Entre « Rentrée scolaire Tipa Tipa et Rentrée scolaire sécuritaire » !

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ENTRE « RENTRÉE SCOLAIRE TIPA-TIPA  ET RENTRÉE SCOLAIRE SÉCURITAIRE » !  

par Jean-Sylvio Etienne

Les autorités politiques, économiques et religieuses qui sont au moins dans la cinquantaine ont probablement appris la poésie ci-dessous « le départ pour l’école » se trouvant dans le petit livre de la grammaire des Frères de l’instruction chrétienne des années 60 et 70. À l’époque, on pouvait observer la joie des écoliers et des élèves, avec leurs uniformes toutes neuves, pour retrouver leurs camarades et professeurs. Pour plusieurs jeunes parents, c’était un moment sublime pour accompagner les enfants tout en leur donnant des consignes de comportement à adopter soit en classe ou en recréation. La rentrée des classes semblait  à cette époque à une belle fête nationale où les autorités d’alors mettaient tout en œuvre pour accueillir les enfants en toute sécurité? Aujourd’hui, la rentrée scolaire en Haïti semble être différente parce qu’elle est sabotée par les autorités politiques actuelles. Cela s’amplifie avec l’égocentrisme de certaines personnes privilégiées du pays qui alimentent en Haiti le chaos politico-socioéconomique rendant quasi-impossible le retour des classes.

Se souviennent-ils encore…du bon vieux temps ?

«« Le départ pour l’école – « Va, mon enfant, au revoir – J’irai te chercher ce soir – Quand tu sortiras de classe.- Fais bien tout ce que tu dois – Ne mets pas d’encre sur tes doigts – Va, mon enfant, maman t’embrasse. Nesmy quitte la douce main – Sa mère, au bord du chemin – Le suit des yeux jusqu’à l’école. – Lui pense: » Il faut pour le moins – Que je gagne trois bons points – J’ai promis, je tiendrai parole ». (Par Alexis Noel) »».

Les autorités politiques prises dans le piège de la corruption

C’est certain que ces enfants d’hier n’avaient pas eu en leurs mains des armes à feu, ni des pneus pour enflammer les rues, ni des débris pour barricader, etc. Les autorités d’autrefois et les forces sécuritaires comprenaient bien que les enfants seraient les futurs dirigeants du pays. Mais, la plupart des enfants d’hier, étaient-ils bien préparés pour prendre la responsabilité du pays, à son plus haut niveau, se demande-t-on? Avaient-ils le sentiment d’appartenance envers la patrie haïtienne pour penser positivement à la jeunesse? En octobre 2022, plusieurs parents sont larmes aux yeux parce qu’ils sont obligés de garder les enfants à la maison – alors, qu’ils devraient être en salle de classe. Les conditions sécuritaires ne sont pas réunies dans le pays.

Durant les dernières années, on observe des jeunes enfants de 12 à 20 ans qui ont de préférence dans leurs mains des armes de guerre; alors qu’ils étaient supposés en voie de scolarisation ou en train d’apprendre une profession. Au lieu de les encourager à s’accrocher avec l’école et l’apprentissage d’un métier, ils ont été encouragés à adorer leurs barricades qui représenteraient « leur avenir ». Des pistolets et des armes illégaux ainsi que des munitions leurs ont été méchamment distribués. En devenant des bandits armés, ils font le kidnapping – ils assassinent pour leurs patrons – ils se livrent en duel avec la police.

Ces jeunes qui n’ont jamais voyagé dans d’autres pays ni occupé un emploi dans le secteur formel pour gagner un revenu, comment ont-ils eu les moyens financiers pour se procurer des armes et des minutions qui coûtent aussi chers? Pourquoi sont-ils aussi armés et même beaucoup plus que la police? Pourquoi ne sont-ils jamais en rupture de minutions (les balles)? Cette réflexion laisse présager que l’élite politique, économique et religieuse ainsi que les mains de nos pays voisins ne sont pas innocentes dans ce qui se passe en Haiti. Écoutez, il faut arrêter cette destruction de la jeunesse de mon pays ! 

L’ascenseur n’est pas retourné par les ainés

En recevant une excellente formation scolaire, professionnelle ou universitaire, plusieurs de nos enfants d’hier sont devenus de brillants médecins, avocats, mécaniciens, ingénieurs, ébénistes, économistes, professeurs, maçons, cordonniers, leaders politiques, etc. Mais, ils ont vécu dans une époque où la corruption battait son plein; et de fait, la plupart d’entre-eux sont des corrompus. Mais, ils sont pires que leurs ainés parce qu’ils n’ont pas retourné aux générations subséquentes une façon plus intelligente de recevoir le pain de l’instruction pour le bénéfice du pays. Au contraire, les crayons et les stylos sont remplacés par des armes dans les ghettos. Les gommes à effacer sont changées en stratégie pour dissimuler la vérité et protéger les criminels.  

La corruption leur est tellement imprégnée dans l’âme et dans l’esprit qu’ils détruisent le potentiel du pays en offrant aux jeunes adolescents et aux jeunes adultes des armes de guerre pour de mauvaises pratiques dans la société. Le motif de ces corrompus consiste à garder le pouvoir politique afin de s’enrichir déloyalement. Ils ne sont pas capables de prendre une position politique en lien avec la moralité. Ils sont devenus immoraux pour conserver un poste politique. Ils ne sont pas capables d’imposer à la communauté internationale une position authentique et nationale.

Jeune; fais attention et garde l’espoir !

Les jeunes universitaires actuels devraient se démarquer de ce modèle en cours que les politiciens véreux et malhonnêtes offrent à la jeunesse. Soyez conscients, chers jeunes, de la confusion que les autorités politiques, économiques et religieuses ont foutue au pays. Aujourd’hui, ils adoptent la stratégie de la réouverture de l’école en catimini ou « pas à pas / tipa-tipa » ! Quelle honte aux yeux du monde entier!

Pendant que les enfants de nos pays voisins ont commencé massivement leur scolarisation depuis fin août et début septembre, nos jeunes sont cloués à la maison pour diverses raisons dont l’insécurité et l’incapacité de payer les frais scolaires. Jeune, votre avenir se trouve à l’intérieur d’une bibliothèque et non derrière une barricade. Ouvriers et ouvrières, votre avenir et celui de vos enfants se trouvent dans le travail au quotidien. Écoliers et élèves, il faut reprendre le chemin de l’école massivement pour assurer votre avenir.

Autorités, votre responsabilité, ce n’est pas de renvoyer la réouverture des classes et alimenter par la suite les manifestations politiques violentes. Il faut plutôt mettre en œuvre une stratégie pour une réouverture des classes plus sécuritaire.

Jean-Sylvio Etienne

Analyste politique

jeansylvio.etienne@gmail.com

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