Haïti-Observateur | Edito: Intervention militaire étrangère lancée, aventure inopportune dangereuse

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« ceux qui bénéficient aujourd’hui des intérêts sordides d’une occupation militaire ne manqueront pas de récolter les malédictions à long terme qu’ils entraînent« 

Au bout du compte, quels secrets partage l’administration Biden-Harris avec l’esclave à talent et Premier ministre de facto d’Haïti, Dr. Ariel Henry, au point de s’acharner à l’appuyer, face à son rejet total par le peuple haïtien?

Pourquoi une résolution du Sénat haïtien n’a-t-elle aucune valeur aux yeux des membres du Conseil de Sécurité kap pike devan?

Pourquoi l’envoi d’une force multinationale au Venezuela où il existe également un besoin humanitaire urgent, n’a-t-il jamais été envisagé?

New York City, mercredi 19 octobre 2022 ((rezonodwes.com))–

Dans les organes de presse, tant en Haïti qu’à l’étranger, sur les organes de presse en ligne, sur les réseaux sociaux et d’autres média en ligne, l’actualité est dominée par les bruits de bottes. En bateau et par avion, une posture d’attaque est affichée, parallèlement à la livraison, par voie aérienne, de véhicules blindés et d’autres équipements à l’intention de la Police nationale d’Haïti (PNH). Visiblement, le lancement initial de forces spécialisées, annoncé par la communauté internationale, s’est matérialisé. Tout le monde parle de l’ar-rivée de ces militaires mondiaux sur le territoire et les eaux d’Haïti. Ces mouvements de troupes internationales s’effectuent sur fond de rébellion populaire nationale contre le régime en place. Il semble que les hostilités soient à la veille de s’ouvrir.

Au prime abord, l’alarme a été lancé : Au moins un navire de la Garde côtière américaine était visible, au large des côtes de la capitale. En mission auprès des acteurs politiques haïtiens, à Port-au-Prince, à la tête d’une « délégation de haut niveau », tel qu’annoncé par le régime Ariel Henry, Brian A. Nichols, secrétaire d’État adjoint aux Affaires hémisphériques des États-Unis, a confirmé cette information. Affirmant qu’un bateau américain commence déjà à patrouiller les eaux d’Haïti, il a également révélé des mesures punitives contre les gangs. Sans préciser si ces militaires étrangers sont mandatés pour mettre les bandits hors d’état de nuire.

De son côté, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken lui-même, a fait l’annonce suivante ; « Nous nous efforçons également d’accroitre et de déployer, dans les prochains jours, l’assistance en matière de sécurité à la Police nationale haïtienne, afin de renforcer sa capacité à lutter contre les gangs et à rétablir un environnement de sécurité stable, dans le respect de l’État de droit ». Il a enchaîné avec d’autres décisions punitives, en soulignant : « Nous annonçons également une nouvelle politique de restriction de visas, en vertu de la section 212(a)(3)(C) de la loi sur l’immigration et la nationalité, à l’encontre de fonctionnaires haïtiens et d’autres individus impliqués dans le fonctionnement des gangs de rue et d’autres organisations criminelles haïtiennes qui ont menacé les moyens de subsistance du peuple haïtien et bloquant l’aide humanitaire vitale. Ces actions peuvent également s’appliquer aux membres de la famille immédiate de ces individus ».

Consécutivement à l’arrivée en Haïti de la mission dirigée par Brian Nichols, diverses sources autorisées, à Washington, ont révélé que l’administration Biden-Harris est favorable au déploiement d’« une force multinationale d’action rapide », dont la mission consisterait à contrer les gangs, ayant causé cette crise sanitaire jamais constatée auparavant dans le pays. Dans ce cas, il faut conclure que la présence de ce navire de la Garde côtière américaine, dans les eaux d’Haïti, signale le lancement de cette « force militaire multinationale », dont l’autorisation de fonctionner, en Haïti, serait formellement de mandée au Conseil de sécurité des Nations Unies, à l’instigation des États-Unis. (Signalons que la séance sur Haïti, qui devait se tenir au Conseil de sécurité, le lundi 17 octobre, a été ajournée pour mercredi 19 octobre pour finalement adopter une décision à ce sujet).

De toute évidence, toutes ces dispositions belliqueuses et décisions assorties de sanctions étatsuniennes annoncées, et qui commencent déjà à se concrétiser, sont en réponse à la demande du Premier ministre de facto Ariel Henry et son équipe. Autrement dit, de telles actions constituent une réponse favorable à l’appel au secours du pouvoir en place, non pour aider à mettre fin aux péripéties auxquelles est assujetti le peuple haïtien, depuis déjà plusieurs mois, sans aucune action de la primature. Il est opportun de se demander pourquoi le Dr Henry s’est empressé de se donner les moyens de lancer cette requête, au moment où la nation, presque toute entière, descend dans la rue demandant, désormais, à cor et à cri, sa démission inconditionnelle immédiate.

