La Nuit DU KOMPA LIVE 2017
CONCERT D’ADMIRAL T :
HAÏTI AU CŒUR DE L’ACCORHOTELS ARENA- PARIS- BERCY par Garry Assad
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Mardi 25 avril 2017 ((rezonodwes.com))–
Rentré tout juste de Pontarlier, en compagnie de mes trois collègues, Frisnel AZOR, Anne-Louise MESADIEU et Maguet DELVA, après avoir répondu à l’invitation des élus de cette région afin de participer, le 7 avril 2017, au nom des Missions diplomatiques d’Haïti en France, à la cérémonie de commémoration du 214ème anniversaire de la mort de Toussaint LOUVERTURE au Fort de Joux, j’ai pris immédiatement le chemin de Paris-Bercy pour assister au Festival « La Nuit du Kompa Live 2017 » le samedi 8 avril, car je ne voulais pas rater ce grand moment de la musique haïtienne ou dans l’une des 5 plus grandes salles de spectacles au monde, allaient performer cinq (5) groupes de notre musique nationale, le Compas : Tabou Combo (Michael Guirand, comme artiste invité), T. Vice, Kreyol la, Original H et Klass.
Après avoir salué rapidement quelques amis rencontrés aux abords de la salle (qui, d’habitude ne sortent que rarement… le jeu en valait la chandelle), je me suis précipité vers l’entrée. Arrivé dans une salle bondée de monde, (on avance des chiffres de près de 15 milles personnes sur une capacité de 20 300 places), je n’ai eu droit malheureusement qu’à la fin de la performance de Kreyol La, exécutant à ce moment-là une magnifique séquence de percussions sous les applaudissements d’un public déjà en ébullition ; ce qui m’a donné une petite idée de l’ambiance qui venait de régner lors du passage de la bande à T. Djo Zenny.
Dans l’intervalle, mon ami Mario, (compagnon de toujours pour ces types d’évènements avec qui j’avais pris rendez-vous de mon train étant), et moi, nous nous sommes faufilés à travers la foule pour nous approcher du podium, question de vivre de près les prestations des groupes à l’affiche.
Original H, la seule formation parmi les cinq (5) à évoluer à Paris, est monté sur scène et a créé une remarquable prestation. Le groupe a surpris plus d’un par la qualité de sa performance, sa capacité d’animation appuyée par d’excellentes chorégraphies et surtout son attitude décomplexée à jouer dans la cour des grands. D’aucuns pensent qu’à la suite de cette belle sortie, le groupe a franchi un autre pallier sur l’échiquier musical haïtien. Il reste maintenant aux musiciens de continuer sur cette dynamique afin de confirmer cette maturité dont ils ont fait preuve devant ce grand public.
Le tour de KLASS est arrivé, l’animateur, dans son introduction, a pris le soin de mentionner que c’était le groupe phare du moment. Les fans, les haïtiens, très peu nombreux dans la salle malheureusement, habitués aux performances de haut niveau de l’orchestre à Ritchie-Pipo, attendaient cette prestation avec impatience, moi en particulier. En raison d’un public, à majorité d’étrangers, qui ne connaissent pas tout à fait le groupe et du choix des chansons exécutées, à mon avis, de manière trop survolée, KLASS a eu du mal à atteindre la foule, à créer de l’animation à la hauteur de ce qu’ils ont l’habitude de faire un peu partout dans les bals depuis leur tout premier album. La réalité est que ce groupe a déjà tellement fait pour son jeune âge, seulement 5 ans d’existence, que l’on en attendait une bien meilleure prestation.
En effet, je pense que ce concert servira d’expérience au Lauréat du Classement Ticket Magazine 2016 (1er dans quatre catégories), et lui permettra de penser à élargir son plan de communication ou de promotion au-delà de nos frontières afin de toucher un plus large auditoire, à la manière du mythique TABOU COMBO, vieux de presque 50 ans mais qui n’a rien perdu de sa jeunesse en offrant une prestation époustouflante à Bercy. De bout en bout, secondé par un extraordinaire Michael Guirand, qui visiblement avait manqué à des milliers de spectateurs euphoriques (en témoigne la folie qu’a créée dans la salle « Haïti bang bang de Carimi lors de son intro), les Supers Stars ont électrisé AccorHotels Aréna. Ses titres ont été repris du début à la fin par les fans en extase, avec un Shoubou égal à lui-même, sans oublier un Dener Ceide, pour qui il est toujours difficile de passer inaperçu grâce aux prouesses qu’il accomplit à la guitare.
