au-Prince. Ce qui exige des frais de voyage et de séjour pour ceux et celles venant des villes autres que la Capitale. Il s’agit de la légalisation de diplômes au niveau du rectorat (3,500 gourdes), légalisation au ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP) (3,500 gourdes), légalisation au ministère des affaires étrangère (MAE) (3,500), extrait des archives actualisé (3,000 gourdes), casier judiciaire (3,500 gourdes), certification internationale de fièvre jaune (6,500 gourdes) et le certificat de santé (3,000 gourdes). Cela fait un total de 26,500 gourdes que chaque boursier doit verser à l’Etat pour des bourses qui sont attribuées à l’Etat via ces jeunes qui vont représenter dignement la nation.

Les deux boursiers à l’Université Auburn venant de la première promotion en agroéconomie au Campus Henry Christophe de Limonade qui étaient d’ailleurs mes étudiants ont déjà obtenu leurs bourses de doctorat pour poursuivre leurs études à l’Université de La Floride (University of Florida) et à l’Université de Perdue (Perdue University). Cela donne le signal que les nouveaux boursiers vont également réussir avec brio. Je pense que l’Etat haïtien doit développer une autre culture par rapport aux jeunes en les accompagnant dans la périlleuse route du succès via l’éducation. Pour ainsi dire, non seulement l’Etat devrait réduire les frais de légalisation des documents des boursiers, mais aussi, l’Etat doit penser à éviter les frais de déplacement à Port-au-Prince avec les risques y associés.

Pour des voyages de plus de cinq heures de temps reliant Cap-Haitien vers Port-au-Prince, par exemple, avec les risques de kidnapping et autres sur la route pour aller légaliser des documents, je pense qu’il est enfin temps de déconcentrer les services de l’Etat. Le MENFP, le MAE et le rectorat doivent absolument embaucher des commissaires assermentés dans les régions pour épargner les jeunes de ces tracasseries qui leur coûtent beaucoup d’argent sans compter le péril de leur la vie. Ainsi, ces institutions suivront le modèle de la « cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA) » qui a déjà embauché un comptable public dans les autres villes. Mesdames et messieurs les membres du gouvernement, la société a besoin d’un minimum. De nombreux parents sont contents du fait que leurs enfants aient l’opportunité de se déplacer avec espoir qu’un jour leur inestimable effort pour les éduquer se fructifie un jour.

Pour le bien-être de tout un chacun, la société a besoin de commissaires assermentés sur place juste pour sceller les papiers. Ceci va réduire considérablement les frais additionnels et les risques encourus sur la route qui peuvent se solder en des résultats regrettables. Il y a moyen que les étudiants voyagent mieux vers le Brésil pour démarrer leurs études post-graduées. Le vœu serait que les chargés d’affaires Haïtiens au Brésil les reçoivent dans la dignité. L’immersion à une nouvelle culture, à une nouvelle langue et bien d’autres défis nécessitant des adaptations efficaces. Les consuls Haïtiens devraient accompagner les jeunes boursiers dans toutes les démarches nécessaires à l’hébergement et des orientations académiques et sociales.

Avec l’espoir que la voix de la société sera entendue à travers ce texte, nous émettons le vœu que les dirigeants suivent en des mesures d’accompagnement qui permettent d’adoucir le voyage des boursiers qui vont se rendre au Brésil à la recherche du pain de l’instruction. Puisse une telle démarche s’extrapoler au sein d’autres programmes de bourses. Haïti en sortira gagnante.

Lonège Ogisma

ogisma@gmail.com

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