Samedi 6 novembre 2021 ((rezonodwes.com))– Luis Rodolfo Abinader Corona avait fait campagne et a été élu sur le thème de la lutte contre la corruption. Arrivé au pouvoir à la faveur des élections de 2020, le leader du Parti Révolutionnaire Moderne de la République Dominicaine,n’a pourtant pas tenu ses promesses de nettoyer les écuries d’Augias, en dépit de quelques coups spectaculaires pour épater la galerie et apaiser les militants anti-corruption.
Loin d’arriver à prouver la thèse d’une équipe Medina corrompue jusqu’à la moelle, Abinader a subi les moqueries des supporteurs de ses prédécesseurs quand certains gros bonnets de son camp ont été épinglés dans des affaires pas du tout nettes.
Le Président a même eu la frousse de sa vie quand un consortium mondial de journalistes d’investigation a étalé dans les médias du monde entier ses liens avec des entreprises enregistrées cachées dans l’opacité des paradis fiscaux. Un stratagème qui permet aux plus riches de la planète d’éviter de payer des taxes et impôts à leur pays.
Écorché par le scandale des Pandora Papers et son incapacité à livrer la marchandise de la lutte contre la corruption aux 11 millions de dominicains déçus, Abinader se rabat sur la situation explosive d’Haïti, piétinant les plate-bandes voisines, comme s’il s’agissait d’un héritage familial ou d’un moulin public abandonné.
Le numéro un dominicain s’est donc réjoui de la publication d’un tweet du maladroit ministre de facto des affaires étrangères haïtiennes Claude Joseph sur l’augmentation de la criminalité en République Dominicaine, et a immédiatement sauté sur l’occasion pour se refaire une santé politique.
Ainsi, quelques jours après l’éclatement de cet incident diplomatique, les critiques contre le gouvernement d’Abinader n’ont plus droit de cité. Tous les médias étant occupés à rapporter les actions et réactions autour de cette affaire, qui a d’ailleurs conduit le premier ministre haïtien à quémander une conversation téléphonique avec le président dominicain et à dépêcher en urgence le diplomate de carrière, Daniel Supplice, comme émissaire auprès des autorités dominicaines.
On ne sait pas encore si l’historien et écrivain Daniel Supplice pourra rapidement calmer le jeu, comme le souhaite Ariel Henry. On ne sait pas non plus quelles nouvelles concessions le gouvernement de facto va devoir faire.
Mais, on sait déjà que les étudiants haïtiens en République Dominicaine et les migrants en quête de soins de santé sur le territoire voisin, ont fait les frais de cette regrettable situation.
On sait également qu’Abinader a gagné haut la main une première manche sur l’actuelle diplomatie bancale d’Haïti de ti zanmi et de copains-coquins, grâce à la frivolité d’un Chancelier qui s’est improvisé activiste populiste, avec des relents d’un (faux) nationalisme de mauvais aloi.
Quel désastre!
