De grâce, Monsieur le Président, faites grincer votre chaise et partez!

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DE GRÂCE, MONSIEUR LE PRÉSIDENT, FAITES GRINCER VOTRE CHAISE ET PARTEZ!

(Par Edgard Gousse)

Ne soyons pas dupes! Ni des charlatans politiques abusant de notre faiblesse, exploitant notre peur et notre insécurité, ni de leurs promesses fallacieuses qui ne sont autres que de bien puériles illusions. Ironiquement, en effet, des dirigeants de boue se font souvent passer pour des sauveteurs inespérés. Ils nous obligent à ramper à plat ventre, avec des ondulations de serpent, ou à quatre pattes, pour apporter de l’eau à leur moulin, sous prétexte qu’ils ne sont pas là pour eux, mais pour nous, pour assurer notre bien-être.

Parjure odieux! L’avidité insatiable des uns fait évidemment face à leur égoïsme. Leur individualisme anarchiste, difficile toutefois à comprendre, n’engendre que violence, intimidations et terrorisme. Et l’on se met tout bonnement à penser que les solutions au problème n’existaient nulle part.

Heureusement, elles étaient en chacun de nous! En elle et en lui, en vous et en moi… Les idées ont ceci de particulier: elles peuvent contribuer à changer le cours des choses. Elles commencent par germer, puis elles font lentement leur chemin. S’il vous est permis de comprendre ce que nous nous disons maintenant, serrons-nous alors les coudes et soyons aux aguets! Car les surprises, à leur tour, quand elles sont saturées d’impudeur, démaquillent les visages et finissent par porter les loques humaines à se révéler au grand jour: «Méprise-toi toi-même, si tu le peux», leur dirons-nous en temps voulu. Pauvre Haïti! Ô pays mal-aimé!

Ah! au moment où l’on s’y attend le moins, la vague s’abat après tout, comme la vérole, sur l’effort de déconstruire des dirigeants politiques du pays. Leur désir d’agir contre les lois crevasse leur peau et fistule leurs os. Et ils consentent, contre leur gré, à se soumettre à la volonté populaire de ne plus entraver la liberté. Plus jamais! Mauvais élèves, leurs maîtres finiraient très certainement par les laisser tomber. Ça alors! Haïti serait au bout du compte libérée de leur emprise maléfique. Bientôt? Certes oui, mais une nouvelle bataille devra commencer sous peu… Prenons alors une pause pour apaiser nos légitimes et grandissantes colères. Fourbissons entretemps les armes! Tant mieux alors si le président de la République entend à son tour profiter de cette trêve annoncée pour vider les lieux et éviter d’être expulsé de force, tel un encombrant locataire! Très sincèrement, nous ne souhaitons pas le voir se suicider, scénario cauchemardesque pour l’instant, mais plausible… Oh! non, Monsieur le Président, ne faites pas cela! N’y pensez tout simplement pas!

Fin de pause, heureusement! Mais… où en était-on?

Ah! la chance vous a été offerte, Monsieur le Président, et vous n’avez pas su en tirer profit? Et vous n’avez rien dit? Rien fait? Absolument rien! Vous restez accroché au fauteuil, sans doute encore assis sur vos propres oreilles, n’est-ce pas? Soyez-en certain, de toute façon, on ne partagera pas non plus votre noble loisir de suicide collectif.

Oh là là! vous avez infligé un tort presque irréparable au pays, vous avez été à l’origine de tant de déboires, vous n’aviez su par ailleurs mieux faire que d’offrir à notre jeunesse —à défaut d’un funeste héritage qu’elle s’était évidemment empressée de refuser— un statut de paria planétaire, vous vous êtes même permis de perturber jusqu’à l’allaitement maternel des nourrissons, et vous vous comportez comme si votre conduite avait été irréprochable… Du jamais vu, Monsieur le Président! En effet, si vous croyez qu’un homme a le droit de disposer de la vie d’un autre pour satisfaire ses vues, ses caprices ou ses ambitions personnelles, vous vous trompez alors. Si vous pensez que vos papillotages et vos regards que vous nous demandez bien régulièrement de suivre seront en mesure de dissiper les nuages de famine ou de scélératesse que vous avez répandus ou tenté de répandre sur le front de tout un chacun, vous vous trompez une fois de plus. Votre obsession NOUS conduit tout droit vers un échec certain, un gouffre abyssal de chagrins qu’il est encore possible d’éviter au pays. Vraisemblablement! Peut-être jugez-vous qu’en manipulant ainsi des insouciants (MAWOZO et alliés, G9 [J’AI (DU SANG) NEUF] et alliés, etc.), cela va de soi, encore plus vulnérables que vous l’êtes, vous n’avez rien à craindre d’eux! Oh! non, car le fer, une fois chauffé et rougi, se retournera le moment venu contre vous et grillera votre propre œil. Le thé de verveine que l’on vous servira ne sera jamais ni assez chaud ni assez infusé, mais salé, désagréablement amer et couleur de cendre. Si par contre vous pensez qu’il est encore possible de laisser intactes les quelques miettes de la table, faites alors grincer votre chaise et partez, Monsieur le Président. Oh! oui, si vous décidez vraiment, avant qu’il ne soit trop tard, de ne point persister dans votre entêtement, votre ventre ne gonflera pas, tel que pressenti, le jour de votre départ forcé, ni les vers de terre ne viendront non plus labourer vos narines, parce qu’on le leur aura tout simplement demandé. Ah! l’Histoire décidera toutefois de votre sort, sans parti-pris, sans haine et sans violence. Ne jouez donc pas à qui perd gagne, Monsieur le Président… vous ne gagnerez jamais. Jamais!

(Edgard Gousse, Montréal)

NOTICE BIOGRAPHIQUE

Ancien professeur des universités, linguiste et didacticien, journaliste de formation, romancier, essayiste, critique littéraire, poète, conférencier, artiste peintre et traducteur littéraire, Edgard Gousse a beaucoup voyagé et a publié à Montréal, à Paris, à La Havane et à Santiago de Cuba. Ses trois derniers ouvrages, LES PETITES DONNEUSES (roman, février 2020, 312 pages), LE SORCIER DE LA MAISON BLANCHE (roman, décembre 2020, 728 pages) et CAPRICES DE FILLE PAR TEMPS DE PANDÉMIE (51 poèmes d’amour pour des filles de 15 ans, février 2021, 104 pages) ont paru à Montréal, aux Éditions du CIDIHCA.

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