PHTK 2011-2021: Dix ans de gangstérisme au pouvoir en Ayiti

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par Luckson DARÉUS

Lundi 26 avril 2021 ((rezonodwes.com))– S’il est unanime de reconnaître que les phénomènes en rapport avec le sous-développement, tels que les faiblesses des pouvoirs publics, la pauvreté, l’analphabétisme, la corruption, les injustices, l’incompétence au pouvoir, l’impunité, l’insécurité des vies et des biens, pour ne citer que ceux-là, caractérisent l’histoire d’Haïti quasiment depuis 1804 jusqu’à nos jours, force est de constater qu’avec l’avènement du régime du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK) en 2011, il a été inaugurée pour longtemps la période la plus obscure, la plus infernale, la plus médiocre et la plus corrompue en matière de gouvernance dans la première République noire du monde.

« Joseph Michel Martelly était l’erreur à ne pas commettre, Jovenel Moïse était la limite à ne pas franchir », a réagi sur son compte Twitter un citoyen engagé. À elle seule, cette petite phrase résume la catastrophe socio-économique et politique, et la descente aux enfers dans lesquels est plongée Haïti au cours de la décennie 2011-2021, causées par un “cabinet” de gouvernements « PHTKistes » composé de corrompus véreux, de bandits/gangsters et d’incompétents, sinon des malpropretés politiques.

Une simple analyse du tableau des indicateurs socio-économiques et politiques du moment où Président Préval eut à céder le pouvoir en 2011 à Joseph Michel Martelly pour arriver au niveau de ce qui se dessine sous nos yeux en Haïti après 7 février 2021 – date marquant officiellement la fin du mandat constitutionnel de Jovenel Moïse qui, malgré tous ses échecs cuisants au pouvoir, a décidé d’y accrocher de facto – permet de comprendre clairement dans quel gouffre affreux ce régime a fait basculer notre chère Ayiti.

Sous la présidence de René Préval (second mandat), le taux d’inflation en glissement annuel est passé de 10.1% à 6.2% de décembre 2008 à décembre 2010. Lorsque ce dernier remet le pouvoir à Joseph Michel Martelly en mai 2011, le taux d’inflation se situait autour de 8% pour ensuite connaître rapidement son envolée.

En décembre 2011, il était déjà à 8.3% en glissement annuel pour enfin atteindre le niveau de 14.4% à la fin du mandat de Martelly en février 2016 (voir les notes de référence de la Banque de la République d’Haïti pour les années considérées ainsi que les rapports de l’Institut haïtien de Statistiques et d’Informatiques (IHSI) sur les variations de l’indice des prix à la consommation).

Sous Jovenel Moïse où la situation économique des ménages et du pays en général s’est aggravée, le taux d’inflation avait dépassé les 22% en 2020, alors que ce président faisant beaucoup de promesses fallacieuses lors de sa campagne électorale avait promis au peuple haïtien de réduire la pauvreté par le développement agricole.

En mai 2011, en fin de mandat du président Préval, le taux de change du dollar américain par rapport à la monnaie nationale était de 41 gourdes pour un (1) dollar. Tandis que, quand le président Martelly passait le pouvoir en février 2016 au gouvernement Privert, le taux de change se calculait à soixante-dix (70) gourdes pour un (1) dollar américain; tendance à la hausse de la devise étrangère qui allait plus tard chuter un peu légèrement autour de 63 ou 65 gourdes pendant la transition. Cependant, elle ne va pas s’arrêter là puisqu’on était allé à disposer plus de 120 gourdes pour la vente du dollar en 2020. Et aujourd’hui encore, malgré une certaine chute qu’a connu le coût de change en fin de l’année dernière, il repart à la hausse tandis que la population est plongée dans une pauvreté abjecte.

Parallèlement aux réalités socio-économiques misérables que vit le pays en entier, un autre phénomène monstrueux s’ajoute au quotidien des Ayïtiens: c’est le kidnapping et le pullulement des gangs dans les quartiers populaires de nos grandes villes et dans certaines régions de province, et que M. Moïse, mentant encore sur la réalité du pays et sur l’action de son gouvernement, à la tribune virtuelle des Nations-Unies réalisée sur la situation d’Ayiti, dit avoir démantelé 64 gangs sur un total de 102 opérant dans le pays.

Ce phénomène odieux d’insécurité qui bat son plein dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince portant la marque du parti des bandits légaux et des criminels d’État au pouvoir, jette dans le désarroi les familles haïtiennes, les décapitalisent, les appauvrissent au profit du clan PHTK au pouvoir. Conséquences: Ayiti est devenue sous l’ère PHTK un État anarchique, une entité chaotique ingouvernable et invivable poussant les Ayitiens comme une force mécanique à émigrer ou se réfugier davantage à l’étranger notamment en République dominicaine.

Après avoir pillé les caisses de l’État, dilapidé et volé plus de  4,5 milliards de dollars américains du fonds Petro Caribe destinés au développement du pays (fait que l’on peut qualifier de plus vaste crime financier de toute l’histoire d’Haïti; après avoir réduit à néant les institutions judiciaires pour s’assurer que l’impunité qu’ils bénéficient soit bien garantie; après avoir pollué le climat politique par leur indignité et leur venin mensonger pour empêcher qu’une solution politique soit trouvée à la crise actuelle malgré la fin du mandat du singulier président autoproclamé “apredye” (après-Dieu), voilà donc le plat-kidnapping que le régime sanguinaire PHTK nous a offert et bien desservi par-dessus la table des massacres en cascade dans les quartiers populaires de Port-au-Prince.

En conclusion, nous pensons que le moment est donc venu pour que tous les hommes et femmes d’Ayiti se rassemblent solidairement “men nan lamen”, comme le pense Jacques Roumain dans Gouverneur de la Rosée, pour faire couler l’eau de la paix et de la vie dans notre communauté.

Textes de référence pour les données statistiques :

  • Les notes mensuelles d’inflation de la Banque de la République d’Haïti de 2010 à 2016 ;
  • Statistic research department : évolution du taux de statistiques en Haïti de 2014 à 2020 ;
  • Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique : notes d’évolution des indices des prix à la consommation de 2008 à 2020.

Luckson DARÉUS
Avocat au Barreau des Gonaïves, Théologien et Professeur à l’ Université Publique du Nord-Ouest à Port-de-Paix (UPNOPP)
Email: lucksondareus0@gmail.com Phone: (+509) 3375-9133

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