Cette demande d’intervention militaire étrangère sur le sol haïtien, formellement interdite par la Constitution haïtienne, est lancé sous forme de SOS par Ariel Henry, dans l’espoir que cette action militaire exogène qu’il invite va prolonger sa présence à la primature. Il semble qu’il ait décidé de temporiser avec cette mobilisation contre lui, s’imaginant que les fonds tirés de la caisse publique, dans l’idée de casser les manifestations, lui permettraient de réussir. Mais avec l’intensification du mouvement de rébellion gagnant du terrain dans toutes les couches sociales et au niveau des entreprises privées, c’est le glas de l’administration du neurochirurgien qui commence à sonner. Voilà donc le moment venu de faire appel aux alliés et ses protecteurs de la communauté internationale.

Agissant en tant que pilote de la stratégie mise sur pied pour traiter la crise haïtienne pour laquelle le Dr Henry appelle au secours, l’administration américaine n’a pas tardé à donner satisfaction à ce « précieux allié », en la personne du Premier ministre de facto haïtien. Ce qui porte à conclure que les Américains et leurs « partenaires » tiennent à ce que ce dernier reste aux com mandes de la République, en sus de massacrer des militants manifestant dans les rues de nos villes et de nos communes, ainsi que de nos routes et chemins de nos sections rurales.

Cette intervention initiale de la Garde côtière américaine, dans les eaux d’Haïti, de toute évidence précurseur du « déploiement de la force militaire internationale » annoncée, pourrait se traduire en un grave danger résultant de cette aventure inopportune. Il faut souligner que le bruit de sabre que fait retentir présentement la communauté internationale, à l’endroit d’Haïti, est très mal défini, contrairement aux démarches qui avaient précédé le retour de Jean-Bertrand Aristide, en octobre 1994, derrière quelque 20 000 soldats américains. Alors, un contingent américain s’était installé au pays depuis le mois de septembre, annonçant ainsi l’arrivée d’autres militaires qui allaient ramener l’ex-président Aristide pour l’installer au Palais national.

En effet, Ariel Henry et les acteurs internationaux sont logés à la même enseigne, dans le cadre de la gestion internationale de la crise multidimensionnelle dans laquelle se débat le pays, une crise devenue, d’abord sécuritaire, et maintenant, humanitaire. Le secrétaire d’État adjoint Juan Gonzales avait, auparavant, assimilé les manifestants haïtiens exigeant le rétablissement d’une atmosphère sécuritaire, la fin du kidnapping, celle de l’inflation galopante, la cherté de la vie et la révision à la baisse des dernières augmentations du coût de l’essence à la pompe, aux gangs armés, les pires criminels qu’Haïti ait jamais eus.

À la lumière de tous ces faits, l’intervention militaire étrangère sollicitée par Ariel Henry, qui est déjà lancée, met en danger la vie des manifestants foulant partout le macadam, exigeant un changement radical de l’administration du pays, qu’ils savent impossible avec celui-ci, au pouvoir. Dans la mesure où les Américains se donnent pour mission, à travers leurs militaires, de maintenir le neurochirurgien à la primature, il faut craindre la possibilité d’une hécatombe en Haïti. Car avec la présente détermination du peuple haïtien voulant se débarrasser, à tout prix, du Dr. Henry, il y a de fortes chances que cette force d’intervention devienne les nouveaux bourreaux des Haïtiens, à l’instar de l’Armée américaine intervenant au pays, en 1915, dont le massacre le plus cruel et barbare reste celui de Marchaterre, à la sortie sud de la ville des Cayes, dans le département du Sud, le 6 décembre 1929.

La situation est extrêmement grave, car l’attitude agressive manifestée à l’égard de cette intervention militaire étrangère risque de déclencher une réaction violente de la part de larges secteurs du pays franchement hostiles à cette démarche d’Ariel Henry. Car, d’ores et déjà, des appels sont lancés, invitant les « patriotes » à utiliser « les moyens du bord » pour « défendre la terre de Dessalines ». La même attitude qu’avaient manifesté les victimes des militaires américains, à Marchaterre, en 1929.

Au bout du compte, quel motif incite la communauté internationale, aiguillonnée par l’administration Biden-Harris, à mobiliser ses forces en Haïti, cette fois ? Quels secrets partage-t-elle avec le Premier ministre de facto d’Haïti, au point de s’acharner à l’appuyer, face à son rejet total par le peuple haïtien ? Si des confidences occultes inspirent la mobilisation de militaires étrangers, en Haïti, en raison des avantages à court termes liés à des intérêts sordides, ceux qui en bénéficient aujourd’hui ne manqueront pas d’en récolter les malédictions à long terme qu’ils entraînent.

Aucun doute qu’il est encore temps de rectifier le tir.

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