D’un point de la frontière, des produits dominicains sont bannis du territoire, de l’autre, c’est la ruée vers ces mêmes produits, au vu et au su de tous, surtout quand la nourriture vient à manquer chez nous pour nourrir plus de 10 millions de bouches
Belladères, samedi 27 mai 2017 ((rezonodwes.com)).-Enfin quand est-ce pourrions-nous affirmer qu’une disposition légale est partout suivie, respectée ou appliquée à 100%, dans toute la rigueur de la loi, par les autorités de ce pays ? Avec les constantes saisies de produits haïtiens, les rares que les passeurs ont pu introduire à l’intérieur du territoire dominicain, tout citoyen poussé par un sens patriotique aigu, aurait toujours souhaité qu’on en fasse autant, au retour. Mais si c’est le cas apparent de l’application d’une mesure restrictive de produits à Ouanaminthe/Dajabon, à l’issue du marché binational qui a lieu les lundi et vendredi, toutefois à Pédernales dans le Sud-Est du pays, c’est différent. C’est la politique de bon voisinage qui y règne. Les soldats dominicains dictent leur loi.
« Mercado fronterizo labora normal entre Pedernales y Haití« , s’empresse de révéler le quotidien dominicain « Listin Diario« , à la clôture des transactions binationales, vendredi après-midi à Pedernales, dans le Département du Sus-Est. Si ce marché frontalier fonctionne normalement entre Los Pedernales et Haïti, comme l’a clairement souligné le journal, cela viendrait-il du fait que cette zone dite abandonnée aux militaires dominicains qui souvent rappellent à l’ordre les pêcheurs haïtiens les limites de leur bras de mer pour la pêche, est un prolongement virtuel du territoire dominicain en Haïti.
A Pédernales, les haïtiens qui ont traversé la frontière, tôt vendredi matin pour le marché habituel binational où il est vendu des produits de tout genre, de la marque déposée dominicaine, sans restriction aucune, étaient revenus chez eux en toute quiétude. Il ne se trouvait sur place aucun brigadier venu de Port-au-Prince pour renforcer la liste de la vingtaine de produits dominicains interdits de vente chez nous. Les autorités municipales de Los Pedernales ont affirmé qu’ haïtiens et dominicains, ont finalisé leurs transactions de routine des lundi et vendredi, sans aucun problème, depuis que ce marché binational existe.
Au marché binational de Pédernales, les acheteurs haïtiens et dominicains craignent que des sacs de riz ramassés d’un dépotoir à Tabarre, au cours de la semaine, atterrissent si vite au marché. Ironiquement, seule la présence des agents du CESFRONT (Cuerpo Especializado de Seguridad Fronteriza Terrestre) qui était remarquée, pour assurer, avons-nous appris, le contrôle des entrées et sorties des marchandises, dans le but unique, pensent-ils, d’éviter un excès de marchandises de contrebande. Au nord, c’est le paradoxe.
Là où le bas blesse, c’est dans le Nord-Est, le département qu’on dit être le moins infortuné chez nous. A la frontière haitiano-américaine, le gouvernement de Port-au-Prince y concentre ses troupes. Pour des commerçants mécontents, on dirait que c’est l’unique porte d’accès principal de communication terrestre entre les deux pays.
Au tout début de la journée du vendredi, tout allait si bien et qu’une fin d’après-midi tranquille s’annonce. Les haïtiens au marché binational de Dajabon, ont fait provision de tout ce qui tombait sous leurs yeux, sans penser aux contraintes, moyennant finance, ils peuvent se les procurer. Le hic ! A la mi-journée, des scènes de panique sont observées avec l’arrivée des inspecteurs des douanes accompagnés des agents de la PNH. Ils ont ensuite procédé à la saisie de tous les produits dominicains rapportés par les haïtiens du marché binational.
Vendredi dernier, ce marché qui, habituellement, attire plus de 15,000 haïtiens, était moins fréquenté ce jour-là à cause du bannissement de certains produits, observe un commerçant haïtien venu de Fort-Liberté pour s’approvisionner en produits locaux. Il a fait remarquer que les dominicains n’avaient vendu que seulement la moitié de leurs produits car les compatriotes craignaient de dépenser inutilement leur argent au cas où les brigadiers du ministère du Commerce arriveraient à entrer en possession de leurs marchandises.
En outre, Abigail Bueno, président de l’Association des Détaillants de Dajabon, a déclaré qu’apparemment les problèmes enregistrés vendredi, sont minimes en comparaison au jour du marché de lundi dernier. Il assimile ce petit progrès à la permanence décrétée par les maires de Manzanillo, Dajabon et autres localités qui entraient en pourparlers avec le maire de Ouanaminthe. En ce sens, pense-t-il, cette rencontre a porté fruit. A bien comprendre, il reviendrait à la Municipalité de Ouanaminthe d’appliquer en partie ou en tout une disposition arrêtée par Port-au-Prince.
La grogne gagne en proportion chez de nombreux commerçants haïtiens voulant avoir une certaine autonomie dans un pays où l’Etat est le plus grand employeur, même quand il est redevable envers des centaines de ses employés. Si rien n’est fait pour régulariser cette situation à Dajabon en mal des visiteurs haïtiens, les lundi et vendredi, pour le plus grand bien de leur négoce, si rien n’est également entrepris pour faire comprendre aux dominicains, l’importance de la parité dans les affaires commerciales et qu’eux aussi doivent cesser de persécuter les commerçants haïtiens, nous allons les uns les autres finir par nous retrouver avec un désir de besoins inassouvis.
Une question aux nouveaux maîtres d’ Haïti. A Pédernales, il n’existe aucun renforcement des mesures contre l’interdiction des produits dominicains, et pourquoi avez-vous opté de les faire appliquer uniquement à la frontière Ouanaminthe-Dajabon, le pays est-il mis en coupes réglées ?
Joyeuse Fête des Mères à ces braves femmes haïtiennes qui s’affairent quotidiennement à joindre les deux bouts pour nourrir leurs enfants, sans l’assistance de l’Etat haïtien, en principe le principal concerné, mais démissionnaire !
cba