Jeudi 26 janvier 2017 ([[rezonodwes.com]])– Notre pays va très mal. Nous avons au fil des ans fait de très mauvais choix politiques. Et aujourd’hui, nous payons les conséquences de nos actes. De plus, notre situation sociale se creuse progressivement. Il faut une audace chimérique pour vivre en Haïti, parce que les élites haïtiennes n’arrivent toujours pas à améliorer le sort des défavorisés, en créant des conditions de travail, des écoles appropriées, des routes adéquates ….
Dans tout le dénuement haïtien, il y a un élément à retenir. Depuis 1986, on entame des marches vers la démocratie. Et pour ce faire, on a jugé bon d’édifier une constitution en 1987, en vue d’instaurer cette démocratie. Cette constitution a permis, permet aux acteurs politiques de jouir de la libre exercice des droits et des libertés démocratiques dans le but de limiter le pouvoir du chef de l’État pour qu’il ne s’en abuse.
Pourtant, l’opposition politique n’est jamais vue comme telle. On considère les opposants politiques comme des gêneurs qui empêchent au pays de connaître des mieux êtres profitables . De là, tout projet d’opposition est voué à l’échec. Si les Francky Exius, les Bien Aimé, Jeanty, Levaillant Louis Jeune, Shadrac Dieudonné, Moise Jean Charles … ont tous échoué aux récentes élections organisées dans le pays, il y a lieu de s’appesantir beaucoup plus sur l’opposition politique haïtienne en ce qui a trait à sa mission et sa faiblesse.
L’opposition politique est la cheville ouvrière de la démocratie. Pierre Bourdieu considère qu’il n’y a pas de démocratie sans un véritable contre pouvoir critique. Ce contre pouvoir critique dont il parle est l’apanage de l’opposition politique, des médias critiques…
En vertu de cette considération, l’opposition politique haïtienne n’est pas encore arrivée à se constituer comme une véritable institution dans le but d’accomplir cette mission de contre pouvoir critique qu’on lui confère. Ce faisant, l’opinion publique est contrainte de minimiser les actions des opposants politiques qu’elle qualifie comme une bande d’arrivistes qui ne pensent qu’à s’enrichir au détriment du peuple qui n’arrête pas de s’appauvrir.
Dans cette perspective, toute dénonciation de l’opposition se voit comme une sorte de gageure. D’autant plus que cette opposition n’a pas un leadership, des gens possédant une vision claire de ce qu’ils défendent. À titre d’exemple, en 1991, l’opposition a eu gain de cause en ayant la tête du président Aristide, en 1995 René Garcia Préval est élu président, en 2004, elle obtenait encore le départ de Jean Bertrand Aristide pour l’exil, en 2006 René Préval est élu président. Dans un contexte politique défavorable au président Michel Martelly, il a réussi malgré tout à imposer son dauphin, Jovenel Moise.
Il est important , pour une critique de l’opposition politique haïtienne ,de mettre les pédales douces sur les partis politiques.
Dans les jeux démocratiques, les partis politiques jouent un rôle important dans la mesure où ils créent des adeptes pour un meilleur apprentissage de la vie politique. Il y a donc un rapport viscéral entre le parti politique et ses adeptes. Or, en Haïti, une fois élu, le parti politique n’a plus aucun droit sur ses membres.
L’élu n’est pas redevable envers son parti, mais envers lui même. C’est l’une des raisons pour lesquelles le parlementaire haïtien est toujours prêt à voter n’importe quelle loi scélérate pour les basses combines des affairistes du pays, en votant pour un Oui ou un Non par le pouvoir des mallettes.
L’autre point faible des partis politiques est qui est un obstacle au dynamisme de l’opposition politique haïtienne réside dans la manière dont ils choisissent leurs candidats. En période électorale, ils ne font que choisir (dans la majorité des cas) les candidats qui sont en posture de gagner. De ce fait, dans un tel contexte, il n’y a aucun lien entre l’élu et le parti politique. Ce dernier n’a aucun contrôle sur celui à qui il a donné sa bannière. De là vient toute l’hégémonie du chef de l’État à la monopolisation des affaires de l’État.
Dans le cadre de la construction de la démocratie à laquelle le pays aspire, il lui faut une véritable opposition. Car, toute vraie opposition a la mission de montrer du doigt les écarts de conduite des dirigeants dans le cadre de la mauvaise gestion des affaires de la cité. Pour avoir une telle opposition, il faut institutionnaliser les partis politiques, il faut accorder beaucoup plus de pouvoir aux médias critiques … Il faut aussi s’intéresser aux thèses critiques des professeurs d’université, des chercheurs….
C’est la que le rôle de l’élite intellectuelle est important, parce qu’elle peut contribuer à la formation des gens dans les partis pour une meilleure approche de la vie démocratique.
James Marc Donald ORPHÉE
Étudiant à l’IERAH / ISERSS.

