Lamverta : des jeunes universitaires créent une startup pour transformer le fruit de l’arbre véritable en farine

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Vendredi 18 février 2022 ((rezonodwes.com))–Les pertes post-récoltes sont parmi les plus grands maux dont souffre l’agriculture haïtienne. Elles sont estimées à 30% pour les cultures céréalières et jusqu’à 50% pour les fruits et légumes (1). Des pertes énormes liées aux conditions de stockage, de transport et à aux faibles efforts de transformation. Le fruit à pain (veritab) est l’un de ces produits périssables.

Dans la Grand’Anse, les planteurs sont encore davantage confrontés aux problèmes de transport et de conservation. Les produits tombent rapidement en pourriture et sont donnés au bétail. Lamverta, une startup lancée en 2021 veut contribuer à réduire ces pertes en transformant notre veritab en farine.

De son nom scientifique Artocarpus incisa var. non seminifera, le premier plant d’arbre véritable arriva en Haïti par le nord du pays en 1788 en provenance de l’Océanie, a rapporté Paul Moral. Très vite il sera cultivé un peu partout dans le pays, mais on le retrouve beaucoup plus dans les départements de la Grand’Anse, du Sud et du Sud-Est (2). Consommé de différentes façons, le fruit à pain a de grandes valeurs nutritionnelles. Avec 20 à 37 % de carbohydrate et aussi une forte teneur en vitamine B1, le fruit à pain donne beaucoup d’énergie. Il contient également des minéraux comme du calcium, du phosphore et du fer, mais il est plutôt pauvre en protéine (2).

Ils étaient encore sur les bancs de l’Université Notre Dame d’Haïti quand Antonio Norfilus, Jeff Pierre, Christopher Moïse et Williamson Saintil ont eu cette idée. « On faisait des sorties récréatives et on discutaient. On s’est dit que si on pouvait s’entendre pour du plaisir, on pouvait aussi s’entendre pour faire quelque chose de sérieux et lucratif. Nous voulions sortir de l’université avec quelque chose de concret », a fait savoir M. Norfilus, comptable de formation. Conscients du gaspillage du fruit à pain dans la région, ces jeunes Grandanselais – pour la plupart – ont eu l’idée de transformer ce produit en farine.

À partir de là, ils ont commencé à chercher des informations sur internet sur les pays de la Caraïbe qui ont déjà réalisé de la farine avec le fuit à pain. Martinique, Guadeloupe ont déjà fait cette expérience. « Nous sommes tombés sur la fondation Trees that feed qui elle-même dans sa mission faisait de la promotion pour le fuit à pain. Elle nous a donné toutes les informations dont nous avions besoin sur tout le processus de production. Avec nos fonds propres, on a fait une étude de marché, puis on a fait l’acquisition des matériels nécessaires pour la production», a relaté Jeff Pierre, diplômé en administration des affaires.

Par la suite, Lamverta allait bénéficier – par voie de concours – d’un support financier de 10 000 dollars américains et d’un accompagnement technique personnalisé pendant un semestre dans le cadre du programme Réseau Solidaire d’Accompagnement à la Création d’Entreprises (RéSACE), lancé par l’ AUF, et un réseau de partenaires composé de l’Ambassade de Suisse en Haïti, la Banque de la République d’Haiti, la FOKAL et le Groupe Sogebank.

Très affecté par le séisme du 14 août 2021, le département de la Grand’Anse peut compter sur cette entreprise qui commence à créer des emplois dans la région. Cette initiative innovante sera également bénéfique pour l’environnement, à en croire Antonio Norfilus : « On produit dans le respect de l’environnement  et on va contribuer à la production et la distribution de plantules d’arbre véritable afin d’élargir notre réseau de fournisseurs ».

Selon ces jeunes entrepreneurs, leur produit serait déjà très demandé sur le territoire national. Il est un valeureux substitut à la farine de blé et peut être utilisé pour gâteau, pain, pâté, bouillie, quenelle, entre autres. « Sous peu, le produit sera disponible à l’étranger », a fièrement ajouté M. Norfilus.

La farine Lamverta est faite de 100% de fruit à pain de chez nous. Elle se présente dans un petit sac en carton et se vend au prix de 200 gourdes pour près de 500 grammes. L’entreprise est joignable sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter, …) et par téléphone au 3334-5013 et 4498-7826.

Ces jeunes diplômés invitent les jeunes à entreprendre et à créer. « C’est en créant que vous saurez où vous pourrez arriver. Cherchez des opportunités. Ne restez sans rien faire et vous plaindre du pays ».

Newdeskarl Saint Fleur

newdeskarl@gmail.com

1.- https://blogs.ifas.ufl.edu/area/files/2018/05/fr-factsheet-postharvest-loss-04-25-18-final.pdf

2.- Séverin, F. (2002). Plant ak pyebwa tè d Ayiti (No. 581.634 S498p). Por-au-Prince, HT: Ed. Quitel, 2002.

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