par Orphée Marc Donald, étudiant
Mardi 24 janvier 2017 ([[rezonodwes.com]])–La génération des présidents du 19 ème siècle était peu sacralisée par l’argent. Et même bien avant, on constatait la lutte forcenée et obsessionnelle en vue de la conquête du pouvoir politique mais l’argent comme finalité a été relégué au second plan. On constatait un Sudre Dartiguenave soupirant à l’hôpital général, faute de ne pas pouvoir mobiliser assez d’argent pour aller se faire soigner en terre étrangère.
Cependant, de 1971 à nos jours, l’argent devient le but suprême du politicien haïtien. Parce qu’il remplace les valeurs qui ont caractérisé la vie sociale haïtienne. Dans cette dynamique, force est de constater combien sont devenus riches les présidents haïtiens qui ont dirigé le pays de 1990 à nos jours.
En ce sens, les paroles prononcées par le président élu, Jovenel Moise ont provoqué des réactions outrées au niveau de l’opinion publique. Voulant tenir un public en haleine et pour protester contre les allégations judiciaires dont il fait l’objet, le président déclarait que » La richesse est une vertu « . Dans cette phrase, j’y repère un accroc majeur au sort de la masse et des étudiants… dont l’ amélioration de la condition de vie dépendent en partie des dirigeants politiques.
À mon avis, en prononçant une telle baliverne, le président commet deux erreurs. La première: Elle agrandi le coefficient de suspicion qui planche sur sa tête ; la seconde : elle confirme la vérité supérieure de croire que le politicien haïtien est obnubilé par l’argent.
Je ne connais pas véritablement Jovenel Moise. Je m’éloignerais de commenter la provenance de sa » Richesse ». Dans les témoignages qu’on peut lire sur sa personne, il est dit qu’il est entrepreneur, marchand de bananes, réussi. La politique et entrepreneuriat, sont-ils deux domaines incompatibles? Est ce pour la première fois qu’un homme d’affaires brigue la magistrature suprême de l’État ? Malheureusement, on ne peut répondre à ces questions sans se plonger dans un fanatisme obsessionnel et inquiétant.
Par ailleurs, je sais que dernière toute fortune il y a toujours un soupçon. La fortune de Jovenel peut paraître trop prompt. En 2011, disait- il, il faisait la queue dans tous les ministères pour trouver de l’argent pour lancer son Projet de Bananes. Comment peut il devenir riche en 2017? Toujours est -il , d’après le réflexe pavlovien de l’argent, derrière toute fortune, se cache toujours l’histoire d’un meurtre, d’un trafic, ou d’un fils vendu au diable. Cette conception de Pavlov est sujette à rendre suspect tous ceux là qui cherchent à créer des opportunités pour forger leurs destins avec honnêteté.
Je n’ai pas voté pour Jovenel Moise lors des récentes élections. Mais je sais combien l’envie de détruire une personne en Haïti peut faciliter la libre course de la délation. Sur ce, j’attends de la justice haïtienne des preuves plus ou moins solides qui puissent étayer les allégations dont on reproche le président élu. J’attends les preuves dans un autre angle qui soit ne soit pas mobilisé par la haine, la jalousie et la folle envie de détruire et je serai le premier à lui jeter la première pierre.
J’ajouterais que les paroles prononcées par le président élu méritent le détour. Parce que si La richesse est une vertu, la misère serait une fatalité. Dans un contexte de précarité économique où les gens attendent des prémisses d’un possible redressement de la barque nationale, en prononçant de tels propos, le président élu ne fait que sombrer ceux là qui attendent sous son administration des améliorations de leurs conditions de vie. Ces paroles ne font que confirmer la volonté de la classe dirigeante de tenir Haïti aux bourdes et à la merci de l’international.
Cependant, si on vote pour de l’argent ceux qui ont de l’argent, pourquoi s’indigner du baroud du président élu. Depuis quand a t-on voté pour quelqu’un pour sa vision, sa connaissance, sa moralité, son intégrité ?
James Marc Donald ORPHÉE
Étudiant à l’IERAH / ISERSS
