16 novembre 2025
« Jwèt manje tè » du CEP : le CPT forcé de produire un calendrier électoral sans cadre légal
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« Jwèt manje tè » du CEP : le CPT forcé de produire un calendrier électoral sans cadre légal

L’Église catholique, la presse et l’université avaient-elles réellement délégué, selon l’Accord du 3 avril 2024, des représentants au CEP afin de produire par la suite un avant-projet de décret électoral fixant des élections en août 2026 ? De quelle autorité tiennent-ils un tel pouvoir, si ce n’est du désordre généralisé qui caractérise l’ensemble de la transition ?

Le Conseil présidentiel de transition, constitué hors des mécanismes prévus par la Constitution de 1987, se voit engagé dans la préparation d’un calendrier électoral postérieur au 7 février 2026, une anomalie que tout dirigeant attaché au respect des accords signés aurait évitée. Cette orientation, encouragée par les pressions des représentations diplomatiques — ONU, OEA, CARICOM — consacre un dérapage politique dont aucune instance de la transition ne peut se dissocier : ni les neuf conseillers, ni le Premier ministre, ni l’ensemble de l’architecture installée depuis avril 2024. C’est l’échec collectif d’un dispositif présenté comme une passerelle institutionnelle et devenu un blocage prolongé.

L’Accord du 3 avril 2024, présenté comme l’assise du CPT, ne contenait aucune clause autorisant ses membres à prolonger leur exercice au-delà du 7 février 2026. Le texte mentionnait des engagements précis : stabilisation sécuritaire, coordination institutionnelle, fonctionnement administratif normalisé et création d’un climat permettant un futur processus électoral. Rien ne leur permettait d’agir en substitution d’un exécutif constitutionnel.

Les engagements non exécutés — sécurité instable, réformes absentes, gouvernance hésitante — ont vidé l’accord de son souffle initial et renforcé l’image d’un jwèt manje tè permanent. La production d’un calendrier électoral par une entité dépourvue d’attributions en la matière ouvre la voie à une contestation immédiate pour incompétence, affaiblissant en amont tout processus annoncé.

La transition se retrouve ainsi devant un paradoxe : vouloir organiser l’avenir sans avoir rempli les obligations élémentaires qui justifiaient son existence. Un constat demeure : un jwèt manje tè de cette nature ne rapprochera jamais le pays du 16 décembre 1990, date des seules élections généralement reconnues comme crédibles, libres, honnêtes… depuis 1806.

cba

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