Radio-Canada|Texas: le traitement « ignoble » servi aux migrants haïtiens condamnés au Congrès

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Mercredi 22 septembre 2021 ((rezonodwes.com))–Des expulsions « ignobles », une situation « bouleversante » ou un « désastre colossal » : les républicains, mais aussi de grands noms démocrates du Congrès américain, s’indignaient mardi de la gestion par le gouvernement Biden de l’arrivée soudaine de milliers de migrants haïtiens à la frontière sud des États-Unis.

Des photos montrant des gardes-frontières à cheval en train de repousser des migrants près de Del Rio, au Texas, ont particulièrement choqué le pays, ce qui a poussé le gouvernement démocrate à ouvrir une enquête.

La vice-présidente Kamala Harris a jugé ces images horribles et affirmé devant des journalistes qu’elle soutenait ces investigations.

Une citation de : Kamala Harris, vice-présidente des États-Unis

« Des êtres humains ne devraient jamais être traités d’une telle façon et cela me préoccupe profondément ».

Les images qui ont circulé montrent un agent à cheval qui attrape un homme par son t-shirt. Sur une autre, il tient un groupe à distance en faisant tourner ses rênes dans une posture menaçante.

Ces images vous donnent la nausée. Il faut que cela cesse, ce type de violence, a martelé le chef démocrate du Sénat américain, Chuck Schumer.

Rarement aussi critique du président démocrate, il a exhorté Joe Biden à mettre fin immédiatement aux expulsions des migrants haïtiens et à revenir sur les règles sanitaires adoptées en 2020 pour contrer la pandémie de COVID-19. Une de ces règles, aussi appelée Titre 42, autorise le refoulement de migrants.

Une citation de : Chuck Schumer, chef démocrate du Sénat :

« Nous ne pouvons pas poursuivre ces politiques ignobles et xénophobes venant de [l’ex-président Donald] Trump, qui ignorent nos lois sur les réfugiés ».

Lundi soir, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, avait déjà jugé bouleversante la situation des migrants haïtiens à la frontière.

Expulsés des États-Unis

Jusqu’à 15 000 personnes, en majorité des Haïtiens, se sont retrouvées massées la semaine dernière sous un pont près de la frontière entre le Mexique et le Texas, dans la chaleur et dans des conditions très précaires.

Plusieurs milliers de personnes ont déjà été sorties de ce camp improvisé, soit pour être transférées dans des centres de rétention, soit pour être expulsées hors des États-Unis, a indiqué le secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, lors d’une audition au Sénat. Ils sont moins de 10 000 aujourd’hui, a-t-il précisé.

Nous avons augmenté le nombre de vols d’expulsion vers Haïti et d’autres pays tiers, a-t-il encore dit, en assurant avoir un plan et le mettre en œuvre.

Mais ces vols vers Haïti indignent certains démocrates.

Une telle décision va à l’encontre du sens commun et de la décence, s’est insurgé Chuck Schumer, en soulignant que les conditions difficiles à Haïti faisaient que le pays ne pouvait pas les recevoir.

Mais pour M. Mayorkas, ces migrants, en majorité haïtiens, ont afflué rapidement aux États-Unis après avoir reçu de fausses informations de la part de passeurs.

C’est toujours la faute des autres, s’est alors étranglé le sénateur républicain Josh Hawley.

Une citation de : Josh Hawley, sénateur républicain du Missouri

« C’est une crise humanitaire […] 10 000 personnes vivent dans des conditions effroyables à cause de vos politiques ».

Il a cité le fait que, à la suite du séisme qui a ravagé la moitié sud d’Haïti, le 14 août, les États-Unis ont suspendu les expulsions de migrants haïtiens en situation irrégulière.

Même si la mesure ne concerne pas les nouveaux arrivants, elle semble avoir contribué à l’afflux soudain à la frontière de migrants haïtiens, dont une partie vivait en Amérique latine depuis le grand tremblement de terre de 2010 qui avait fait plus de 200 000 morts.

Ces arrivées s’ajoutent à des flux de migrants inédits depuis l’entrée de Joe Biden à la Maison-Blanche, dont plus de 1,3 million interpellés à la frontière avec le Mexique.

Malgré les assurances d’Alejandro Mayorkas, qui a même évoqué un léger tassement, le sénateur républicain plus centriste Mitt Romney n’a pas été convaincu : Toute personne impartiale dirait que les politiques Biden concernant la frontière et l’immigration ne sont rien de moins qu’un désastre colossal.

En contravention du droit international

Les Nations unies ont également exprimé leur profonde inquiétude mardi devant les expulsions de migrants haïtiens, qui pourraient contrevenir au droit international.

Les expulsions massives et sommaires qui se déroulent actuellement en invoquant le Titre 42 sans tenter de déterminer les besoins en termes de protection sont contraires à la norme internationale et pourraient être assimilées à du refoulement, ce qui est condamné par le droit international, a souligné dans un communiqué le haut-commissaire de l’ONUOrganisation des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.

Plus tôt dans la journée, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONUOrganisation des Nations unies et l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), que dirige M. Grandi, avaient joint leurs voix pour rappeler que tout demandeur d’asile a le droit de voir sa demande examinée.

Nous sommes profondément inquiets du fait qu’il n’y ait eu aucun examen individuel dans le cas des Haïtiens, a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Marta Hurtado, lors d’une réunion d’information régulière de l’ONUOrganisation des Nations unies à Genève.

Une citation de : Marta Hurtado, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, Organisation des Nations unies

« Peut-être que certaines de ces personnes n’ont pas bénéficié de la protection dont elles avaient besoin ».

Shabia Mantoo, porte-parole pour le HCRAgence des Nations Unies pour les réfugiés, a souligné pour sa part lors du même point de presse que la demande d’asile était un droit de l’homme fondamental.

Nous appelons à ce que ces droits soient respectés, a-t-elle dit.

La porte-parole du HCRAgence des Nations Unies pour les réfugiés a rappelé l’opposition totale de l’agence au Titre 42 et réitéré un appel à tous les pays à accorder le droit d’asile à tous ceux dont la vie en dépend.

Il y a d’autres moyens de gérer la santé publique […] et en même temps de garantir le droit à demander l’asile. C’est tout à fait possible, a-t-elle insisté.

Le HCR, Agence des Nations Unies pour les réfugiés avait salué lundi l’intention de l’administration Biden d’accueillir 125 000 réfugiés en 2022, le double par rapport à cette année, pour répondre aux besoins générés par les crises humanitaires dans le monde.

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