Insécurité | Impunité | Dialogue : Déclarations de Helen La Lime devant le Conseil de Sécurité de l’ONU

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Vendredi 18 février 2022 ((rezonodwes.com))– Mme HELEN LA LIME, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a informé de la situation marquée par une polarisation extrême dans le pays, malgré des signes de progrès ces derniers mois. 

Le Premier Ministre, M. Ariel Henry, continue de dialoguer avec les différents acteurs politiques dans l’objectif d’élargir le consensus sur la création d’institutions démocratiquement élues et fonctionnelles, a noté la haute responsable.  Le succès dépendra, a-t-elle précisé, de la volonté collective des différents acteurs d’arriver à une solution de compromis, de faire passer les intérêts nationaux avant leurs propres aspirations et d’être souple sur les détails.  

Le nouveau Gouvernement dévoilé le 24 novembre 2021 est le résultat le plus probant des efforts qui ont été déployés jusqu’à présent, selon Mme La Lime qui a fait état d’un apaisement des tensions, comme le prouve le calme observé le 7 février, date à laquelle le mandat de feu le Président Jouvenel Moïse serait officiellement arrivé à son terme.  Mme La Lime a indiqué qu’alors que la publication d’un calendrier électoral révisé est en cours, l’objectif est de créer un conseil électoral provisoire qui soit crédible et efficace et qui rassemble tous les acteurs, afin de rétablir la confiance des différents acteurs nationaux.

La Représentante spéciale a par ailleurs dénoncé la poursuite de la violence des gangs qui ont pris en otage la vie économique et sociale de millions de femmes, d’enfants et d’hommes.  Elle a dénoncé l’utilisation indiscriminée par les gangs de l’enlèvement, du meurtre et de la violence sexiste et sexuelle pour terroriser les populations et étendre encore plus leur contrôle du territoire. Cela est « particulièrement répugnant », a-t-elle commenté.  

Pour endiguer cette violence, la Police nationale d’Haïti (PNH) a adopté une approche plus équilibrée entre prévention et répression, déployant en outre une présence policière accrue dans des zones sensibles, a constaté Mme La Lime en appréciant les fruits modestes que cela semble porter.  Elle a toutefois prévenu que la PNH ne compte pas assez de personnel et de ressources, ce qui fait qu’elle ne peut pas, à elle seule, endiguer la montée de l’insécurité causée par les gangs.  Elle a souligné dès lors l’importance du renforcement en cours de la coopération internationale pour combler les lacunes auxquelles cette institution est confrontée.  Ce nouvel élan, symbolisé par la création imminente d’un fonds multi-donateurs, doit déboucher sur une hausse du financement des forces de police par le Gouvernement et par un soutien international accru sur les plans technique et financier.

Mme La Lime a en outre suggéré un contrôle plus vigilant du flux illicite d’armes, accompagné de projets socioéconomiques et d’activités de réintégration afin de créer des emplois et des sources de revenus dans les quartiers qui sont les plus affectés.  Les autorités haïtiennes ont adopté une stratégie réduction de la violence communautaire au niveau national, a-t-elle salué en notant que cela a permis à des milliers de jeunes de reprendre leur éducation.

La Représentante spéciale a par ailleurs demandé de combattre de toute urgence l’impunité, y compris en rendant la justice après l’assassinat du Président Moïse dont l’enquête est à l’arrêt.  « Cette situation alimente les rumeurs et exacerbe la méfiance et les soupçons. »  Le système judiciaire haïtien souffre de faiblesses structurelles, a noté Mme La Lime en citant notamment les difficultés pour renouveler les mandats des juges, limitant ainsi la capacité des tribunaux à lancer des enquêtes et à ouvrir de nouvelles procédures.  Une action plus décisive est nécessaire pour préparer l’entrée en vigueur du Code de procédure pénale, a-t-elle estimé.

Le tremblement de terre qui a détruit la partie sud du pays en août 2021 et qui a coûté la vie à 2 248 personnes a compliqué davantage la situation humanitaire, a poursuivi la Cheffe du BINUH en notant qu’il y a 4,9 millions de personnes, soit 43% de la population, qui auront besoin d’une assistance humanitaire en 2022.  La réunion ministérielle du 21 janvier présidée par le Canada, la conférence internationale des bailleurs de fonds pour la reconstruction de la péninsule Sud et la visite de la Vice-Secrétaire générale cette semaine ont été une occasion de réitérer l’engagement de la communauté internationale en soutien à Haïti et à sa population, a-t-elle apprécié avant de préciser que les États Membres se sont engagés à contribuer à hauteur de 600 millions de dollars.  

Mme La Lime a tenu à informer que cela fait trois années consécutives que les laboratoires n’ont détecté aucun cas de choléra en Haïti, ce qui indique une marche vers l’élimination de cette maladie.  

Cependant, l’échec de l’aide au développement depuis plusieurs années oblige à formuler et adopter une nouvelle approche basée sur une coordination accrue des efforts internationaux et la mise en place de véritables partenariats avec des autorités et les acteurs haïtiens, a préconisé la Représentante spéciale.  Elle a terminé en exhortant les dirigeants haïtiens à dialoguer de manière constructive pour mener le pays vers le processus électoral.  

Il faut veiller à ce que les réformes structurelles urgentes soient menées à bien, pour faire face à la violence des gangs, lutter contre l’impunité et la corruption, renforcer la justice et transformer l’économie, a-t-elle conclu.

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