Les chauffeurs veulent dessiner l’avenir du Cap-Haïtien! par ROLL E. Ludwill
Jeudi 20 avril 2017 ((rezonodwes.com))–
A Cap-Haïtien un phénomène assez troublant est en train de se produire ces derniers jours. Un groupe de chauffeurs qui se donnent le nom de syndicat redessine la carte en jouant corps et âme afin de faire avaler à toute la population capoise leur décision unilatérale. Un bon lundi matin on s’est réveillé avec une augmentation des prix du transport qui a pris tout le monde par surprise. Il est passé de 5 Gdes à 10 Gdes pour le trajet de Champin au centre-ville. Personne ne s’y attendait et ceci c’est fait d’une manière arbitraire.
Pourquoi c’est illégal?
Le transport est régi par un ensemble de règles qui permettent de garder la stabilité dans le circuit. Seul l’Etat est appelé à fixer le prix du transport intra-urbain. Lorsque le prix des moyens de transport doit connaître des augmentations c’est le ministère des affaires sociales et du travail qui est toujours responsable de l’annoncer au grand public. Il fait sortir un communiqué pour annoncer que pour telles ou telles autres raisons il y aura des augmentations des prix. Très rares sont les fois où le prix a été doublé et jamais les prix n’ont été augmentés par des syndicats.
Pourquoi les arguments avancés par le syndicat ne tiennent pas?
Pour essayer de justifier leur action, les chauffeurs ont fait circuler des tracts qui mentionnent les raisons. Dans les tracts on peut voir des causes comme :
-Le nou konsidere ministè afè sosyal te fikse pri a a 7 goud depi 2007, nou menm chofè nou t kite pri a 5 goud pou pwoblem monnen.
-Pri kawotchou te 1250 Gdes men jodi a li vann 6000 goud.
C’est totalement absurde! Les prix avaient augmenté en fonction de l’effondrement du marché boursier qui a affecté le prix du pétrole à l’échelle internationale. Cela avait des conséquences directes sur notre pays, ce qui s’est soldé par une augmentation des prix de biens et de services dans le pays, le transport y compris. Mais après la crise de 2008 tout est rentré dans l’ordre. Concernant le prix du caoutchouc, ils sont encore passés à côté de la plaque. Une voiture change de caoutchouc environ tous les sept (7) mois, en aucun cas ca ne devrait avoir des conséquences directes sur notre quotidien.
Pourquoi c’est dangereux ?
La situation qui se déroule actuellement devient de plus en dangereuse. Elle risque de compliquer davantage les choses dans la deuxième ville du pays en ayant des conséquences direct sur le bon fonctionnement de la société. Nous savons clairement que nous faisons face à une population de zombis qui acceptent tout sans même se plaindre. Mais il faut se faire à l’idée que certains sont près à aller jusqu’au bout afin d’éviter de se faire dérober professionnellement par ces apprentis hors-la-loi. J’ai été moi même témoin d’une rixe qui aurait pu très mal se terminer…
Pourquoi il ne faut pas laisser passer le coup?
Cette augmentation due aux seuls fantasmes des chauffeurs inconscients peut avoir des conséquences néfastes pour l’avenir de la ville. Si elle persiste, elle va provoquer la voracité des autres chauffeurs dans la ville. Qu’il s’agisse des chauffeurs de taxi, de taxi moto ou encore de ceux qui pratiquent un transport intra-régional. Les autres chauffeurs prient pour que ça reste ainsi afin qu’ils puissent eux aussi bénéficier de l’aubaine. Le prix des taxis risque d’être 75 Gdes, taxi moto 50 Gdes, moto tricycles (a trois roues) 25 gourdes. C’est le triste avenir qui nous attend tous. Et d’ailleurs qu’est ce qui garantit qu’ils ne vont pas recommencer puisque le prix du pétrole risque une augmentation à tout moment? On dit toujours qu’une fois n’est pas coutume mais l’habitude commence toujours une fois.
Le transport étant un domaine très sollicité, tout le monde en a besoin donc il peut y avoir ce qu’on appel un <<effet domino>>.Les prix des produits de première nécessité risquent de connaitre à leurs tours des augmentations considérables. Lorsque j’ai demandé a une dame ce qu’elle pense du prix actuel du transport elle m’a répondu les mots qui suivent <<Yo k’ap we l’, konnya se moun k’ap vin achte sou plas la m pral peze kou yo pou m’ fe kat (4) fwa kob m konn abitye fe nan yon yon bagay>>. Donc il est clair qu’il y a une menace réelle qui pèse sur nous.
C’est une guerre qui vient d’être déclarée. C’est comme si la population est entrain de se basculer vers un territoire inconnu. Maintenant chacun essaiera d’étrangler l’autre afin de lui soutirer un maximum de fric pour pouvoir répondre à ses besoins. C’est plus de famine, plus d’insécurité, plus d’inégalité qui est en train de se dessiner.
Que dit la mairie?
Après avoir pris connaissance de l’augmentation du prix du transport, certaines personnes ont vite eu recours aux médias afin de dénoncer les violations des règles. Immédiatement la mairie a sorti un communiqué condamnant cet acte arbitraire et illégal qui dépasse de loin une provocation à la population. Ils ont fait savoir que le prix reste le même tant que les autorités concernés n’auront pas décidé autrement. Déjà deux jours après la sortie du communiqué de la mairie, nous constatons que la tension monte entre chauffeurs et autorités. Pour protester contre la décision de la mairie des chauffeurs décident d’entrer en grève afin d’essayer de paralyser la circulation.
Pourquoi il ne faut pas paniquer?
Ce matin tout le monde s’est réveillé en constatant que la circulation est extrêmement fluide, ce qui est une chose très rare. La cause de cette fluidité s’explique par la grève de certains chauffeurs. Mais un fait est remarquable, c’est que tous les chauffeurs ne parlent pas d’une seule et même voix. Une grande quantité de tap tap ont pris la route malgré l’appel au boycotte de la circulation par le syndicat fallacieux. Maintenant il faut se demander si les grévistes auront le courage de persister dans l’erreur tout en sachant que l’économie de notre pays nous oblige à vivre sans vraiment épargner?
Félicitations aux autorités
Nous avons connu un moment assez difficile, des tensions entre passagers et chauffeurs ont eu lieu mais les autorités locales ont tout fait pour mettre de l’ordre. Il ne faut pas laisser la place aux anarchistes. Toutes mes félicitations aux maires qui ont tenu tête au syndicat qui a voulu semé le doute sur leur légitimité. Malgré les différentes menaces de boycott ils sont parvenus à rétablir l’ordre et veillent au maintien de la cohésion sociale


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