Je suis de ceux qui croient que le compas mettra encore très longtemps avant de trouver l’égal ou un remplaçant à Tabou, en termes de performance de haut niveau dans des festivals internationaux.
Au Zénith de Paris, j’avais déjà assisté à cette force de frappe phénoménale, d’il y a quelques années. À chaque fois, ils montrent qu’ils sont à un niveau supérieur. Ce qui paraît comme une sorte de virus ou d’héritage, on trouve des jeunes des Antilles Françaises de 17, 18 ans (Guadeloupe, Martinique etc.) qui chantent des morceaux de Tabou qui datent des décennies. Donc, ce groupe est d’ores et déjà dans le patrimoine musical mondial.
La boucle allait être bouclée par T. Vice et les organisateurs avaient bien pensé le coup en le programmant en dernier, car les Martino et Co étaient à la hauteur de l’enjeu. Une prestation digne des grands soirs, avec une animation de tonnerre et une foule chantant » Men Elikopte a », l’atout carnavalesque du groupe, datant des années mais qui n’entend pas vieillir, après avoir été bercée par les douces notes du titre vidéo-clipé « Moving on » figurant sur le nouvel album du groupe.
- Vice à prouve encore une fois qu’il figurait sur la liste des grands ténors de la nouvelle génération au niveau surtout des performances live lors des grands évènements musicaux tant qu’en Haïti qu’à l’extérieur.
Ce grand Festival « La nuit du compas live » organisé dans cette prestigieuse salle qu’est AccorHotels Aréna Paris-Bercy où performent les meilleurs artistes du monde restera gravé dans les annales de l’histoire de la musique et la culture caribéennes. Le premier du genre réalisé en Europe avec uniquement des groupes haïtiens. À lui tout seul, le compas de Memours-Sicot a montré qu’il pouvait
faire danser au-delà de sa communauté. Après une telle soirée ou j’ai vu flotter avec fierté le bicolore haïtien, chanter, danser des milliers de gens sans même, pour la grande majorité, comprendre les
paroles des chansons, je conclus pour dire que notre musique, ou plus largement notre culture a de très beaux jours devant elle ; d’où la nécessité d’intensifier sa promotion par la mise en place d’une politique culturelle éclairée notamment sur le plan international à travers laquelle notre art, notre littérature, notre musique pourront mieux s’exposer, s’exporter et s’imposer. J’insiste sur l’importance de cette diplomatie culturelle « Soft power, ce concept de relations internationales, cher au professeur américain Joseph S. Nye », à mettre en œuvre, compte tenu de la vivacité et de la richesse de notre culture (dont la musique est un élément) en vue de faire rayonner le pays, à l’instar du Brésil avec le Football, de la Jamaïque, l’athlétisme, des Etats-Unis d’Amérique, pour leur industrie cinématographique etc.
– Une place de choix à Haïti au concert d’Admiral T –
Encore le week-end dernier, samedi 15 avril, Haïti s’est vue à l’honneur avec le gigantesque concert d’Admiral T, Christy CAMPBEL, de son vrai nom, premier d’un artiste au répertoire caribéen ou deux chanteurs haïtiens, Princess Eud et J. Perry ont été invités à performer dans un Bercy affiché complet.
Sur le titre « Queen », l’artiste Guadeloupéen, devant un public acquis à sa cause, s’est fait accompagner sur scène de notre brillante et sublime Reine Enide Edouarin, de son vrai nom qui, pour l’occasion, a ajouté sa touche personnelle à la chanson vidéo-clipée, dans laquelle elle joue d’ailleurs le rôle de modèle.
Le chanteur n’a pas attendu longtemps pour poster sur sa page Facebook une magnifique photo de sa prestation avec Princess Eud ou il écrit en anglais « The Queen » Princess Eud » from Haïti was here ! ?? #509#BercyAdmiralT. Un bel hommage au talent de la rappeuse haïtienne avec déjà près de 20 ans de carrière au compteur, découverte sur la meringue très populaire d’ASRAP.
Pour sa part, J.B. Perry, enchaînant des titres à succès depuis la sortie du fameux tube « Dékolé », était aussi présent. Muni du drapeau bleu et rouge, il a dégagé une belle énergie sur le podium aux cotés de l’enfant terrible du dance hall en interprétant deux morceaux dont ABABLABLA qui lui a valu d’ailleurs le prix de « Collaboration de Ticket 2016″.
