Mardi 23 Avril 2024, dans la commune de l’Anse-à-Foleur, située dans le département du Nord-Ouest d’Haïti, une tragédie a frappé de plein fouet la communauté éducative. En plein cours, au sein du lycée Justin Lhérisson, Darlincie Pierre-Jean, une élève du nouveau secondaire quatre, a été victime d’un accident aussi tragique qu’inattendu. Un morceau de béton s’est détaché du plafond délabré de la salle de classe pour s’abattre sur sa tête, la blessant grièvement. Cette scène, survenue dans un établissement scolaire censé être le sanctuaire du savoir et de l’épanouissement des jeunes esprits, révèle les profondes lacunes de notre système éducatif.
Le lycée Justin Lhérisson et l’école nationale Cacique Henry, deux piliers de l’éducation dans la région, sont malheureusement des témoins silencieux de la négligence et de l’indifférence des autorités. Bien que ces institutions aient formé des personnalités marquantes de la communauté locale, telles que l’ancien magistrat Laurius Joseph et l’ex-Dupété Louis Marie Bonhommes, etc… Elles sont aujourd’hui le reflet d’un système en décrépitude. Les promesses politiques de reconstruction restent vaines, alors que les bâtiments, érigés dans les années 1970, plus précisément en 1978, se dégradent dangereusement.
Depuis près de trois décennies, le lycée Justin Lhérisson est sous la direction de Pierre Réginald qui semble être épuisé, sa mauvaise gestion en témoigne. Cependant, au lieu de devenir un phare de l’éducation, l’établissement est devenu le symbole d’une gestion défaillante et d’un abandon institutionnalisé. Les résultats désastreux aux examens baccalauréats, le manque criant de professeurs qualifiés, et l’état déplorable des infrastructures illustrent un échec collectif dans la protection et la promotion de
l’éducation. Même les tentatives de réparation sont désespérément insuffisantes, avec des bouts de plywood servant de pansements temporaires sur un toit délabré dans la direction.
Cependant, cette tragédie va au-delà des dysfonctionnements locaux. Elle révèle d’une crise systémique plus profonde, où les fonds destinés à l’éducation sont détournés à des fins inavouables, privant ainsi des milliers d’élèves haïtiens de leur droit fondamental à une éducation de qualité. Le scandale du Fonds National pour l’Éducation FNE, dilapidé de la même manière que le fonds PetroCaribe, témoigne de l’ampleur du problème. Alors que les dirigeants locaux et nationaux se renvoient la balle, c’est toute une génération qui se retrouve sacrifiée sur l’autel de l’indifférence et de la corruption.
En conclusion, cet incident tragique ne devrait pas être simplement une nouvelle de plus dans les journaux. Il doit servir de cri d’alarme, réveillant les consciences et incitant à une action immédiate et concertée. L’éducation est la clé de l’avenir d’Haïti, et il est grand temps que les responsables politiques et administratifs reconnaissent leur responsabilité dans la protection de nos élèves et dans la préservation de notre avenir commun.
Saint-Louis John-Max Bruno
