France | À la racine des malheurs d’Haïti : Le New York Times publie un dossier sur la  »restitution et réparation » réclamée par Aristide

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NYTimes : Les esclaves haïtiens ont réussi l’impensable. Ils ont chassé les colons français et ont fondé un nouveau pays. La France fera payer cet affront à leurs descendants — en espèces. Le Président Jean-Bertrand Aristide au début des années 2000 à demandé des comptes à l’ancienne puissance coloniale française. Il a été évincé du pouvoir par les États-Unis et la France.

Vendredi 21 mai 2022 ((rezonodwes.com))–

Jusqu’à 115 milliards de dollars devraient figurer comme montant de la restitution de la dette de l’indépendance, payée par Haïti aux Français, selon des économistes cités par l’un des plus prestigieux quotidiens américains, The New York Times, dans un dossier préparé par un groupe de journalistes, dont Constant Meheut, Catherine Porter, Selam Gebrekidan et Matt Apuzo.

Haïti, a noté le journal, après une analyse de milliers de pages d’archives par The New York Times, est devenu ainsi le seul pays au monde à payer ses anciens esclavagistes et leurs descendants pendant plusieurs générations.

Le pays a versé à la France un lourd tribut, enclenchant un cycle de dette perpétuelle qui a sapé son développement pendant plus de 100 ans.

La facture est démesurée. En 1803, la France a cédé la Louisiane aux États-Unis pour la somme de 80 millions de francs — à peine plus de la moitié de ce qu’elle exige désormais d’Haïti. Et la Louisiane s’étendait alors sur une très large partie du continent, englobant tout ou partie de 15 États américains contemporains. Haïti est 77 fois plus petit.

Le gouvernement haïtien n’a pas de quoi payer le premier des cinq versements prévus par l’ordonnance.

Le baron ramène donc en France trois diplomates haïtiens, où ils scellent un emprunt de 30 millions de francs. Mais une fois les commissions prélevées par le consortium de banquiers prêteurs, dont les Rothschild, Haïti ne touche que 24 millions de francs.

C’est l’un des premiers d’une multitude de prêts par les banques françaises à des gouvernements étrangers qui feront de Paris une plaque tournante de la finance internationale. Il servira aussi de prototype pour la mainmise sur les colonies post-indépendance, ainsi que l’envisageait le baron, qui sera ministre de la Marine et des Colonies.

“Sous un tel régime », écrira-t-il, “Haïti deviendrait indubitablement une province de la France, rapportant beaucoup et ne coûtant rien.”

Pourtant, cette histoire n’est toujours pas enseignée dans les écoles françaises. Et nombre d’importantes familles aristocratiques françaises ignorent aujourd’hui que les plus pauvres des Haïtiens ont continué à payer leurs ancêtres bien après la fin de l’esclavage.

Mais Jean-Bertrand Aristide, le premier président démocratiquement élu en Haïti après des décennies de dictature, souhaitait que la France fasse bien plus que reconnaître ce passé. Il voulait une restitution des sommes payées.

“Que de belles écoles, de belles universités, de beaux hôpitaux allons-nous bâtir pour les enfants !”, promet-t-il ce jour-là à la foule. “Que de nourriture y aura-t-il en abondance !”

Les conséquences furent immédiates, et durables. Une dizaine de personnalités politiques françaises et haïtiennes ont décrit lors d’interviews comment la France a agit rapidement et résolument pour étouffer la demande de restitution, puis a soutenu les opposants de M. Aristide, avant de le chasser du pouvoir avec l’aide des États-Unis.

La France et les États-Unis ont toujours déclaré que son éviction n’avait rien à voir avec la demande de restitution, accusant plutôt le tournant autocratique du président haïtien et sa perte de contrôle du pays. M. Aristide aurait été poussé à l’exil pour éviter que le pays, déjà en proie à l’agitation, ne sombre dans le chaos.

Mais Thierry Burkard, ambassadeur de France en Haïti à l’époque du départ du président haïtien, admet aujourd’hui que les deux pays ont bien orchestré “un coup” contre M. Aristide. Quant au lien entre sa brusque éviction du pouvoir et la demande de restitution, M. Burkard reconnaît que “c’est probablement ça aussi un peu.”

Lisez l’original ici https://www.nytimes.com/fr/2022/05/20/world/haiti-france-dette-reparations.html

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