Haïti – 106 gourdes par jour par détenu : le BINUH recense 97 décès en 2022, à cause de la malnutrition dans les prisons

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106 gourdes par jour pour un détenu : le BINUH compte le décès de 97 d’entre eux en début de l’année 2022, dont 20 au cours du mois de juin, par voix de malnutrition

par Odneson Midy

Le Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) déplore le mauvais traitements des détenus dans les centres carceraux. L’organisme hémisphérique en Haïti, informe avoir répertorié 97 détenus décédés pour le début de l’année 2022, dont 20 au cours du mois de juin. Selon le BINUH, le budget prévu par jour et par détenu est de 106 gourdes, moins qu’un dollar américain.

Vendredi 12 aout 2022 ((rezonodwes.com))–

Selon les données du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti, le système carcéral en Haïti est saturé. «Le taux d’occupation dans les quatre prisons principales du pays est de 401%, soit quatre fois leur capacité maximale. En conséquence, les détenus ne disposent que de 0,24m2 pour survivre, guère plus que la surface d’une chaise», a déchiffré le BINUH. «Ils font aussi face à une pénurie majeure de nourriture et de produits et matériels médicaux. C’est à peine si un repas leur est servi par jour et ceux qui le peuvent doivent compter sur la solidarité de leurs proches pour manger», a constaté le BINUH.

Ledit bureau tient à expliquer que, dans telles conditions, le nombre de décès au sein des prisons augmente de manière alarmante. Selon les données recueillies par le BINUH, puis rendu public à travers un communiqué, «depuis le début de l’année, il y en a eu 97 dont 20 au cours du mois de juin, et la santé de l’ensemble des détenus est à risque. 20 au cours du mois de juin. La malnutrition était un facteur déterminant pour cinq d’entre eux. À titre d’exemple, à la prison de Cap Haïtien, 84 détenus sont en état de malnutrition avancé».

«En plus du manque criant de nourriture au sein des prisons, l’accès des détenus aux soins médicaux est quasi-inexistant. Il n’y a qu’un médecin pour 1 016 détenus et les livraisons de médicaments sont rares et limitées» déplore le BINUH, indiquant que, les détenus dépendent entièrement des soins offerts par les organisations caritatives. 

«Dans ces circonstances, les conditions de détention sont en elles-mêmes considérées comme actes des mauvais traitements, voire de la torture», a-t-il jugé.

Le BINUH tient à préciser que, le budget prévu par jour et par détenu est de 106 gourdes, soit moins d’un dollar américain, ce qui ne saurait être suffisant pour entretenir, soigner et nourrir convenablement un être humain. 

«La réalité est encore plus sombre : entre novembre 2021 et mai 2022, seules quatre gourdes ont été dépensées par jour et par détenu», a indiqué le Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti.

Face à ce constat, le BINUH invite l’Etat haïtien à adopter des mesures fortes et urgentes pour améliorer les conditions de détention et s’assurer que l’administration pénitentiaire dispose des moyens nécessaires, tant financiers qu’humains et matériels, dans le prochain cycle budgétaire. 

Le Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti croit, qu’il est urgent de renforcer la Direction de l’Administration Pénitentiaire, ainsi que la redevabilité de ses fournisseurs de garantir un approvisionnement suffisant, prévisible et régulier en nourriture, médicaments, eau potable, gaz propane, produits d’hygiènes, literie et produits nettoyants et surtout de réduire le nombre de personnes détenues de façon arbitraire et illégale dans l’intérêt de l’ensemble des personnes relevant du système carcéral.

L’ONU se dit tenir inlassablement aux côtés des autorités nationales et les appuient dans la mise en œuvre de solutions immédiates pour répondre aux défis de la surpopulation carcérale et ses conséquences, ainsi que d’une stratégie durable de lutte contre la détention préventive prolongée. 

«En parallèle, elle mène les projets de réhabilitation des prisons de Jérémie, Anse-à-Veau et Petit-Goâve, avec l’appui de fonds américains et canadiens, qui permettront d’offrir de meilleures conditions de détention et de mieux tenir compte de la problématique homme-femme dans la gestion des prisons haïtiennes» a t-il déclaré.

Soulignons que, des voix se sont élevées pour dénoncer la présence du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) à cause de sa parfaite complicité avec le gouvernement de facto dirigé par Ariel Henry et sa coalition dans la mauvaise gestion du pays.

Toutefois, certains détenus risquent de connaître le pire, suite à l’irruption des groupes armés dans le palais de justice de Port-au-Prince, et l’incendie du parquet de la Croix-des-bouquets par des gangs armés de « 400 Mawozo « .

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