A part la présence de nos deux artistes, Admiral T a accordé une place spéciale à Haïti dans ce concert en interprétant à la fin de son show sa chanson » Yo pa emmé haïtien ». Au rythme du compas, il a fait chanter notre pays par toute la foule reprenant en cœur les paroles de ce morceau
qui dénonce le mépris, la discrimination, les préjugés de certaines personnes contre les haïtiens, particulièrement en Guadeloupe, pendant que notre musique, le Compas est admiré. Cette composition est un appel à l’unité, à l’amour et un rappel de destin en commun des deux peuples liés par l’histoire.
En voici donc le texte:
** hey say’ passé
admiral t ki si place la**
**yo pa enmé haitien mai yo enmé mizik ay**
yo pa enmé haitien mai yo enmé carimi
yo pa enmé haitien mai yo enmé T-vice (vice)
yo pa enmé haitien mai yo enmé ti-Kabzi
yo pa enmé haitien mai yo vlé tabou combo(ohohoo ooh ohohoo x2)
pa ka lass dénigré yo,pa ka lass malpalé yo
yo pa ka lass poutan lèss li palé ba yo
yo soti an lè mm bato,donc nou pa pli hau ki yo
nou toujou fwèy donc cé lanmou nou pou ba yo
(ohohooooh ooh)
nou pa ni pou aji kon sa an kè nou
(ohohoooh nan)
…/4
yo pa enmé haitien mai yo enmé carimi
yo pa enmé haitien mai yo enmé T-vice (vice)
yo pa enmé haitien mai yo enmé ti-Kabzi
yo pa enmé haitien mai yo vlé tabou combo(ohohoo ooh ohohoo x2)
(woy fèy balancé balancé balancé)
(compas time)
*nou pa bizwen sa,pa bizwen sa pa bizwen sa x3*
yo pa enmé haitien mai yo enmé carimi
yo pa enmé haitien mai yo enmé T-vice (vice)
yo pa enmé haitien mai yo enmé ti-Kabzi
yo pa enmé haitien mai yo vlé tabou combo(ohohoo ooh ohohoo x2
GWADA MADININA FWè HAITI
NOU TOUT SOTI AN MM BATO LA
PA JEN OUBLIEY
SA PA TE POU PASSE KON SA YEH
FO NOU SOLIDE ENSENM’
ZOT SAV C LUNION KA FE LA FOSS YEH
En savoir plus sur http://paroles.zouker.com/admiral-t/yo-pa-enme-haitien,124587.htm#dXVToD14C8WwLXXs.99.
Il y a un moment déjà que j’ai découvert Admiral T. C’était en 2006, à la sortie de son duo « Les mains en l’air » avec la rappeuse française Djam’s, au firmament de sa gloire à l’époque. Il m’avait tout de suite fait penser à quelqu’un : Top Alderman, version ORS. J’avais dès lors décelé en lui un talent certain dans le domaine du dance hall, rien à envier aux jamaïcains Elephant Man, Beenie Man ou Sean Paul. J’avais également suivi son séjour en Haïti en juin 2016, dans le cadre du tournage de son clip » My Queen » car il a voulu casser, selon ses dires lors d’une conférence de presse donnée à l’hôtel El Rancho, l’image négative accolée à notre pays dans les médias internationaux. En vue justement de vanter les atouts touristiques du pays et faire en même temps la promotion de la beauté créole, son choix s’est porté sur Eud, en tant que reine de la vidéo en question.
Le concert du samedi 15 avril 2017, a confirmé tout le bien que je pensais de lui mais j’en garde surtout le souvenir d’un très beau spectacle d’un artiste, bourré d’énergie (3h de show non-stop), plein d’humilité et d’une grande générosité pour avoir jugé nécessaire de faire partager cette belle page de l’histoire de la musique caribéenne avec d’autres artistes de la région tels nos deux
chanteurs Princess EUD et J. Perry, Jocelyne Beroard et Jacob Desvarieux du célèbre KASAV, Esy Kennenga, Axel Tony et bien d’autres encore.
Je m’en voudrais de ne pas saluer les organisateurs de ces deux grands évènements musicaux qui, durant deux week-ends successifs à l’AccorHotels Aréna Paris-Bercy, ont fait la part belle à notre musique, notre culture et notre pays, Haïti.
Sources : Ticket Magazine du Nouvelliste / zooker.com
Paris, le 18 Avril 2017
Garry ASSAD
Diplomate






