Haïti, sans président et sans gouvernement légitime et légal un an après l’assassinat de Jovenel Moïse

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Un an après, il est difficile de savoir si l’assassinat de Jovenel Moïse était le début de la liste des malheurs des haïtiens ou si sa mort n’est qu’une partie de la chaîne de tragédies dans laquelle le pays est plongé, y compris le cynisme et la pourriture des hommes politiques haïtiens.

Dr. Ariel Henry se sent très bien dans sa peau d’être à la tête d’un gouvernement constitué « d’esclaves à talent », dans un pays en déliquescence et envahi par des gangs violents, soutient un sociologue haïtien qui s’est confié au journal Rezo Nòdwès.

Samedi 9 juillet 2022 ((rezonodwes.com))–Peu de pays sortent indemnes de l’assassinat de leur président dans son lit, mais dans le cas d’Haïti qui n’était auparavant ni dirigé ni administré, sous la présidence de Jovenel Moise, les choses se compliquent chaque jour.

Lorsque, dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, un groupe de tueurs à gages colombiens – dont Léon Charles et Claude Joseph n’ignoraient pas leur présence sur le territoire – est entré dans la chambre de Jovenel Moïse et lui a tiré deux balles dans la poitrine, une dans le front, une dans l’abdomen et trois autres dans la hanche après sa mort, ils ont non seulement mis fin à la vie de ce dirigeant en fin de mandat constitutionnel, mais ont également poussé Haiti, sans Parlement, sans Cour de Cassation, un peu plus loin sur la pente sur laquelle il roule depuis des décennies à l’arrivée du chanteur misogyne Michel Martelly.

Un an plus tard, soit le 7 juillet 2022, une quarantaine (40) personnes ont été arrêtées, mais le procès s’enlise toujours et 18 mercenaires colombiens attendent dans une prison de Port-au-Prince dans des conditions infrahumaines.

Pendant qu’ils attendent, alors que le Palais de Justice est emparé par des gangs G9 pro-pouvoir, de l’autre côté des murs de la prison, un enfer sur la terre, le pays se dégrade jour après jour, avec une disgrâce après l’autre.

L’année dernière, les élections présidentielles annoncées en grande pompe ont été reportées sans date ; un tremblement de terre de magnitude 7,2 a tué plus de 2 000 personnes ; le redoutable bandit de bas-Delmas, Jimmy Barbecue a fait son apparition ; des gangs violents ont enlevé 17 missionnaires américains ; et l’ouragan Grace a laissé des milliers de familles sans ressources.

Un an après, il est difficile de savoir si l’assassinat de Moïse était le début de la liste des malheurs ou si sa mort n’est qu’une partie de la chaîne de tragédies dans laquelle le pays est plongé, y compris la pourriture politique.

Selon Gédeon Jean, du Centre d’analyse et de recherche sur les droits de l’homme (CARDH), l’assassinat du président « n’a fait qu’accélérer le désastre judiciaire et politique dans lequel le pays était plongé« , explique-t-il dans une interview accordée à la presse internationale.

Dans la nuit du 6 au 7 juillet, dans la chambre à côté de Jovenel Moïse, il y avait aussi l’ex-première dame, Martine Moïse, et la seule bonne nouvelle de cette nuit de sang, de coups de feu et de poursuites entre la police et les assassins dans l’obscurité à travers Pétion Ville est qu’elle en est sortie vivante. La femme de 48 ans aurait reçu deux balles dans le bras, une dans la main et une dans l’abdomen.

Cependant, elle est arrivée vivante dans un hôpital de Miami et s’est complètement rétablie. Elle vit actuellement dans un endroit caché dans le nord du pays, où elle réfléchit à la possibilité de se présenter ou non aux élections, selon des sources proches de la veuve, en dépit que son nom soit également associé dans l’assassinat du bâtonnier Monfleurier Dorval. L’entourage de Martine Moise – celle-ci s’est révélé très contradictoire dans ses différentes interventions dans la presse internationale -, est divisé entre ceux qui lui demandent d’oublier la politique dans un pays fratricide qui a découvert combien il est facile de tuer à l’intérieur du palais présidentiel et ceux qui entouraient son mari, qui l’encouragent à prendre la tête d’un mouvement politique qui, selon leurs sondages, lui assurerait une victoire confortable.

Pour Martine Moïse, les assassins de son mari sont toujours libres et ce n’est qu’à partir du pouvoir que la justice pourra être rendue, expliquent des jovenelistes qui font partie de ce deuxième groupe, mais n’ont rien fait pour donner justice à la centaine de personnes tuées d’ « une balle à la tête », durant les manifestations contre le régime PHTK2.

Entre-temps, à la tête du pays se trouve le premier ministre illégitime et illégal, Dr. Ariel Henry, qui a été nommé un jour seulement avant l’assassinat, par un président en fin de mandat constitutionnel, et qui doit convoquer des élections reportées depuis plusieurs années.

Selon le New York Times, l’une des raisons du crime est que les tueurs de Moïse essayaient de trouver une liste de noms de politiciens et d’hommes d’affaires haïtiens connus qui était censée être envoyée aux États-Unis. La théorie, soutenue par Jovenel Moïse lui-même, dans sa dernière interview avec les médias – qu’il a accordée à EL PAÍS le 28 février 2021, quatre mois avant son assassinat – est qu’un groupe de familles liées au secteur de l’électricité, auquel il s’est confronté pendant son administration, cherchait à l’assassiner. Il a affirmé qu’un coup d’État était en cours, mené par ces oligarques qui « tentent de prendre le contrôle du pays ».

Le fait est que si l’opération visant à l’achever a été un succès, impliquant cinq véhicules, près de 30 anciens militaires étrangers et une logistique importante de mégaphones et de gilets pour se faire passer pour des agents de la DEA au cours d’une mission, la fuite des tueurs à gages a été un désastre total.

Sur les 26 Colombiens qui ont participé à l’assassinat, deux ont été tués, six se sont échappés et 18 ont été arrêtés dans les heures qui ont suivi. Les personnes arrêtées attendent leur procès dans une prison haïtienne. La Colombie et les associations militaires colombiennes ne les ont pas oubliés et font pression pour leur rapatriement ou, au mieux, pour un procès rapide, ce qui n’est pas le cas. Les ex-militaires ont récemment dénoncé dans une lettre qu’ils subissent des tortures, des menaces et un enfermement inhumain.

source: El Pais

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