« J’avais onze ans, je raconte ces choses à 45 ans. On avait fortement nourri mon imagination de légendes merveilleuses… » Demesvar Delorme.

Vendredi 7 mai 2021 ((rezonodwes.com))–« 1842 au Cap : tremblement de Terre« , un petit livre de Démesvar Delorme témoin du sinistre événement, est avant tout un document historique. Il s’agit d’un témoignage sur une terrible catastrophe naturelle qui a tué près de la moitié des habitants du Cap-Haïtien et détruit près de la moitié de la ville, le 7 mai 1842.

Cap-Haïtien est détruit en quelques secondes ainsi que la quasi-totalité des villes côtières du Grand-Nord incluant Port-de-Paix, Gonaives-. Le Palais Sans-Souci n’était pas épargné.

Aujourd’hui, le livre revêt une importance considérable compte tenu de la destruction et de la souffrance causées par un autre tremblement de terre en Haïti le 12 janvier 2010. « 1842 au Cap » est réapparu pour nous rappeler que ceux qui ne prêtent pas attention à l’histoire sont condamnés à la revivre une fois de plus.

Le livre de Delorme comporte également d’autres contenus qui nous intéresseront. Dans les dernières pages, Delorme parle de sa propre vie, de son éducation et de son initiation à l’âge adulte. Celles-ci nous offrent des perspectives importantes sur l’un des plus grands penseurs haïtiens du XIXe siècle.

7 mai 1842, Cap-Haitien.

La journée avait été tiède, belle, éclatante de lumière : c’était le 7 mai 1842. Le soleil avait disparu depuis quelques instants. Mais le crépuscule lumineux des Antilles l’avait remplacé, plus doux, plus pur, plus transparent que lui, écrit Demesvar Delorme, qui jouait aux billes avec son frère et ses amis. D’un coup, raconte-il, « un bruit sourd, un grondement lointain se fait entendre du côté de l’Est« .

« Le bruit devient effrayant, j’étais couché par terre, je tremblais de frayeur. Les cloches de la Cathédrale du Cap-Haitien sonnent à toute volée, en carillon », détaille Delorme dans on livre « 1842, au Cap » qui a vu s’écrouler l’Eglise coloniale, « tout cela avec un bruit sans nom« . Le spectacle du 7 mai 1842 était « épouvantable ». « La trompette de l’Ange n’y manquait pas, ni les cris de détresse ni les lamentations ».

Mes enfants, gagnez la montagne au plus vite, nous recommande le curé de la Paroisse, l’Abbé Torribio, un prêtre espagnol, se souvient Delorme décrivant l’horrible scène de fin d’après-midi du 7 mai 1842 au Cap-Haitien. « La mer montait, entrait dans la ville, noyait les malheureux que les murailles avaient épargnées« . Le sol s’était creusé en maintes endroits et chacun sentait avec horreur l’imminence d’une secousse suprême qui ouvrirait les abîmes de la terre et engloutirait la ville avec le reste de ses habitants.

« Nous allions. nous allions. La nuit venait. Surcroît d’horreur ! nous passions au milieu des cadavres, sur des cadavres, à côté des blessés qui criaient, mouraient dans les transes mêlées aux supplices ».

A ses anxiétés qui agitaient tant de malheureux, se joignaient des douleurs navrantes. Tout le monde pleurait, sanglotait, criait du matin au soir et du soir au matin. Chacun avait perdu des parents, des amis en grand nombre. Le 7 mai 1842, nous dit Demesvar Delorme, ceux-ci pleuraient leurs pères, ceux-la leurs mères. Plusieurs, le père et la mère à la fois. Pas un, pas même un seul des échappés du désastre n’avait été épargné, pas un seul qui ne portât au cœur un deuil, une détresse, une affliction, une douleur profonde, la perte cruelle d’un être aimé.

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